La prospection minière des fonds marins en passe d'être autorisée par la Norvège

Le gouvernement norvégien est parvenu à un accord avec les forces d'opposition pour autoriser l'ouverture des fonds marins à la prospection minière. Ce serait alors l'un des premiers pays au monde à user de cette pratique controversée. Les défenseurs de l'environnement sont sur le pont.
Aujourd'hui plus gros producteur d'hydrocarbures d'Europe de l'Ouest, le royaume scandinave pourrait ainsi devenir l'un des premiers pays au monde à se lancer dans cette pratique controversée.
Aujourd'hui plus gros producteur d'hydrocarbures d'Europe de l'Ouest, le royaume scandinave pourrait ainsi devenir l'un des premiers pays au monde à se lancer dans cette pratique controversée. (Crédits : AFP)

Ce serait une première. Le gouvernement de centre gauche norvégien a annoncé ce mardi un accord avec des forces d'opposition en vue d'ouvrir une partie des fonds marins du pays à la prospection minière au grand dam des défenseurs de l'environnement. Aujourd'hui plus gros producteur d'hydrocarbures d'Europe de l'Ouest, le royaume scandinave pourrait ainsi devenir l'un des premiers pays au monde à se lancer dans cette pratique controversée en raison des incertitudes autour de son impact sur les écosystèmes.

La coalition gouvernementale, dominée par les travaillistes, a proposé en juin d'explorer la possibilité d'autoriser l'extraction minière dans les fonds marins du pays, présumés riches en cuivre, cobalt, zinc et terres rares. Mais, minoritaire au Parlement, elle avait pour cela besoin de l'appui de formations de l'opposition. C'est chose faite puisque mardi, le parti conservateur et la droite populiste lui ont assuré une majorité en apportant leur soutien pour ouvrir graduellement et au prix d'exigences environnementales renforcées une zone de la mer du Groenland et de la mer de Barents dans l'Arctique.

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Mener à bien la transition en toute indépendance

Une mesure qui doit servir in fine à la transition énergétique. « Nous avons besoin de minéraux (car) nous devons mener une transition verte sous la forme de cellules et de panneaux solaires, de voitures électriques, de téléphones mobiles », a justifié la députée travailliste, Marianne Sivertsen Naess, lors d'une conférence de presse. « La Norvège pourra peut-être à l'avenir contribuer à y avoir plus largement accès sans être dépendants de pays dont il n'est peut-être pas souhaitable de dépendre totalement », a-t-elle ensuite ajouté. Le pays, attaché aux énergies renouvelables, a inauguré cet été dans ses eaux de la mer du Nord, le plus grand champ d'éoliennes flottantes au monde. Ces éoliennes fournissent en énergie... cinq plateformes pétro-gazières, assurant 35% de leurs besoins.

Les premiers projets de prospection minière devront toutefois être approuvés par le Parlement avant de pouvoir être mis en œuvre. Et pour le moment, l'exploitation sera autorisée uniquement si « les connaissances (amassées) à l'avenir montrent que cela peut être fait de manière durable et raisonnable », a précisé l'élu conservateur en charge du dossier, Bård Ludvig Thorheim.

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Un accord qui ne passe pas

Mais l'accord entre les quatre formations politiques a évidemment fait fulminer les défenseurs de l'environnement. « Nous œuvrerons pour stopper chaque projet d'exploitation minière en eaux profondes présenté au Parlement norvégien », a averti le chef de Greenpeace Norvège, Frode Pleym. « Nous n'autoriserons pas la Norvège à détruire la vie unique dans les profondeurs marines, que ce soit dans l'Arctique ou ailleurs », a-t-il dit à l'AFP.

ONG et scientifiques alertent sur la destruction d'habitats et d'espèces peut-être encore inconnues mais potentiellement majeures pour la chaîne alimentaire, le risque de perturber la capacité de l'océan à absorber le carbone émis par les activités humaines ou encore le bruit affectant des espèces comme les baleines. Une décision qui plus est à rebours d'autres États européens. Plusieurs pays, dont la France et le Royaume-Uni, se sont par exemple prononcés pour un moratoire à l'extraction minière sous-marine.

Deux ONG norvégiennes - la branche nordique de Greenpeace et Natur og Ungdom, déclinaison norvégienne des Amis de la Terre- ont encore récemment porté plainte contre l'État norvégien pour avoir autorisé de nouveaux projets pétro-gaziers en violation, selon les plaignants, de la Constitution et des engagements internationaux du pays. La justice norvégienne a alors entamé mardi dernier l'examen de la plainte. Les deux ONG réclament l'arrêt immédiat du développement des gisements.

« Nous espérons que le procès mettra la Norvège sous une pression internationale pour s'engager à sortir des énergies fossiles pendant la COP à Dubaï », a souligné le chef de Greenpeace Norvège, Frode Pleym.

Niant toute violation des droits, le gouvernement invoque notamment la nécessité de garantir l'approvisionnement énergétique de l'Europe, d'autant plus crucial que le pays est devenu le plus gros fournisseur de gaz du continent, à la place de la Russie, dans le sillage du conflit en Ukraine. En décembre 2020, dans le cadre d'une première plainte, la Cour suprême norvégienne avait débouté Greenpeace et Natur og Ungdom qui réclamaient l'annulation de l'attribution en 2016 de dix licences d'exploration pétrolière en mer de Barents, dans l'Arctique.

(Avec AFP)

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Commentaires 2
à écrit le 06/12/2023 à 8:10
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S'ils pouvaient laisser au moins ça tranquille mais non faut pas rêver la cupidité à des raisons que la raison ignore et après eux le déluge.

à écrit le 05/12/2023 à 19:22
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Abimer les fonds marins pour la transition verte. Il n'y a pas une seule partie de la planète qu'ils ne veulent pas détruire.

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