Parité dans les entreprises : la Norvège renforce ses objectifs pour 2028

Pionner en la matière, la Norvège prévoit d'accroître la parité homme-femme dans les conseils d'administration de ses moyennes et grandes entreprises. D'ici à 2028, 20.000 entreprises seraient concernées par la hausse des quotas.
Le gouvernement norvégien a décidé d'augmenter ses quotas homme-femme dans les moyennes et grandes entreprises.
Le gouvernement norvégien a décidé d'augmenter ses quotas homme-femme dans les moyennes et grandes entreprises. (Crédits : DR)

Le gouvernement norvégien a détaillé ce lundi 19 juin son projet visant à accroître la parité dans le monde des affaires. Dans les faits, il doit permettre d'étendre à environ 20.000 grandes et moyennes entreprises les quotas hommes-femmes dans les conseils d'administration d'ici 2028. En Norvège, la parité entre les hommes et les femmes n'a cessé d'augmenter ces dernières années. Toutefois, les postes à hautes responsabilités restent encore difficiles d'accès pour certaines femmes. Preuve en est, les femmes n'occupent qu'environ 20% des postes d'administrateur à ce jour dans les entreprises norvégiennes ciblées, une moindre progression par rapport aux 15% enregistrés il y a 20 ans.

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Afin de corriger le tir, l'exécutif a retenu plusieurs critères, dont celui d'un chiffre d'affaires annuel d'au moins 100 millions de couronnes, soit environ 8,7 millions d'euros. Quelque 8.200 entreprises seront concernées par la mesure l'an prochain. La barre du chiffre d'affaires et des effectifs sera ensuite abaissée d'année en année, imposant la mesure à plus de 20.000 entreprises norvégiennes en 2028.

Un pays pionner en la matière

« La Norvège est le premier pays au monde qui fait ce pas », a assuré le ministre du Commerce et de l'Industrie, Jan Christian Vestre, en détaillant le projet, dont les grandes lignes avaient été annoncées en décembre.

Le pays scandinave fait de la parité homme-femme un horizon central de sa politique avec l'ambition d'être l'exemple à suivre en Europe. Pionnier en la matière, il impose depuis 2004 à ses groupes publics et depuis 2008 aux plus grosses entreprises cotées en Bourse d'avoir au moins 40% de femmes (ou d'hommes dans les rares cas où les femmes sont sur-représentées) dans leur conseil d'administration, sous peine de devoir mettre la clé sous la porte. C'est avec le soutien des principales organisations patronales (NHO) et syndicale (LO) que le gouvernement de centre-gauche a proposé d'introduire progressivement, au fil des ans, des exigences similaires dans les autres grandes et moyennes entreprises.

« En 2023, nous avons encore des différences trop grandes dans les conseils d'administration norvégiens », a constaté Jan Christian Vestre. Parité et diversité, a-t-il fait valoir, peuvent contribuer « à plus d'innovations, un meilleur milieu professionnel, des décisions plus intelligentes et une création de valeur accrue ».

Minoritaire au Parlement, le gouvernement de centre-gauche a besoin de l'appui d'autres formations pour faire adopter son projet, lequel est donc susceptible d'être modifié.

L'Europe a du retard

La présentation du plan norvégien intervient alors que le Parlement européen a, lui, entériné l'an dernier de nouvelles règles. Elles contraignent les grandes entreprises de l'UE - dont la Norvège n'est pas membre - à réserver « au moins 40% des postes d'administrateurs non exécutifs ou 33% de tous les postes d'administrateurs » au sexe sous-représenté à compter de juillet 2026.

De son côté, la France peine à suivre l'exemple norvégien. Selon une enquête de Bpifrance publiée en décembre 2022, seuls 12% des dirigeants de petites et moyennes entreprises (PME) et d'entreprises de taille intermédiaire sont des femmes. « Ce chiffre signifie qu'il y a beaucoup d'améliorations à apporter », a déclaré Elise Tissier, directrice du Lab de Bpifrance lors d'un point presse.

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Si la loi Rixain votée en 2021 a permis des avancées dans les entreprises de plus de 1.000 salariés, la féminisation des directions dans les plus petites entreprises reste encore très balbutiante alors que les PME représentent une grande partie du tissu d'entreprises en France. Les chiffres sont encore plus maigres pour les entreprises de plus grande taille : toujours selon l'étude de Bpifrance, les femmes ne sont que 4% à diriger des entreprises de plus de 250 salariés en décembre 2022.

(Avec AFP)

Commentaires 2
à écrit le 20/06/2023 à 7:48
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Nous ne savons pas reproduire les bonnes idées, même si l'égalité forcée n'est pas une bonne idée, l'égalité stricte des salaires devrait être une priorité, regardez la Suède qui n'a pas ou peu confiné permettant ainsi de ne pas mettre ses citoyens d...

à écrit le 19/06/2023 à 17:13
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Vous obtiendrai bien la parité quand le salaire masculin se rapprochera du féminin, ne croyez pas aux augmentations ! ;-)

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