Fintech : les levées de fonds continuent de chuter fortement

La tendance du second semestre 2022 se confirme depuis le début de l'année : les fintechs ont levé en France deux fois moins de fonds sur les six premiers mois de l'année qu'un an plus tôt, selon l'Observatoire de la Fintech. Ce tarissement de la ressource s'accompagne d'un mouvement de consolidation.
Maxime Heuze
Les fintechs ont levé 673 millions d'euros au premier semestre 2023 contre 1,39 milliard d'euros sur les six premiers mois de 2022.
Les fintechs ont levé 673 millions d'euros au premier semestre 2023 contre 1,39 milliard d'euros sur les six premiers mois de 2022. (Crédits : DR)

C'est une période de disette pour les startups financières. D'après une étude, publiée ce lundi par l'Observatoire de la Fintech, les levées de fonds dans le secteur en France ont chuté de 52 % au premier semestre par rapport à la même période de 2022.

Ce qui confirme la tendance déjà observée au second semestre 2022, également constatée dans les autres secteurs de la Tech. Ainsi les fintechs ont levé 673 millions d'euros au premier semestre 2023 contre 1,39 milliard d'euros sur les six premiers mois de 2022.

Plus d'opérations mais moins d'argent

Dans le détail, le ticket moyen par opération est en baisse de 56% par rapport au premier semestre 2022, à 9,2 millions d'euros, contre 16,4 millions en 2022 et 27,1 millions en 2021. Plus significatif, les méga deals, soit les levées de plus de 100 millions d'euros de fonds, ont quasiment disparu du paysage. Alors que six sociétés ont levé ce montant ou plus au premier semestre 2022, une seule y est parvenue en 2023, la société de portefeuille pour cryptomonnaies Ledger.

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Les fonds préfèrent multiplier les petits investissements dans des jeunes startups qui font leurs premières levées (appelées early stage) que de participer à des tickets plus importants. En effet, 73 startups ont levé des fonds au premier semestre 2023, soit une hausse de 9% par rapport au premier semestre 2022. Mais l'étude note que 58% de ces opérations concernent de jeunes pousses, qui ont levé moins de 3 millions d'euros au premier semestre 2023. Ces opérations early stage représentaient moins 40% du nombre des levées en 2022.

« On a toujours des investisseurs intéressés par les financements de fintechs mais ils investissent des tickets moins élevés car ils sont moins nombreux et le coût du financement est plus élevé », explique Mikaël Ptachek, président de l'Observatoire.

Des startups qui fusionnent ou se font racheter pour continuer de croître

Cette raréfaction des financements place les startups financières dans des positions difficiles. « Le manque de financement est un vrai frein car les startups ont besoin d'investir pour assurer leur croissance » explique Vincent Le Sann, directeur général adjoint de Portzamparc, filiale de BNP Paribas Banque Privée. Pour survivre, certaines d'entre-elles n'ont eu d'autres choix que de changer de priorité, moins de croissance et plus de rentabilité.

Parallèlement, les fusions et acquisitions  ont explosé, avec 22 opérations au premier semestre 2023, contre 34 sur l'ensemble de l'année 2022. Preuve d'une accélération de la recomposition du secteur, les 56 opérations de F&A recensées ces 18 derniers mois représentent pas moins de la moitié de toutes les opérations de fusions depuis... 2016, relève Mikaël Ptachek. Parmi ces victimes de la raréfaction des financements, l'assurtech Luko -pourtant considéré comme une potentielle licorne- a fini par être rachetée par la société de gestion britannique Admiral le 15 juin, après avoir fait l'objet d'une procédure de sauvegarde.

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Certaines, cependant, n'ont même pas eu cette possibilité. « Le secteur a été confronté à un nombre croissant de faillite », rappellent les auteurs de l'étude. 50 fintechs ont ainsi cessé leur activité entre 2016 et 2022 dont 18 pour la seule année 2022, à l'image du spécialiste en financement de créances commerciales Finexkap qui a déposé le bilan en septembre 2022.

Selon l'Observatoire, le deuxième semestre 2023 devrait rester compliqué avant un retour des investissements prévu en 2024, sous réserve d'une baisse des taux d'intérêt. Au total, les levées pourraient dépasser 1,3 milliard d'euros de fonds levés en 2023, contre 2,4 milliards en 2022 et  2,8 milliards en 2021.

« Au final, nous revenons dans une progression linéaire par rapport aux 780 millions d'euros levés en 2020 après la surchauffe que le secteur a connue en 2021 et 2022 », conclut Emmanuel Papadacci-Stephanopoli, vice-président de l'Observatoire.

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