Entrée de la Suède dans l’Otan : les Etats-Unis saluent le vote favorable de la Hongrie

Par latribune.fr  |   |  990  mots
Vendredi, le Premier ministre suédois, Ulf Kristersson, s'est rendu à Budapest pour y rencontrer son homologue hongrois, Viktor Orban. (Crédits : BERNADETT SZABO)
Budapest bloquait jusqu'ici l'adhésion de la Suède, dénonçant une politique de « dénigrement » menée par Stockholm à l'égard de son gouvernement. Fin janvier, la Suède avait obtenu le feu vert de la Turquie. Le Premier ministre suédois, Ulf Kristersson, a salué « un jour historique » et a assuré que « la Suède est prête à assumer ses responsabilités en matière de sécurité euro-atlantique »

[Article publié le lundi 26 février 2024 à 17H09 et mis à jour à 19H40] C'est un feu vert très attendu que vient de délivrer la Hongrie. Cette dernière a, en effet, ratifié l'adhésion de la Suède à l'Otan, ce lundi. Elle était le dernier pays à ne pas l'avoir fait, alors que la Suède avait annoncé sa candidature à l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord en mai 2022, dans la foulée de l'invasion russe de l'Ukraine, en même temps que la Finlande. Cette dernière est, elle, devenue en avril 2023, le 31e membre de l'organisation. Sa voisine sera donc le 32e.

La candidature de Stockholm a été approuvée à une écrasante majorité des députés (188 voix sur 199 sièges), après quasiment deux ans d'attente.

Quelques heures plus tard, les Etats-Unis ont salué lundi le vote du parlement hongrois. « Nous nous félicitons du vote du parlement hongrois aujourd'hui et attendons avec impatience qu'il soit finalisé » avec le dépôt des instruments de ratification aux Etats-Unis, a déclaré à la presse le porte-parole du département d'Etat, Matthew Miller.

Une politique de « dénigrement » dénoncée par Budapest

Et si le Premier ministre hongrois avait donné de longue date son soutien de principe à la candidature suédoise, il avait, jusqu'ici, traîné des pieds, dénonçant une politique de « dénigrement » menée par Stockholm à l'égard de son gouvernement, accusé de dérive autoritaire.

La Hongrie est en droit « d'exiger d'abord le respect de la Suède » avant de « se préparer à prendre une décision positive », avait ainsi déclaré l'an passé Viktor Orban.
« Les Suédois n'ont pris aucune mesure pour bâtir une relation amicale » et gagner « la confiance » de la Hongrie, avait également regretté fin janvier son chef de cabinet, Gergely Gulyas, s'étonnant que l'entrée dans l'Otan « ne soit pas une priorité » pour Stockholm.

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Vendredi, le Premier ministre suédois, Ulf Kristersson, s'est rendu à Budapest pour y rencontrer son homologue hongrois avec, pour objectif, de restaurer la confiance entre les deux pays. Fin janvier, c'est la Turquie qui avait accepté de ratifier l'adhésion de la Suède après l'avoir bloquée pendant près de deux ans.

« Un jour historique »

L'adhésion de la Suède rendra l'Alliance « plus forte », s'est réjoui le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, après l'annonce de la Hongrie ce vendredi.

« Je salue le vote du parlement hongrois ratifiant l'adhésion de la Suède à l'Otan. Maintenant que tous les Alliés l'ont approuvée, la Suède deviendra le 32e Allié de l'Otan. L'adhésion de la Suède nous rendra tous plus forts et plus en sécurité », a-t-il écrit sur X.

Le Premier ministre suédois, Ulf Kristersson, a, lui, salué « un jour historique » et a assuré que « la Suède est prête à assumer ses responsabilités en matière de sécurité euro-atlantique ». En janvier déjà, il avait affirmé que son pays était prêt à fournir des troupes aux forces de l'Otan en Lettonie.

De son côté, le chancelier allemand, Olaf Scholz, a salué dans cette décision, qui « renforce » la « sécurité de l'Europe et du monde », « une victoire pour nous tous ».

Emmanuel Macron a félicité la Suède et s'est réjoui qu'elle et la Finlande aient « rejoint notre organisation ».

Quant au Premier ministre britannique, Rishi Sunak, il a, lui aussi, salué un « jour historique ». « Nous sommes impatients de vous accueillir dans l'Otan très bientôt », a-t-il ajouté.

200 ans de non-alignement militaire

L'adhésion de la Suède à l'Otan met ainsi fin à 200 ans de non-alignement militaire pour le pays nordique. Une politique de neutralité qu'elle avait officiellement adopté après la fin des guerres napoléoniennes au XIXe siècle. Tout en restant à l'extérieur de l'Organisation, Stockholm s'était néanmoins rapproché de l'Alliance atlantique en rejoignant le Partenariat pour la paix en 1994 et le Conseil de partenariat euro-atlantique en 1997.

Mais une majorité de Suédois a longtemps été opposée à l'adhésion, vue comme un tabou par les sociaux-démocrates, principal parti suédois. L'ancien ministre de la Défense social-démocrate, Peter Hultqvist, déclarait ainsi encore à l'automne 2021 qu'il pouvait « garantir » qu'il ne participerait jamais à un processus d'adhésion.

Toutefois, l'invasion de l'Ukraine par la Russie a marqué un tournant spectaculaire conduisant au vote du Parlement, en mai 2022, et à une nette majorité en faveur d'une demande d'adhésion à l'Otan.

Et le gouvernement du 32e membre assure qu'il répondra d'ores et déjà à l'objectif de l'Otan d'atteindre 2% de son Produit intérieur brut (PIB) pour son budget défense dès 2024. La Suède a, en effet, longtemps investi massivement dans sa défense pour assumer sa neutralité avant de réduire ses dépenses après la fin de la guerre froide. Son budget défense a recommencé à augmenter en 2014 après l'annexion de la Crimée par la Russie. En 1990, ce budget représentait 2,6% du PIB, avant de se réduire jusqu'à 1,2% en 2020.

Concrètement, en combinant ses différentes branches, l'armée suédoise peut aligner quelque 50.000 soldats, dont environ la moitié sont des réservistes.

Dans les airs, elle s'appuie sur plus de 90 avions de chasse JAS 39 Gripen, du fabricant suédois Saab, et elle dispose d'une flotte de guerre en mer Baltique qui comprend plusieurs corvettes et sous-marins.

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(Avec AFP)