Etats-Unis : les overdoses tuent bien plus que les accidents de la route

Par Jean-Christophe Catalon  |   |  575  mots
Au total, près d'un demi-million d'Américains sont décédés des suites d'une overdose entre 2000 et 2014, selon le centre de prévention des maladies américains (CDC).
Plus de 49.700 personnes ont succombé à une overdose aux Etats-Unis en 2014. Un chiffre bien plus élevé que le nombre de morts recensés sur la route...pour la sixième année consécutive.

Les Etats-Unis font face à un problème sanitaire inquiétant. Depuis maintenant six ans (période 2008-2014 pour les dernières données disponibles), le nombre de décès des suites d'une overdose est supérieur à celui sur les routes outre-Atlantique.

Selon les derniers chiffres, l'écart est à son climax avec respectivement 49.714 décès par overdose et 32.675 morts sur les routes en 2014, selon les données de la CDC et de l'IIHS HLDI. Au total, près d'un demi-million d'Américains sont décédés des suites d'une overdose entre 2000 et 2014, selon le centre de prévention des maladies américains (CDC).

Dans six cas sur dix, ces overdoses sont dues à une prise, légale ou non, d'opioïdes. De la même famille que la morphine, ces substances sont prescrites en tant qu'anti-douleur, comme la codéine par exemple. Sur le marché noir, l'opioïde le plus connu est l'héroïne. Le nombre de décès des suites d'une overdose a quadruplé en 15 ans, portant à 78 le nombre d'Américains qui meurent chaque jour d'une consommation abusive d'opioïdes.


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99% des médecins font des prescriptions abusives

Ce phénomène résulte d'un accès facilité, voire encouragé à ces substances. En 2014, "99% des docteurs prescrivent des médicaments opioïdes hautement addictifs pour une durée supérieure aux trois jours recommandés par le CDC"selon les chiffres de la NSC, une ONG spécialisée dans la sécurité sanitaire. Ainsi, le nombre de prescriptions d'opioïdes a quadruplé depuis 1999, selon la CDC.

Encouragés dans leur consommation, les Américains finissent par avoir la main leste sur les anti-douleurs. Résultat, ils sont les premiers consommateurs mondiaux de la plupart des opioïdes, selon les chiffres de l'Organe international de contrôle des stupéfiants (OICS) affilié à l'ONU. Le chanteur Prince fait partie des victimes de ces pratiques laxistes. Le 21 avril dernier, il décède d'une overdose de Fentanyl, un opioïde soumis à prescription 100 fois plus puissant que la morphine et 50 fois plus que l'héroïne.

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Le cannabis, la solution ?

Les autorités ont pris conscience de cette problématique sanitaire. L'agence anti-drogue américaine, la DEA, a imposé une réduction de 25% de la production d'opioïdes pour 2017. Bon nombre de ces substances étant fabriquées aux Etats-Unis, par des laboratoires pharmaceutiques tels que Mylan et Johnson & Johnson.

Pourtant, une diminution brutale de la production et de l'octroi d'opioïdes peut aussi avoir des effets néfastes. Accoutumés, des patients risquent de se tourner vers le marché noir et donc l'héroïne, beaucoup plus risquée, pour combler leur manque.

La solution se trouverait-elle dans une substance de substitution ? C'est la conclusion d'une étude publiée en 2014 par des chercheurs de la Johns Hopkins Bloomberg School of Public Health. En se basant sur des données de 2009 et 2010, ils ont découvert que les Etats ayant légalisé le cannabis ont réduit de 25% en moyenne le taux annuel d'overdoses d'opioïdes, une fois l'autorisation passée, par rapport à ceux dont la législation interdit toujours la consommation de l'herbe. Aujourd'hui, le cannabis à usage médical est autorisé dans 28 Etats, dont trois nouveaux se sont joints à la liste le 8 novembre dernier.

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