Marché du travail : l'OCDE fustige le manque d'intégration des immigrés

Par Grégoire Normand  |   |  692  mots
En dépit de récentes améliorations, les immigrés connaissent toujours de sérieuses difficultés à s'intégrer sur le marché du travail regrette l'OCDE dans un rapport rédigé en collaboration avec la Commission européenne.

Alors que les pays membres de l'ONU ont approuvé lundi 10 décembre un pacte mondial sur les migrations, l'OCDE et la Commission européenne viennent de publier un rapport qui permet d'établir une comparaison internationale de l'intégration des populations immigrées. Il apparaît que "si l'intégration des immigrés et de leurs enfants sur le marché du travail s'est améliorée dans de nombreux pays ainsi que leurs conditions de vie", de nombreuses difficultés persistent. Les compétences des immigrés restent "largement inexploitées, entravant à la fois la croissance économique et l'inclusion sociale."

Par ailleurs, sur la période 2008-2016, "14% environ des personnes nées à l'étranger déclarent appartenir à un groupe victime de discrimination fondée sur l'origine ethnique ou la nationalité" dans l'Union européenne.

Un taux de chômage plus élevé

Sur les 74 indicateurs examinés par les experts, les disparités au niveau des taux de chômage sont particulièrement criantes. "Dans tous les pays de l'OCDE et des pays de l'Union européenne, les immigrés connaissent des taux plus élevés que les populations nées dans le pays." Et la crise de 2008 est loin d'avoir arrangé la situation.

Sur la dernière décennie, les différences se sont accrues, particulièrement dans le sud de l'Europe en raison notamment de sérieuses difficultés économiques. La crise des dettes souveraines a amplifié les effets de la crise sur le marché du travail dans ces pays déjà fortement fragilisés. Par ailleurs, les auteurs du rapport soulignent que lorsqu'ils se retrouvent au chômage, les immigrés reçoivent moins d'indemnités que le reste de la population, sans avancer de raisons précises.

Plus de travail temporaire

Les emplois occupés par les immigrés sont souvent plus précaires que ceux pourvus par le reste de la population. Selon les données du document, les personnes nées à l'étranger ont bien plus souvent des contrats temporaires que le reste de la population.

Par ailleurs, les experts notent que les immigrés sont plus souvent surqualifiés que les autres actifs notamment dans l'ensemble des pays de l'Union européenne. Le taux de travailleurs surqualifiés chez les immigrés atteint 34% contre 21% pour les autres actifs occupés.

Une pauvreté plus marquée

L'une des des conséquences de ces inégalités est que la pauvreté est bien plus marquée chez les personnes immigrées. "Près de 30% des immigrants dans les pays développés et en Europe vivent dans une pauvreté relative contre 19% et 17% des personnes nées dans le pays."

Par ailleurs, la part des immigrés pauvres ayant un travail est environ deux fois plus élevée que dans les pays de l'OCDE ou de l'Union européenne. Ces disparités se retrouvent également dans les revenus. Selon les chiffres de l'institution internationale basée à Paris, le revenu annuel médian d'un ménage composé d'immigrés se situe autour de 20.000 euros dans les pays membres de l'OCDE et 16.000 euros en Europe, soit 10% de moins que les autres citoyens.

Un niveau d'éducation parfois plus élevé

La part des plus diplômés est supérieure chez les immigrés (37%) que chez les natifs du pays (33%). Cela est particulièrement flagrant parmi les immigrés arrivés dans les pays de l'OCDE il y a moins de 10 ans (42%). Cependant, dans les pays de l'OCDE et de l'Union européenne, 11% et 12% des immigrés ont un niveau d'éducation relativement bas contre 7% et 5% pour les natifs.

Enfin, les résultats indiquent que les générations les plus récentes affichent des niveaux d'études et des résultats scolaires en progression. Cela se traduit par des taux de décrochage scolaire plus faible et un niveau scolaire plus élevé. "Toutefois, les enfants d'immigrés continuent d'accuser un certain retard par rapport aux enfants de parents nés dans le pays, notamment en Europe, tandis que l'inverse est vrai dans quelques pays seulement, par exemple au Canada."

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