L'ex-directeur du FBI dresse un réquisitoire implacable contre Trump

Par Grégoire Normand  |   |  754  mots
James Comey lors de son audition devant le comité de renseignement du sénat le jeudi 8 juin.
L'ancien directeur du FBI James Comey, évincé en mai dernier, a tenu des propos très critiques à l'encontre de Donald Trump lors de son audition devant la commission de renseignement du sénat. En réponse, le président américain a qualifié M.Comey de "fuiteur". Son avocat pourrait engager une poursuite judiciaire à l'encontre de l'ex-patron de la police fédérale.

James Comey n'a pas fait preuve de tendresse à l'égard de son ancien patron. Lors de l'audition très attendue devant la commission du renseignement du sénat ce jeudi 8 juin, l'ex-directeur du FBI a livré un véritable réquisitoire contre Donald Trump. Même si l'ancien patron de la police fédérale n'a fait aucune nouvelle révélation, sa prestation a été suivie par plus de 26 millions de personnes.

Trump critiqué pour ses mensonges et ses calomnies

James Comey a rapporté très précisément devant les sénateurs l'ensemble des conversations qu'il a eues avec le président depuis son investiture au mois de janvier. Il avait déjà livré par écrit quelques heures auparavant l'ensemble de ces rencontres dans un document mis en ligne par le sénat. Il a affirmé avoir considéré ces entretiens comme "une tentative de déstabilisation" de l'enquête menée par le FBI sur de probables collusions entre son équipe de campagne et la Russie.

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L'ancien directeur de l'agence fédérale a également parlé de "mensonges, purs et simples" et également de "diffamation" à propos des commentaires de Trump juste après son limogeage survenu en mai dernier. Le milliardaire avait affirmé que le FBI était dans la tourmente à cause du manque de confiance entre son personnel et le directeur. Dans une lettre adressée aux médias américains, la Maison-Blanche avait justifié officiellement le limogeage de James Comey pour "restaurer la confiance du public pour le FBI".

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"Bien que la loi ne mentionne aucune raison particulière pour renvoyer le directeur du FBI, l'administration a alors choisi de me calomnier et, plus important, (de calomnier) le FBI en disant que cette organisation était désorganisée, que le personnel avait perdu confiance en son dirigeant" a déclaré M.Comey d'après des propos rapportés par RFI.

Comey qualifié de fuiteur par Trump

Si les avocats de Donald Trump ont réussi à convaincre le chef de l'Etat de ne peut utiliser Twitter pendant l'audition de 2h30, ce dernier n'a pas pu s'empêcher de réagir ce vendredi matin sur le réseau social. L'ancien présentateur de téléréalité a qualifé Comey de "fuiteur".

"Malgré plusieurs déclarations erronées et des mensonges, c'est une complète et totale vengeance.. et Wow, Comey est un fuiteur !"

Le New-Yorkais voulait ici faire référence au neuf conversations consignées par James Comey et qui ont fuité dans la presse américaine. "J'ai demandé à l'un de mes amis de remettre le contenu de mes notes à un journaliste. Je ne l'ai pas fait moi-même pour différentes raisons, mais je l'ai fait parce que je pensais que cela pousserait à la nomination d'un procureur spécial," a affirmé M.Comey lors de son audition. Et effectivement, seulement quelques jours après des révélations du New York Times au mois de mai dernier, l'ancien directeur du FBI Robert Mueller a été nommé procureur spécial pour mener les investigations sur les liens entre la Russie et l'équipe de campagne de Donald Trump.

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L'avocat personnel de Donald Trump Marc Kasowitz a donné une conférence de presse au club de la presse nationale à Washington juste après le témoignage de James Comey. (Crédits : REUTERS/Yuri Gripas).

Mais toutes ces fuites n'ont visiblement pas plu au magnat de l'immobilier et à ses proches. Dès jeudi soir, son avocat Marc Kasowitz a critiqué le fait que James Comey ait révélé le contenu des conversations privées entre lui et le président. Et d'après CNN, le juriste pourrait, avec l'inspecteur général du département de la Justice et le comité judiciaire du Sénat, déposer une plainte à l'encontre de James Comey. Si la démarche est loin d'être confirmée, les sources interrogées par la télévision américaine affirment que les avocats explorent toutes les options. Cette stratégie pour discréditer les propos de Comey pourrait se retourner contre le chef d'Etat américain si elle n'aboutit pas.