« Les Ukrainiens ne manquent pas de courage, ils manquent de munitions » : le patron de l'Otan appelle les Etats membres à fournir plus d'aide

Par latribune.fr  |   |  868  mots
Le secrétaire général de l'Alliance atlantique, Jens Stoltenberg. (Crédits : EVELYN HOCKSTEIN)
Le secrétaire général de l'Otan réclame plus de munitions pour l'Ukraine. Cette dernière est en manque criant d'effectifs et de matériels alors que la Russie, elle, gagne du terrain.

« Les Ukrainiens ne manquent pas de courage, ils manquent de munitions ». C'est ce qu'a martelé ce jeudi lors d'une conférence de presse à Bruxelles, le secrétaire général de l'Alliance atlantique, Jens Stoltenberg. Et cela a des « conséquences tous les jours sur le champ de bataille », a-t-il averti.

« C'est un défi énorme et c'est l'une des raisons pour laquelle les Russes ont été capables de quelques avancées sur le champ de bataille », a-t-il ajouté.

Car après un peu plus de deux ans de guerre, l'armée ukrainienne est en manque d'effectifs et réclame des munitions et des systèmes de défense aérienne pour contenir une armée russe à l'offensive. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait ainsi déjà exhorté fin février ses alliés occidentaux à livrer leur aide militaire à « temps » à son pays.

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Crainte d'une défaite

Les craintes d'une défaite de l'Ukraine face à la Russie, faute d'armements suffisants, ont en plus grandi ces dernières semaines, après plusieurs avancées des forces russes sur le champ de bataille. Le renseignement américain a même averti lundi que « la dynamique est en train de changer de plus en plus en faveur de Moscou ».

« L'Ukraine n'est pas à court de courage et de ténacité, elle est à court de munitions. Et nous commençons à manquer de temps pour les aider », avait également alerté le directeur de la CIA, Bill Burns.

Les Russes, quant à eux, ont développé leur économie de guerre. Ainsi, d'après un document du ministère des Finances consulté fin septembre dernier par l'AFP, les dépenses de Défense vont ainsi augmenter de 68% en 2024 par rapport à 2023 et atteindre 10.800 milliards de roubles (environ 106 milliards d'euros). Au global, la somme allouée à la Défense va représenter environ 30% des dépenses fédérales en 2024 et 6% du PIB, une première dans l'histoire moderne de la Russie.

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Manque d'aides

Le problème, ce n'est pas le manque de capacités dans les industries de défense, c'est une question de « volonté politique » nécessaire pour « prendre les décisions et donner la priorité à notre soutien à l'Ukraine », a encore clamé Stoltenberg, qui ne cesse d'exhorter les Alliés à en faire plus pour l'Ukraine. Avant d'ajouter : « Les Etats-Unis, le Canada et l'Europe doivent faire plus et nous avons besoin d'engagements à long terme », a encore clamé Stoltenberg.

Il faut dire que les Occidentaux se sont montrés de plus en plus divisés sur la question de l'aide à accorder à l'Ukraine. En effet, une aide américaine d'un montant de plus de 60 milliards d'euros est toujours bloquée au Congrès. Approuvé mi-février par le Sénat, l'adoption finale du texte est toujours suspendue au bon vouloir des partisans de Donald Trump à la Chambre, qui refusent en l'état d'examiner le texte. Et en pleine année électorale aux Etats-Unis, la question s'est transformée en bras de fer entre Joe Biden et son prédécesseur.

La Maison Blanche a toutefois annoncé mardi une aide de 300 millions de dollars (274 millions d'euros) pour l'Ukraine. Elle comprend notamment des missiles antiaériens, des munitions et des obus d'artillerie. « C'est une aide relativement modeste, destinée à donner à l'Ukraine le minimum nécessaire pour une courte période », a indiqué un haut responsable américain.

Outre-Atlantique, les Européens ont trouvé mercredi un accord pour ajouter cinq milliards d'euros à un fonds d'aide militaire à l'Ukraine. Au total, l'UE et ses Etats membres ont déjà consacré quelque 28 milliards d'euros en aide militaire à l'Ukraine, depuis l'invasion de ce pays par la Russie le 24 février 2022. L'UE avait également promis l'an dernier de fournir un million d'obus à l'Ukraine d'ici la fin mars, mais les responsables européens ont reconnu que cet objectif ne serait pas atteint. Ils ont toutefois assuré qu'il le serait d'ici la fin de l'année.

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Augmenter les budgets

De son côté, la Pologne, l'un des plus fidèles alliés de Kiev, a exhorté à plusieurs reprises ses partenaires occidentaux à augmenter leurs dépenses en matière d'aide militaire pour contrer l'invasion russe. Avant de se rendre aux Etats-Unis pour rencontrer Joe Biden, le président polonais a déclaré qu'il allait proposer aux membres de l'Alliance de l'Atlantique Nord de consacrer non pas 2% de leur PIB à leur budget défense comme c'est le cas aujourd'hui, mais 3%. Varsovie consacre actuellement 4% de son PIB aux dépenses liées au renforcement de ses systèmes de défense, soit le double de ce que demande l'Otan à ses membres.

Un effort très important alors que certains membres n'ont toujours pas atteint la cible des 2%. Pour rappel, dix-huit pays de l'Otan sur 31 atteindront cette année cet objectif, avait annoncé mi-février le secrétaire général de l'Alliance Jens Stoltenberg, quelques jours après les attaques de Donald Trump contre les mauvais payeurs en Europe. Un chiffre record. En 2014, seuls trois pays avaient atteint cet objectif de 2%.

(Avec AFP)