Du jamais vu depuis quarante ans. Les États-Unis pourraient connaître une croissance - ajustée à l'inflation - de 7% en 2021, soit son rythme le plus rapide depuis le début des années 1980 sous les mandats de Ronald Reagan, a annoncé lundi la Réserve américaine de New York (Fed).
"Avec des conditions financières accommodantes, un soutien budgétaire solide et les vaccinations, je pense que le taux de croissance économique de cette année sera le plus rapide que nous ayons connu depuis le début des années 80", a anticipé John Williams, le président de la Fed de New York, lors d'un discours par visio-conférence.
Un optimisme qui va de paire avec une campagne de vaccination menée tambours battants, dans un pays où les vaccins Pfizer, Moderna et Johnson & Johnson sont disponibles en supermarché dans certains cas. Aussi, les États-Unis vont bientôt passer le cap des 50% de sa population ayant reçu au moins une dose (44% à date, selon les données Our World in Data) - dont 32% ayant reçu les deux doses, contre, par comparaison, 9,8% en France.
D'ores et déjà, le PIB a enregistré au premier trimestre une hausse de 6,4% en rythme annualisé, une mesure qui permet de projeter la croissance annuelle si le rythme se maintient. Or, celui-ci devrait s'accélérer au deuxième trimestre.
Une inflation prête à refluer après les réouvertures
Par ailleurs, alors que certaines craintes persistent quant à une trop forte hausse des prix, le président de l'antenne new-yorkaise de la Banque centrale a également jugé "important de ne pas surréagir à (la) volatilité des prix résultant des circonstances uniques de la pandémie".
L'inflation sur un an a atteint 2,3% en mars, selon l'indice PCE, dépassant l'objectif de 2% de la Banque centrale américaine. Mais pour John Williams, il vaut mieux "rester concentrés sur la tendance" de la courbe des prix.
Or, celle-ci ne devrait pas continuer trop longtemps à grimper ainsi: "je m'attends à ce qu'une fois que les inversions de prix (qui repartent à la hausse après la baisse du début de la pandémie, NDLR) et les déséquilibres à court terme dus à la réouverture de l'économie se seront produits, l'inflation revienne à environ 2% l'année prochaine", a-t-il souligné.
Pour autant, il a rappelé que l'économie a encore "un long chemin à faire avant d'atteindre une reprise économique complète et solide".
Le retour immédiat de la vie d'avant en Floride
Mais pour l'heure, aux États-Unis, après la vaccination, c'est la course à la croissance qui est menée avec la levée des restrictions. En Floride, troisième État le plus peuplé du pays avec 21,5 millions d'habitants, les restrictions liées au Covid-19 font désormais partie du passé. Ron DeSantis, le gouverneur de l'État, a levé ce lundi, avec effet immédiat, toutes les restrictions.
Il a ainsi promulgué une loi mettant fin à l'état d'urgence au 1er juillet dans cet État du sud-est des États-Unis, et a ensuite signé un décret avançant l'entrée en vigueur de cette mesure à ce lundi 3 mai.
Là-bas, près de 9 millions de personnes, soit 41,9% ont reçu au moins une dose d'un vaccin, selon les autorités de santé américaines. La vaccination a été ouverte vendredi en Floride à toutes les personnes de 16 ans et plus, sans avoir à présenter de justificatif de domiciliation dans cet Etat, contrairement à ce qui était le cas depuis janvier face à une forte demande.
Cela a permis de vacciner des migrants sans papiers et conduit à ce qui a été baptisé le "tourisme vaccinal".
New York rouvre son métro 24h/24 pour redémarrer
Même détente à New York où un nouveau pas vers le retour à la normale a été franchi. le gouverneur Andrew Cuomo a annoncé une réouverture du métro 24H/24 le 17 mai et une levée des restrictions chiffrées de capacité imposées aux commerces et lieux culturels le 19 mai.
"A partir du 19 mai, la plupart des restrictions de capacité prendront fin", notamment dans les "magasins, cinémas, restaurants, musées", qui oscillent aujourd'hui entre 33% et 75%, a annoncé lundi le gouverneur de l'Etat lors d'un point presse.
Leur capacité d'accueil restera cependant limitée par l'espace disponible, puisque la consigne fédérale de distanciation sociale de six pieds (environ 2 mètres) continuera elle à s'appliquer. Il n'a pas précisé comment l'Etat vérifierait si elle était respectée.
Les défis qui perdurent après le Covid
Dans ce contexte de confiance, la Fed de la Big Apple n'en reste pas moins prudente : "n'oublions pas qu'il y a environ 8,5 millions d'emplois de moins aujourd'hui qu'avant la pandémie", a relevé son directeur.
De même, le président de la Fed, Jerome Powell, a, dans une intervention distincte lundi, alerté sur les inégalités qui ont été exacerbées avec la pandémie, alors que même la reprise économique "est plus lente pour (les travailleurs) qui occupent les emplois les moins bien payés".
Le sujet préoccupe la Fed car "ces disparités de longue date (...) pèsent sur la capacité de production de notre économie. Nous n'atteindrons notre plein potentiel que lorsque chacun pourra contribuer et partager les avantages de la prospérité".