Janet Yellen n'exclut pas une hausse des taux d'intérêt pour éviter la surchauffe

Par AFP  |   |  591  mots
(Crédits : Christopher Aluka Berry)
« Ce n'est pas une prédiction, ni une recommandation », a assuré la secrétaire au Trésor. Mais les inquiétudes persistent sur une inflation trop élevée, alimentées par le plan d'urgence de près de 2.000 milliards de dollars, et par les deux plans d'investissements présentés par Joe Biden.

Les taux d'intérêt aux Etats-Unis devront sans doute être un peu relevés pour éviter une surchauffe de l'économie liée aux plans d'investissements présentés par Joe Biden, a estimé mardi la secrétaire au Trésor Janet Yellen.

Il est possible "qu'il faille augmenter quelque peu les taux d'intérêt pour s'assurer que notre économie ne surchauffe pas, même si les dépenses supplémentaires (liées aux plans d'investissements) sont relativement faibles par rapport à la taille de l'économie", a-t-elle souligné lors d'un événement organisé par le média The Atlantic.

Les taux d'intérêt sont fixés par la Banque centrale américaine (Fed), qui les avait abaissés dans une fourchette de 0 à 0,25% en mars 2020 pour soutenir l'économie face aux risques liés à la pandémie.

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Les liaisons entre la Fed et le pouvoir politique

Le commentaire de Janet Yellen a surpris car cette ancienne présidente de la Fed connaît l'importance conférée à l'indépendance de l'institution vis-à-vis du pouvoir politique.

"Ce n'est pas une prédiction, ni une recommandation", a-t-elle précisé plus tard, lors d'un événement distinct organisé par le Wall Street Journal, assurant qu'elle accordait elle-même de l'importance à cette indépendance.

Le président de la Fed Jerome Powell martèle, lui, qu'il est encore trop tôt pour penser à relever les taux.

Le spectre de l'inflation

Mais des inquiétudes demeurent sur une inflation trop élevée, alimentées par le plan d'urgence de près de 2.000 milliards de dollars voté en mars, et par les deux plans d'investissements présentés par Joe Biden, pour un total de plus de 3.800 milliards de dollars sur 10 ans.

"Ce sont des investissements dont notre économie a besoin pour être compétitive et productive", avait argué Mme Yellen vendredi.

Selon elle, cette inflation - en mars à 2,3% sur un an, soit plus que les 2% ciblés par la Fed - est temporaire, avec une "pression sur les prix" pendant "six mois environ", liée aux embouteillages dans les usines et les transports face à la forte demande, et aux effets de comparaison avec 2020, lorsque les prix avaient baissé.

Joe Biden a récemment présenté deux plans distincts: un "projet pour les familles américaines" de 1.800 milliards de dollars sur 10 ans, et un plan d'investissements dans les infrastructures, de 2.000 milliards de dollars sur huit ans.

Ces investissements doivent être financés notamment par des hausses d'impôts pour les grosses entreprises et sur les Américains les plus riches.

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Janet Yellen a fait état d'estimations selon lesquelles "l'écart" entre ce que le gouvernement perçoit réellement en impôts et ce qu'il pourrait percevoir si tout le monde payait les impôts dus s'élève "à plus de 7.000 milliards de dollars sur une décennie".

L'objectif est de "combler cet écart", a-t-elle souligné.

Toutes ces mesures ne sont cependant pas près d'être adoptées, en raison des divergences au Congrès.

Selon la ministre de l'économie, les Etats-Unis pourraient renouer dès 2022 avec le plein emploi.

Le taux de chômage d'avril sera annoncé vendredi: près d'un million de créations d'emplois sont attendues sur le mois.

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