G7 : 34 multinationales promettent de s'attaquer aux inégalités, les ONG sceptiques

Par Grégoire Normand  |   |  690  mots
La coalition de multinationales est présidée par Emmanuel Faber,le PDG de Danone. (Crédits : Reuters)
34 multinationales, pesant au total plus de 1.000 milliards de dollars de chiffre d'affaires annuel, ont rejoint une coalition qui vise à regrouper et renforcer les efforts déployés pour lutter contre les inégalités. Des ONG doutent de la sincérité de ces engagements.

Alors que le sommet international présidé par la France se termine ce lundi 26 août, 34 multinationales qui emploient plus de trois millions de personnes et réalisent un chiffre d'affaires de plus 1.000 milliards de dollars ont signé une déclaration dans laquelle elles s'engagent "à prendre des mesures concrètes pour veiller à ce que les fruits de la croissance économique soient plus largement partagés". Au moment où la mondialisation est largement contestée et que les mouvements populistes gagnent du terrain, les grandes entreprises tentent de redorer leur image. À moins de 48 heures de l'université du Medef qui doit se tenir à l'hippodrome de Longchamp, le patronat avance ses pions.

"Dans beaucoup des pays du G7, l'effritement des classes moyennes, qui sont la fondation de l'économie de marché, doit être une alerte car il est démontré qu'au delà d'un certain seuil, les inégalités pèsent sur l'économie", indique Emmanuel Faber,le PDG de Danone, cité dans un communiqué jeudi soir. Ce n'est donc pas "une question d'idéologie", mais "de réalisme", qui "appelle à une action collective et inclusive, de la part des gouvernements et des entreprises", explique-t-il. Derrière cette exercice de communication, la réalité est parfois plus complexe rappellent certaines ONG qui mettent parfois en doute l'engagement de ces groupes.

Un programme sur trois ans

Lors d'une réunion au palais de l'Elysée vendredi dernier, plusieurs dirigeants d'entreprises sont venus présenter l'initiative "business for inclusive growth" devant le chef d'Etat Emmanuel Macron. Présidée par le groupe Danone, cette coalition doit développer un programme sur trois ans coordonné par l'organisation de coopération et de développement économique (OCDE). Selon le communiqué diffusé par l'institution internationale basée à  Paris, trois objectifs doivent être poursuivis dans les années à venir :

- Développer les débouchés offerts aux populations défavorisées et sous-représentées au moyen de programmes de formation et de reconversion.

- Promouvoir la diversité au sein des conseils d'administration et des organes de direction des entreprises.

-  Lutter contre les inégalités dans les chaînes d'approvisionnement.

Outre ces priorités, l'OCDE a précisé qu'elle allait mettre en place un incubateur de projets public-privé. "Il permettra aux entreprises d'accéder aux dernières recherches sur l'action publique, afin de les aider à lancer et développer des projets, à réaliser des évaluations d'impact", explique l'institution planétaire. Cette structure devrait être à la fois financée par les pays du G7 réunis sur la côte basque et des bailleurs de fonds privés. Dans un communiqué publié ce week-end, le groupe BPCE (*), qui se revendique "leader du microcrédit personnel et professionnel en France", a précisé qu'il rejoignait ce collectifs d'entreprises. Parmi les autres groupes figurent des mastodontes de la banque et de la finance internationale (Goldman Sachs) ou de la chimie (BASF). 

La transparence sur les écarts de salaires réclamée par les ONG

Après cette prise de position des grands groupes, quelques organisations non-gouvernementales n'ont pas tardé à réagir pour réclamer notamment plus de transparence sur les salaires dans les entreprises. Le bureau français de l'ONG Oxfam a notamment appelé ce lundi matin le président français à concrétiser ses paroles.

"Assez tergiversé, nous ne pouvons pas tout le temps prendre pour excuse l'inaction de nos partenaires. Emmanuel Macron doit enfin traduire ses discours en actes et prendre des mesures fortes pour lutter contre les inégalités en France : dès la fin de cette année, il faut établir la transparence sur les écarts de salaires, mettre en place une nouvelle fiscalité sur la fortune des plus riches". Sa directrice Cécile Duflot a notamment rappelé que "les écarts de salaires dans les grandes entreprises sont de plus en plus vertigineux".

(*) Parmi les autres signataires figurent Accenture, Agropur, AXA, BASF, BNP Paribas, CareCentrix, Cogeco, Crédit Agricole, Danone, Edelman, Engie, GINgroup, Goldman Sachs, Henkel, Ingka Group, JPMorgan, Keurig Dr Pepper, Johnson&Johnson, Kering, Legal&General, L'Oréal, Mars, Renault, Ricoh, Schneider Electric, Sodexo, Suez, TIAA, Unilever, Veolia, Virgin et Ylva.