Nigel Farage intéresse le FBI pour ses liens avec la Russie et Wikileaks

Par Grégoire Normand  |   |  857  mots
Dans un message sur twitter, Nigel Farage a qualifié les informations du Guardian de "fake news".
L'ancien leader du parti Ukip a suscité l'intérêt des enquêteurs de la police fédérale américaine pour ses liens de proximité avec la Russie, Wikileaks et l'équipe de Trump. Pour l'instant, le co-fondateur du parti souverainiste n'est pas considéré comme suspect.

Le nom de l'ancien meneur du parti pour l'indépendance au Royaume-Uni,Ukip, figure dans l'enquête menée actuellement par le FBI sur les probables collusions entre la Russie et des membres de  l'équipe de Donald Trump. D'après les révélations du Guardian publiées ce jeudi premier juin, Nigel Farage est considéré comme "person of interest" (une personne d'intérêt). Cela signifie qu'il détient des informations sur des agissements faisant l'objet d'une enquête. Mais pour l'instant, il n'est accusé d'aucune infraction et n'est pas considéré comme suspect par l'agence fédérale.

Des relations avec Julian Assange

Des sources proches de l'enquête interrogées par le quotidien britannique ont indiqué que le populiste avait suscité l'intérêt du FBI en raison "des relations qu'il avait pu avoir avec des membres de l'équipe de campagne de Trump et Julian Assange, le fondateur de Wikileaks". Le lanceur d'alerte controversé avait publié l'année dernière une multitude d'emails relatifs à la campagne d'Hillary Clinton et au comité national démocrate. L'organisation est également suspectée d'avoir collaboré avec la Russie, selon le témoignage de l'ancien directeur du FBI John Brennan. "Si vous rapprochez la Russie, Wikileaks, Assange et l'entourage de Trump, la personne qui apparaît le plus souvent est Nigel Farage", a expliqué une source proche de l'enquête au Guardian.

En mars dernier, le leader du populisme conservateur outre-Manche a rendu visite à l'Australien dans l'ambassade d'Equateur à Londres. Alors que cette rencontre devait rester secrète, un passant a aperçu le député européen se rendre dans le bâtiment officiel et a posté une photo sur les réseaux sociaux. Pour se justifier, Nigel Farage a expliqué dans un entretien au quotidien Die Zeit qu'il voulait rencontrer l'informaticien dans le cadre d'une interview pour la radio LBC assurant qu'il n'avait jamais reçu d'argent de la Russie.

Une admiration pour Trump

Par ailleurs, Nigel Farage n'a jamais caché sa proximité et son admiration pour Donald Trump. Il a été le premier homme politique étranger à rencontrer le nouveau chef d'Etat américain juste après son élection dans la Trump Tower en novembre dernier. Ce moment a d'ailleurs été immortalisé par une photo publiée sur le compte Twitter de Nigel Farage.

Dans un tweet, Donald Trump a même suggéré que Farage pourrait devenir l'ambassadeur du Royaume-Uni aux Etats-Unis. Ce qui avait été refusé par le gouvernement britannique.

D'après le Guardian, Nigel Farrage aurait également dîné au mois de février dernier avec le dirigeant américain, sa fille et conseillère, Ivanka, et le mari de celle-ci, Jared Kushner. Outre cette proximité avec le président américain et sa famille, Nigel Farrage a également entretenu des liens avec Roger Stone. Ce dernier est au centre de l'enquête du FBI pour ces liens avec Guccifer 2.0. Le hacker a revendiqué des responsabilités dans le piratage des boîtes mails du parti Démocrate. Enfin, le conseiller et stratège, le sulfureux Steve Bannon, a reçu à plusieurs reprises Nigel Farage aux Etats-Unis lorsqu'il était à la tête de Ukip et l'a introduit dans les milieux conservateurs américains. Le site Breibart News, co-fondé par Bannon, a régulièrement pris position en faveur de la campagne du "Leave" lors de la campagne pour le référendum sur le Brexit.

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Un démenti cinglant

Nigel Farage a qualifié les affirmations du Guardian "d'hystériques""Cette tentative hystérique de m'associer au régime de Poutine est le résultat de l'incapacité de l'élite libérale à accepter le Brexit et Trump", a-t-il commenté. Dans un tweet, l'élu européen en même rajouté une couche, parlant de "fake news". Une réaction qui peut paraître surprenante pour celui qui s'est régulièrement fait épingler pour ses mensonges lors de la campagne pour le référendum du Brexit.

"En réponse à l'article du Guardian, cela m'a pris beaucoup de temps pour finir de le lire parce que j'ai tellement ri devant ces 'fake news'".

Et un porte-parole de l'UKIP a jugé que tout "cela est absurde, totalement absurde".

L'affaire de l'interférence supposée de la Russie sur la campagne américaine a déjà provoqué l'éviction de l'ancien conseiller à la sécurité Michael Flynn et la récusation de l'actuel secrétaire à la Justice Jeff Sessions sur tous ces dossiers. L'audition très attendue de l'ancien directeur du FBI Jeff Sessions limogé il y a quelques semaines risquent encore de déstabiliser la présidence Trump.