Après les railleries de Trump, l'Otan annonce des dépenses militaires en hausse

Ce mercredi, le secrétaire général de l'Otan doit détailler les dépenses militaires de son organisation, à l'occasion d'une réunion à Bruxelles. Jusqu'à présent, 11 pays consacraient 2% ou plus de leur PIB en dépenses militaires au sein de l'alliance. Une situation critiquée récemment par l'ancien président des Etats-Unis Donald Trump.
Selon une source de l'AFP proche de l'organisation internationale, le nombre d'Etat à dépasser les 2% de dépenses militaires devrait atteindre la vingtaine en 2024.
Selon une source de l'AFP proche de l'organisation internationale, le nombre d'Etat à dépasser les 2% de dépenses militaires devrait atteindre la vingtaine en 2024. (Crédits : PASCAL ROSSIGNOL)

[Article publié mercredi 14 février 2024 à 11h58, mis à jour à 12h26] Une annonce qui était particulièrement scrutée en raison d'un contexte géopolitique toujours marqué par la guerre en Ukraine. Ce mercredi, le secrétaire général de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (Otan) a annoncé que 18 pays membres de l'alliance, sur 31, atteindront cette année l'objectif de 2% du PIB en dépenses militaires.

« C'est un autre chiffre record », s'est félicité Jens Stoltenberg devant la presse, avant une réunion des ministres de la Défense de l'Otan à Bruxelles. Pour rappel, en 2014, seuls trois pays avaient atteint cet objectif de 2%.

« Nous faisons de réels progrès, les alliés européens dépensent plus », a par ailleurs martelé Jens. Cependant, a aussi souligné le haut cadre, « Certains alliés ont encore un long chemin à parcourir ». « Nous nous sommes mis d'accord lors du sommet (de Vilnius, en Lituanie) sur le fait que tous les alliés devraient investir 2% et que ce 2% était un minimum », a-t-il expliqué.

Critiques acerbes de Trump

Réclamée de longue date par les Etats-Unis, la nécessité d'augmenter le budget de l'Otan a récemment été rappelée de manière acerbe par l'ancien président américain et candidat à la prochaine élection présidentielle, Donald Trump.

Relatant, lors d'un meeting de campagne, une conversation qu'il aurait eue avec un chef d'État, l'ex-dirigeant a raconté : « L'un des présidents (...) s'est levé et a dit : ''Monsieur, si on ne paie pas et qu'on est attaqué par la Russie, est-ce que vous nous protégerez?''. ''Non, je ne vous protégerais pas. En fait, je les encouragerais à faire ce qu'ils veulent. Vous devez payer vos factures" ». Des propos jugés « dangereux » ou « irresponsables » par plusieurs dirigeants de l'Otan, dont le président américain Joe Biden ou le chancelier allemand Olaf Scholz.

De son côté, le Kremlin a affirmé ce mercredi qu'il n'y avait rien de neuf dans la récente saillie de l'ancien président américain Donald Trump sur l'Otan. « Rappelons que lorsqu'il était président des États-Unis, critiquer l'insuffisance des dépenses militaires des Européens dans l'Otan était l'un des principaux messages de Donald Trump », a souligné ainsi souligné ce midi le porte-parole de Vladimir Poutine, Dmitri Peskov. Avant d'ajouter : « En fait, il a répété le chiffre de 2% à diverses occasions. Il n'y a donc aucune nouveauté dans son approche du problème. »

Des dépenses pourtant en augmentation

Au-delà de leur dimension volontairement provocatrice, les propos de Donald Trump ne tiennent pas compte des efforts des alliés depuis maintenant dix ans, selon des sources de Bruxelles, interrogées par l'AFP. Selon les dernières données de l'alliance atlantique, publiées en juillet 2023, en 2023, 11 membres de l'OTAN ont atteint ou dépassé la part de 2% de leur PIB en dépenses militaires.

Une liste qui comprend les États-Unis (premiers avec 3,49% du PIB consacré), le Royaume-Uni (2,07%), la Grèce (3,01%), la Slovaquie (2,03%), l'Estonie (2,73%), la Lettonie (2,27%), la Pologne (3,90%), la Lituanie (2,54%) et la Roumanie (2,44%).

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Par ailleurs, dès l'année 2014, l'annexion de la Crimée par la Russie a incité les Européens à investir davantage dans leurs moyens de défense. Et le seuil des 2% est devenu depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie en février 2022 un plancher, et non plus un plafond de dépenses. Ce qui est un vrai changement de philosophie.

Selon Statista, qui a agrégé l'ensemble de ces données de l'Otan, « bien que l'Allemagne n'a toujours pas atteint le seuil de 2 %, elle a également significativement augmenté ses dépenses. Berlin consacrait 1,2 % de son PIB à la défense en 2018, et ce chiffre s'élevait à 1,57 %, soit plus de 68 milliards de dollars en 2023. Ce qui représente le deuxième budget le plus élevé de l'alliance ».

Quant à la France, elle se classait en 2023 au quatrième rang, avec plus de 56 milliards de dollars de dépenses militaires, alors que les États-Unis sont toujours les plus gros contributeurs de l'Otan, avec des dépenses avoisinant les 860 milliards de dollars.

Autres railleries

Quand bien même. Ces efforts des pays membres de l'alliance n'ont pas empêché Donald Trump de s'en approprier le mérite. Il y a quelques jours, ce dernier a ainsi affirmé qu'il avait au rendu l'Alliance « forte » sous son mandat présidentiel (2017-2021). « Lorsque j'ai dit aux 20 pays qui ne payaient pas leur juste part qu'ils devaient payer, sans quoi ils ne bénéficieraient pas de la protection américaine, l'argent a coulé à flots », a-t-il affirmé. « Mais maintenant que je ne suis plus là pour dire "vous devez payer", voilà qu'ils recommencent! ».

Si ses attaques contre les mauvais payeurs au sein de l'Alliance ne datent pas d'hier, ses propos ont choqué. « C'est un changement d'échelle, un alignement sur la Russie qui est dangereux », soulignait il y a peu un diplomate de l'Otan.

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Pour autant, ces paroles montrent surtout la nécessité pour les Européens  (29 pays sur 31 au sein de l'Otan) à « prendre leurs responsabilités en matière de défense », a ajouté ce diplomate. Et cette responsabilité passe aussi par l'Ukraine, autre enjeu de cette réunion ministérielle de mercredi. A noter que celle-ci se tiendra en l'absence du secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin, hospitalisé depuis plusieurs jours. Autre élément de contexte à avoir en tête : l'aide américaine de plus de 60 millions de dollars en faveur de Kiev est toujours bloquée au Congrès, en raison d'un veto d'élus républicains ralliés à Donald Trump.

L'Ukraine ne rejoindra pas l'Otan dans l'immédiat

L'Ukraine ne devrait pas recevoir d'invitation à rejoindre l'Otan lors du prochain sommet de l'Alliance atlantique début juillet à Washington, a affirmé mardi à Bruxelles l'ambassadrice américaine à l'Otan Julianne Smith.

« Je ne m'attends pas à ce que l'Alliance invite » l'Ukraine à l'occasion de ce sommet, prévu du 9 au 11 juillet, a déclaré la haute fonctionnaire américaine, lors d'un point de presse. Pour elle, le sommet de Washington devrait signaler que « l'Alliance continue à se rapprocher de l'Ukraine » et prend « des mesures concrètes » pour favoriser une future adhésion.

Actuellement, tous les pays membres de l'Otan reconnaissent que l'adhésion de l'Ukraine à l'Alliance n'est pas envisageable tant que la guerre dure. Elle serait, de fait, synonyme de conflit avec la Russie, dans la mesure où l'article 5 de l'Alliance stipule qu'une attaque contre un membre est une attaque contre tous les membres.

(Avec AFP)

Commentaires 11
à écrit le 15/02/2024 à 8:01
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Aaahhh , bientôt la guerre contre la Russie donc, comme le veulent Biden et Scholz. Trump ou pas, l'Otan est dirigée par les ricains , avec aux postes de décision des pro-americains. So, what else ?

à écrit le 14/02/2024 à 19:16
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Au lieu de faire betement la guerre, on aurait du offrir une alliance a la Russie. Comme israel- Palestine. Simplement donner les quelques fanatiques nationalistes ukrainiens et diviser le terrictoire en 2 comme la core du sud- du nord, Sans la guerr...

à écrit le 14/02/2024 à 18:45
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Bonjour, je propose au pays européens d'augmenter leur budget militaire, mais ne rien acheter au américain... Car ils est certain que en cas de guerre en Europe, nous serons seul devant la Russie... La priorité des usa s'est la Chine ... D'ailleur...

le 14/02/2024 à 20:11
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C’est l’idée. Présenter Trump comme quelqu’un de dangereux pour la France n’est pas très juste. C’est au contraire nôtre meilleur appuie face à un Scholz démonétisé. Le chancelier Scholz s’est couvert de ridicule dans ses sorties suite aux propos de ...

à écrit le 14/02/2024 à 16:08
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Si des dépenses militaires sont en hausse, la crédibilité et le patriotisme est en baisse...! ;-)

à écrit le 14/02/2024 à 15:48
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Trump, c’est le gars qui trouve comment sortir du jeu géopolitique européen tout seul, comme un grand. Tous les autres présidents américains se sont échinés à jouer les gros bras en Europe face à la Russie, qui jouait le rôle inverse. En France, nous...

le 14/02/2024 à 18:06
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L'Allemagne n'est plus une menace pour l'Europe ni pour la France. Le militarisme prussien n'est plus. Nous avons l'arme nucléaire pour faire cesser toutes velléités allemandes.

à écrit le 14/02/2024 à 12:01
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Trump, le gars qui même pas président influence les dirigeants du monde. Nos dirigeants sont tellement faibles faut dire aussi ils réclament d'être manipulés.

le 14/02/2024 à 16:12
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C'est toujours semer la division pour n'obtenir aucun consensus ! ;-)

le 14/02/2024 à 16:16
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C'est toujours semer la division pour n'obtenir aucun consensus ! ;-)

le 15/02/2024 à 8:32
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Quel consensus ? C'est certainement devenu une machine machine technocrate et rien d'autre hein. L'argent a sali la guerre qui n'est devenu plus qu'une gestion de stocks c'est lamentable.

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