Le logo des renseignements ukrainiens a de quoi déplaire à Moscou

Par Jean-Christophe Catalon  |   |  523  mots
Le 19 octobre dernier, Vladimir Poutine et Petro Porochenko sont invités à Berlin pour un nouveau sommet à l'initiative de la chancelière et du président français, sans résultats.
Ce blason multiplie les symboles anti-russes et entretient la rivalité entre les deux pays, alors qu'aucune porte de sortie n'a été trouvée lors du dernier sommet, à Berlin, le 19 octobre.

Les relations entre l'Ukraine et la Russie ne sont pas près de se réchauffer. La semaine passée, le président Petro Porochenko a présenté le nouveau chef de la direction des renseignements du ministère de la Défense (GUR-MOU), Vasyl Burba. Si l'événement a fait parler de lui, c'est moins pour la nomination que pour le logo des services de renseignements, affiché en grand derrière le chef de l'État.

Déjà visible dans une vidéo de 2015 du ministère, ce blason multiplie les symboles anti-russes :

  • La Russie est coloriée et menacée par un glaive. De la CIA américaine à la DGSE française, en passant par le GRU russe, tous affichent un symbole international neutre.
  • Le hibou : le choix du volatile n'est pas anodin. Le blason du GRU russe arbore une chauve-souris, animal dont l'un des prédateurs naturels est... le hibou.
  • La devise : "sapiens dominabitur astris", locution latine signifiant "le sage dominera les astres", une pique envers celle de son homologue russe : "au-dessus de nous - que des étoiles".

(Crédits : capture d'écran Youtube/ministère de la Défense de l'Ukraine)

La chauve-souris, emblème des services de renseignements russes (GRU). (Crédits : Reuters/Itar Tass)

Réactions à Moscou

À Moscou, le message n'est pas passé inaperçu. Plusieurs officiels ont exprimé leur mécontentement rapporte Ukraine Today. Le vice-Premier ministre Dmitri Rogozine s'est notamment exprimé sur Twitter, où il qualifie le nouvel emblème d'"idiot" et a comparé l'annotation "Ukraine avant tout" au premier couplet de l'hymne national allemand ("Deutschland über alles"), communément associé à l'Allemagne nazie.

Sur les réseaux sociaux, l'emblème ukrainien a été décrié côté russe, certains l'ont assimilé à un personnage de dessin-animé, beaucoup se sont amusés à le détourner.

La résolution du conflit en panne

Ce blason symbolise l'affrontement direct entre les deux pays depuis le soulèvement de la place Maïdan et l'annexion de la Crimée par Moscou en mars 2014. L'Ukraine se déchire toujours entre pros et anti-Russes, l'ONU a recensé plus de 9.000 morts et 21.000 blessés depuis le début du conflit jusqu'en mars 2016.

Un premier cessez-le-feu est tenté le 5 septembre 2014, après la signature d'une trêve à Minsk (Bélarus) entre le pouvoir ukrainien et les rebelles pro-russes. Les combats reprennent rapidement. Engagés par François Hollande et Angela Merkel début 2015, les accords de Minsk 2 se sont également soldés par un échec.

Le 19 octobre dernier, Vladimir Poutine et Petro Porochenko sont invités à Berlin pour un nouveau sommet à l'initiative de la chancelière et du président français. Sans résultats, si ce n'est que les chefs d'État russes et ukrainiens se sont fixés l'objectif d'approuver une feuille de route d'ici la fin du mois de novembre.