Lourdes amendes pour Ant Group et Tencent : la Chine frappe ses géants de la tech au portefeuille

Par latribune.fr  |   |  557  mots
Le pouvoir chinois a fortement durci la réglementation dans le secteur technologique, ce qui a pénalisé la rentabilité des géants du numérique et fait perdre au secteur des milliards de dollars de capitalisation boursière. (Crédits : ALY SONG)
Le chinois Ant Group, propriétaire du système de paiement Alipay, a été condamné à plus de 900 millions d'euros d'amende par le régulateur chinois. Dans la foulée, son concurrent Tencent, propriétaire du populaire WeChat Pay, a écopé de 379 millions d'euros d'amende pour des infractions. Deux condamnations qui illustrent l’intransigeance du pouvoir chinois envers les entreprises du numérique.

Deux entreprises incontournables de la tech chinoise ont écopé ce vendredi 7 juillet de lourdes amendes par le régulateur. D'un côté, 7,1 milliards de yuans (environ 900 millions d'euros) pour Ant Group ; de l'autre, 3 milliards de yuans (environ 379 millions d'euros) pour Tencent sur fond d'infractions.

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Ce n'est toutefois pas une première puisque, depuis 2020, le pouvoir se montre intransigeant contre les entreprises du numérique. En particulier sur les questions de collecte et de protection des données personnelles, les pratiques anti-concurrentielles mais également les levées de fonds à l'étranger. Ainsi, en 2021, Didi, le « Uber chinois » avait été condamné  par le régulateur à une amende d'environ 1,2 milliard d'euros notamment pour des infractions en matière de données personnelles.

Fin des déboires pour Ant Group

Ant Group est le propriétaire d'Alipay, un système de paiement par téléphone très populaire en Chine, où l'argent liquide est désormais très peu utilisé. L'entreprise propose également des services financiers.

Les autorités avaient vu d'un très mauvais œil qu'une société privée puisse avoir un tel poids dans le système financier, et ne soit pas soumise à la même réglementation que les banques. La décision de la condamner a été prise « au vu d'actes illégaux et réguliers commis par Ant Group (...) ces dernières années » notamment dans l'activité bancaire et la protection des consommateurs, écrit le régulateur.

« Nous respecterons la pénalité » du régulateur, a réagi Ant Group dans un communiqué. « Sous la direction des autorités de régulation financière, Ant Group a mené de manière proactive une rectification de ses activités » qui étaient problématiques, a précisé l'entreprise.

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Cette amende de 7,12 milliards de yuans (environ 902 millions d'euros) est l'une des plus élevées jamais prononcée pour une société technologique en Chine. Son annonce doit permettre à la société d'obtenir une licence de holding financière pour relancer, à terme, son projet d'introduction en Bourse.

« Stabiliser la confiance »

Pour rappel, Ant Group, qui espérait réaliser fin 2020 l'une des plus grosses entrées en Bourse de l'histoire, s'était retrouvé dans le collimateur des autorités. Elles avaient stoppé 48 heures avant l'événement une gigantesque levée de fonds alors estimée à 34 milliards de dollars. Le mois suivant, Alibaba, sa maison-mère à l'époque, était visé par une enquête pour entrave à la concurrence, puis condamné à une lourde amende (2,3 milliards d'euros).

Ces mesures avaient marqué le début d'un brutal durcissement de la réglementation dans le secteur technologique, qui avait fortement pénalisé la rentabilité des géants du numérique. Elles ont fait perdre ces dernières années au secteur des milliards de dollars de capitalisation boursière.

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Les mesures prises par le gouvernement chinois pour « finaliser les sanctions, clarifier les perspectives et tracer des limites claires en matière de conformité sont essentielles pour stabiliser la confiance du secteur privé », selon Rukim Kuang, fondateur de Lens Consulting, une société basée à Pékin.

(Avec agences)