Etats-Unis : bras de fer sur le relèvement du plafond de la dette, Biden poussé à utiliser le 14e amendement

Par latribune.fr  |   |  764  mots
Joe Biden « reste confiant dans la capacité du Congrès à prendre les mesures nécessaires pour éviter un défaut de paiement », a-t-on assuré. (Crédits : LEAH MILLIS)
Le Congrès n'a toujours pas voté de relèvement du plafond de la dette américaine, les républicains espérant obtenir en échange des coupes conséquentes dans les dépenses publiques. De leur côté, certains sénateurs démocrates poussent Joe Biden à invoquer le 14e amendement de la Constitution pour émettre des emprunts d'Etat même sans vote du Congrès. Joe Biden se montre toutefois confiant sur la conclusion d'un accord, tout comme le chef de républicains au Congrès Kevin McCarthy.

Les Etats-Unis se rapprochent chaque jour un peu plus d'un défaut de paiement sur des remboursements de la dette. Le plafond de la dette fédérale pourrait, en effet, être atteint dès le 1er juin selon les prévisions du gouvernement. Un tel scénario déclencherait une tempête financière mondiale, et étranglerait la croissance comme l'emploi dans le pays.

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Pour l'éviter, le Congrès a donc l'obligation de voter le relèvement du plafond de la dette. Tout accord doit être adopté par la Chambre et par le Sénat à majorité démocrate avant la date limite, or le calendrier parlementaire est ainsi fait que les jours de sessions sont rares. Sans compter que, les républicains, majoritaires au sein du Congrès, freinent la prise de cette décision espérant négocier une contrepartie. Ils tentent, en effet, d'obtenir des coupes conséquentes dans les dépenses publiques.

Pression des Républicains pour obtenir des coupes budgétaires

D'autant que, le patron républicain de la Chambre des représentants, Kevin McCarthy a obtenu le marteau de président de l'institution en janvier dernier en promettant aux élus les plus à droite de son parti qu'il n'y aurait pas d'augmentation de la limite d'emprunt sans tailles conséquentes dans les dépenses publiques. Or ces mêmes parlementaires trumpistes, réunis au sein d'un groupe appelé le « Freedom Caucus », lui ont demandé jeudi de ne plus faire de concessions au président démocrate Joe Biden, et de défendre le projet républicain de rigueur budgétaire tel qu'il est. « Finies les discussions pour le diluer. Point final », a réclamé cette fraction sur Twitter.

De son côté, la Maison Blanche accuse les Républicains de tenir l'économie américaine « en otage », arguant que le plafond de la dette a été relevé des dizaines de fois sans négociations budgétaires. « Le Congrès ne doit pas déclencher cette crise », a ainsi répété jeudi la vice-présidente Kamala Harris, faisant valoir que ce fameux plafond d'endettement avait été relevé trois fois pendant la présidence de Donald Trump.

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Biden poussé à invoquer le 14e amendement

Joe Biden a nommé deux négociateurs spéciaux sur le dossier. Le président américain, qui participe au sommet du G7 au Japon, a par ailleurs écourté une tournée diplomatique prévue dans la foulée, afin de revenir dès dimanche à Washington, afin de superviser les discussions. Il a déjà réuni deux fois les principaux dirigeants parlementaires dans le Bureau ovale.

Il subit des pressions dans ce propre camp de certains démocrates du Sénat, emmenés par Bernie Sanders, qui le poussent à passer en force, en invoquant le 14e amendement de la Constitution, ce qui lui permettrait de continuer à émettre des emprunts d'Etat même sans vote du Congrès. Ils ont publié jeudi une lettre dénonçant les « coupes budgétaires massives » demandées par les républicains, qui « causeraient des dégâts incalculables dans la vie des travailleurs ». Estimant qu'un accord est « apparemment impossible à ce stade » au vu des exigences des conservateurs, ils « demandent instamment (à Joe Biden) de se préparer à exercer ses prérogatives au titre du 14e amendement de la Constitution ». Ce texte énonce que « la validité de la dette publique des Etats-Unis, autorisée par la loi, (...) ne doit pas être remise en question ». Y avoir recours signifierait pour Joe Biden engager une longue bataille juridique à l'issue incertaine. Jusqu'ici le président ne l'envisage pas pour résoudre la crise actuelle, mais a promis d'étudier à plus long terme la faisabilité de cette stratégie constitutionnelle.

Le patron des républicains confiant

Car le chef de l'Etat veut, pour l'instant, se montrer confiant. « Le président a demandé à son équipe de continuer à faire pression pour un accord bipartisan » et « reste confiant dans la capacité du Congrès à prendre les mesures nécessaires pour éviter un défaut de paiement » sur la dette américaine, a ainsi assuré, vendredi, un responsable de la Maison Blanche en marge du sommet du G7. « Nous n'avons encore rien convenu -mais je vois une percée par laquelle nous pourrions parvenir à un accord », avait déjà déclaré, la veille, Kevin McCarthy, jugeant « important d'essayer d'avoir un accord - surtout sur le principe - d'ici ce week-end ».