Ukraine : à situation désespérée, soutien démesuré ?

Une vingtaine de chefs d’État et de gouvernement, en majorité européens, se réunissent ce lundi à Paris pour « faire davantage et mieux » pour l'Ukraine, en situation très difficile après plus de deux ans d'une guerre face à Moscou.
Michel Cabirol
La moitié des armes occidentales promises à Kiev sont livrées avec du retard, selon le ministre ukrainien de la Défense, Roustem Oumerov. Ce qui ne serait pas le cas du système d'artillerie français Caesar.
La moitié des armes occidentales promises à Kiev sont livrées avec du retard, selon le ministre ukrainien de la Défense, Roustem Oumerov. Ce qui ne serait pas le cas du système d'artillerie français Caesar. (Crédits : VIACHESLAV RATYNSKYI)

La mobilisation... ou la défaite de l'Ukraine et, par ricochet, celle de l'Occident deux ans après le début de la guerre menée par la Russie. Emmanuel Macron a tenu à saisir le momentum pour organiser ce lundi une réunion au « caractère exceptionnel », à laquelle plus d'une vingtaine de chefs d'État et de gouvernement ou leurs représentants ministériels seront présents. « Je souligne ce mot véritablement exceptionnel dans un contexte qui est de très haute volatilité et d'inquiétude aussi pour la suite de la guerre en Ukraine », souligne-t-on à l'Élysée.

Interrogé sur l'éventualité d'une défaite de Kiev, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a répondu que « la question de savoir si l'Ukraine perdra, si la situation sera très difficile et s'il y aura un grand nombre de victimes dépend de vous, de nos partenaires, du monde occidental ».

Dans une situation compliquée sur le plan opérationnel, Kiev, qui manque d'hommes et d'armes, notamment de munitions, a besoin d'un soutien très important de la part de ses alliés occidentaux, dont l'Europe. Les forces armées ukrainiennes consomment 5.000 obus environ par jour, le groupe français Nexter par exemple ne produit que 20.000 obus de 155 mm par an. « Cette réunion est exceptionnelle au sens où elle vise à remobiliser et examiner tous les moyens de soutenir l'Ukraine efficacement », explique-t-on à l'Élysée. Cette réunion a « pour objectif très clair d'envoyer le signal de notre détermination (face à la Russie, ndlr) et aussi de pouvoir prendre des dispositions opérationnelles dans l'unité et dans l'action », précise-t-on.

Une aide pas la hauteur des enjeux

La victoire face à la Russie « dépend de vous », a également lancé dimanche Volodymyr Zelensky à ses alliés occidentaux dont il attend armes et munitions. À l'occasion de sa visite en France, Paris et Kiev se sont mis d'accord sur un paquet d'aides bilatérales, qui prévoit jusqu'à trois milliards de soutiens français à l'Ukraine en 2024, qui font suite aux 2,1 milliards déjà dépensés en 2023 et au 1,7 milliard en 2022. Pour sa part, la Suède a récemment annoncé une nouvelle aide militaire record à l'Ukraine sous forme d'équipements d'un montant d'environ 633 millions d'euros. Pour sa part, l'Allemagne a annoncé mettre à disposition 8 milliards d'euros en 2024 pour
l'Ukraine.

C'est à la fois beaucoup pour un pays comme la France dans une situation financière compliquée ou encore la Suède et finalement très peu à l'échelle des besoins opérationnels de l'Ukraine en guerre. « Nous sommes déterminés, nous sommes motivés et nous sommes engagés pour la victoire de l'Ukraine, pour que la Russie ne gagne pas cette guerre et pour que la sécurité et la stabilité de l'Europe ne souffrent pas davantage de l'agressivité de la Russie », assure-t-on à l'Élysée. Mais Kiev attend aussi et surtout désespérément l'aide américaine de 60 milliards de dollars promise par l'administration Biden mais bloquée par les Républicains au Congrès.

Des armes livrées en retard

Selon l'Élysée, « compte tenu de cette nécessité pour l'Ukraine, pour nous-mêmes, pour la stabilité et la sécurité en Europe, mais je dirais au-delà pour la stabilité de l'ordre international, nous devons examiner les moyens de faire plus et de faire mieux ensemble ». Il y a urgence. D'autant que « le contexte est difficile : c'est celui d'une dureté constatée sur le terrain, c'est celui aussi d'un durcissement de l'attitude de la Russie à l'égard de l'Ukraine et à l'égard des partenaires de l'Ukraine », explique-t-on à la présidence de la République. En outre, la moitié des armes occidentales promises à Kiev sont livrées avec du retard, selon le ministre ukrainien de la Défense, Roustem Oumerov.

« Nous, nous savons que les équipements que nous livrons à l'Ukraine sont particulièrement performants, qu'il s'agisse des canons Caesar qui sont déployés sur le terrain, à l'inverse de certains matériels plus lourds qui, eux, coûtent plus cher mais ne sont pas sur le terrain, ou comme les missiles Scalp avec des frappes dans la profondeur qui sont aujourd'hui des armes très efficaces, et nécessaires aux Ukrainiens. C'est cela que nous livrons et que, par exemple, l'Allemagne ne livre pas », a-t-on expliqué à l'Élysée en réponse à une journaliste allemande, qui s'étonnait qu'une telle réunion se tienne à Paris, et non à Berlin, qui est le premier fournisseur d'armes européen à l'Ukraine.

A l'Élysée, on compte sur un renforcement de l'aide dans la cyber, la défense aérienne, le déminage. Les alliés de l'Ukraine vont envoyer des matériels très sophistiqués qui vont bientôt arriver en Ukraine, notamment des avions de combat, de matériels d'artillerie, de drones, etc... Pour autant, cette réunion ne devrait pas l'occasion de nouvelles annonces d'équipements militaires. « Ce n'est pas l'objet de la réunion », assure-t-on à l'Élysée, qui estime que « quelles que soient nos différentes sensibilités ou les enjeux intérieurs, nous puissions nous mobiliser à la hauteur du défi en Ukraine ».

Michel Cabirol
Commentaires 23
à écrit le 27/02/2024 à 11:03
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Que de commentaires avises et d'une qualite indeniable. De vrais strateges du claviers, des franchouillards surs d'eux.

le 27/02/2024 à 16:39
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@matins calmes: Cette critique aurait gagnée en crédibilité si elle était issue d'une personne capable au niveau de raisonnement logique et de connaissance des sujets. Mais c'est pas le cas, dommage.

à écrit le 26/02/2024 à 21:24
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La situation est dure, les russes envoient leurs troupes au suicide car les despotes ne se soucient pas des vies humaines, voir navalny, il faut tenir...je suis pour l'envoi de troupes pour proteger nos democraties. Les USA vont nous lacher...trump, ...

le 27/02/2024 à 13:09
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combien de francais doivent servir comme engrais en terre d'ukraine pour m macron et combien de nouveau francais veut il pour le remplacement et oui ces gens ne pourons jamais avoir un droit de vote car il serons considere commeau moyen age les s...

à écrit le 26/02/2024 à 17:04
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La Russie considère l'Ukraine comme sa chasse gardée et est déterminée à la garder dans son giron.Il faut se rappeler les menaces de Poutine juste avant l'invasion. Et même si la Russie commet une faute morale lourde, l'option qui paraissait la plus ...

le 26/02/2024 à 19:32
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C'est tellement évident que cela semble simplet de le répéter! ;-)

à écrit le 26/02/2024 à 16:58
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Bonjour, qu'ils y est 30 000 morts ou 150 000 cela est bien triste...bien sur, l'ukraine a la droit de rester libres, mais cette guerre est une absurdités... surtout que l'otan n'est pas pret a accepté sa venue. Bien sur ils ne faut pas le dire....

à écrit le 26/02/2024 à 16:52
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Après avoir jeté aux orties les propositions de sécurité commune de Poutine en 2021, avoir soutenu les attaques sur les populations du Donbass pour provoquer la Russie à agir en 2022, avoir renié la signature de la France sur les traités de Minsk par...

le 26/02/2024 à 22:02
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L'invasion de la Crimée date de 2014, donc bien avant 2021. La Russie est la dernière puissance coloniale et je sous rassure, la Chine ne l'a pas oublié. Une Russie affaiblie lui rendra ses territoires conquis par la force à l'époque du Tsar du côté ...

à écrit le 26/02/2024 à 15:51
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Il faut en faire plus, c'est la démocratie que l'on attaque, notre liberté de penser, de choisir. Les mafias russes dépensent des milliards pour nous diviser, nous faire porter notre regard vers de lendemains tellement beaux. En écoutant ces sinistre...

le 27/02/2024 à 7:17
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Avec Poutine la France serait bien mieux gérée.

à écrit le 26/02/2024 à 13:58
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Nous avons une expression pour nos comportements: « mais que diable allons-nous faire dans cette galère ».. Ah oui, j’oubliais, M.Poutine veut venir prendre l’apéro sur les Champs..

à écrit le 26/02/2024 à 13:38
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Premièrement, en quoi la situation de l'Ukraine est désespérée? Elle n'est pas facile, mais rien à voir aux certains moments de l'année 2022. La bataille d'Avdiivka (ville de taille moyenne demi-encerclée depuis le début de la guerre)? Encore 5 batai...

le 26/02/2024 à 17:21
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Le cout de la guerre peut aussi se chiffrer en cout économique, le déficit commercial de la France c'était -86 milliards en 2021 et -164 milliards en 2022. Les 78 milliards de différence, c'est l'augmentation du prix en matières premières et en hydro...

le 27/02/2024 à 17:22
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@johnmackagan: A). Pour ce qui concerne les pertes liées au bilan commercial. Oui, certainement, mais cette perte est déjà encaissée et ne doit pas se reproduire. B) Pour ce qui concerne la munition.il est normal que les stocks étaient limités. A pro...

à écrit le 26/02/2024 à 13:03
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Le grand principe de l'Ukraine est de transformer l'argent public en argent privé !

à écrit le 26/02/2024 à 9:54
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Quand va-t-on comprendre que l'issue du conflit n'est pas militaire mais politique. Ve conflit qui dure depuis 2014 s'est accéléré avec la tentative d'invasion russe et depuis 2022 , 30 000 ukrainiens sont morts, sans compter les milliers de blessés ...

le 26/02/2024 à 20:50
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@Calamard Bonsoir , vous y croyais vraiment a ce chiffre de 30 000 morts seulement ? Sérieux ?

à écrit le 26/02/2024 à 8:58
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Il y a une question monétaire à traiter il me semble. Si on doit aider plus l’Ukraine, il faut un peu plus d’inflation en France, désolé pour les épargnants, un peu moins de social en France, désolé pour eux aussi et des améliorations de nos capacité...

le 26/02/2024 à 12:26
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@Math La géographie est le destin. L'Allemagne est au milieu de l'Europe. Rien ne peut être changé à cela. C’est pourquoi les intérêts de sécurité allemands et français diffèrent également. L'Allemagne est la plaque tournante logistique de l'OTAN en...

le 26/02/2024 à 14:17
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Ce n'est pas Poutine qui a réussi son coup, mais ceux qui ont fait croire à l'Ukraine qu'elle entrerait dans l'OTAN et l'UE pour provoquer la Russie et démolir l'UE. Quand à l'inflation , vous oubliez la réalité, le poulet en provenance d'Ukraine est...

le 26/02/2024 à 16:00
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@ Aditec Cela ne répond à aucune des questions posées. La France n’est pas protégée par un glacis allemand car l’Allemagne ne s’est pas payée une armée mais par un arsenal nucléaire. L’Allemagne s’est reposée en passager clandestins de la sécurité e...

à écrit le 26/02/2024 à 7:55
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Tout en extorquant les peuples européens, bref la cupidité pathologique de nos dirigeants et leur bêtise crasse jette les peuples européens dans les bras de Poutine. Bienvenu en UERSS, empire de la corruption prévu pour durer mille ans.

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