Migrants : les soins préventifs coûtent bien moins cher que les soins d'urgence

Par Giulietta Gamberini  |   |  402  mots
L'étude se penche notamment sur trois pays comptant d'importantes communautés de migrants en situation irrégulière, l'Allemagne, la Grèce et la Suède, et sur deux problèmes de santé courants, l'hypertension artérielle et les soins prénatals.
Pour les Etats membres, la fourniture de soins de santé réguliers aux migrants en situation irrégulière pourrait générer de 9% à 69% d'économies selon les pathologies, a calculé l'Agence des droits fondamentaux de l'Union européenne.

A ceux que l'argument humanitaire ne convainc pas totalement, qu'ils regardent l'angle économique, alors. Tel pourrait être le sens de la dernière étude de l'Agence des droits fondamentaux de l'Union européenne (ou European Union Agency for Fundamental Rights, FRA) qui révèle que le choix de priver de soins préventifs nombre de migrants en situation irrégulière dès leur entrée dans l'UE est, pour les Etats membres, loin d'être judicieux au plan budgétaire.

Si les traitements nécessaires étaient délivrés aux sans-papiers avant qu'ils ne deviennent urgents, les dépenses de santé engagées par les pays européens afin de soigner les migrants s'en trouveraient réduites, calcule en effet la FRA.

L'étude est axée sur deux pathologies, observées dans trois pays

L'étude se penche notamment sur trois pays européens qui comptent d'importantes communautés de migrants en situation irrégulière: l'Allemagne, la Grèce et la Suède, où les pouvoirs publics participent à l'apport des soins de santé mais selon des modèles de financement très différents. Deux problèmes médicaux courants dans l'UE comme parmi les migrants ont été sélectionnés: l'hypertension artérielle et les soins prénatals.

Or, analyse la FRA, dans ce périmètre, et sur la base des données disponibles, l'accès des migrants aux dépistages et aux traitements médicaux préventifs offre un rapport coût/efficacité très supérieur à l'accès aux traitements d'urgence, bien plus coûteux.

Des économies allant jusqu'à 69% sur deux ans

En particulier, s'agissant de l'hypertension, la fourniture de soins de santé réguliers aux patients hypertendus, en contribuant à prévenir plus de 300 AVC et plus de 200 crises cardiaques pour 1.000 migrants dans chaque pays, pourrait entraîner une économie d'environ 9% en l'espace d'un an, de 13% après cinq ans et de 16% au cours de la vie.

De meilleurs soins prénatals pourraient même générer des économies atteignant jusqu'à 48% en Allemagne et en Grèce, et jusqu'à 69% en Suède en l'espace de deux ans, ajoute la FRA.

Ces considérations ne font que s'ajouter à l'obligation pesant déjà sur les Etats de fournir des soins de santé adéquats aux migrants, relevant du respect de leurs droits fondamentaux, rappelle la FRA. Mais l'argument économique pourrait contribuer à convaincre les derniers sceptiques.