Pourquoi les géants américains n'arrivent pas à recruter des cadres en Chine

Par Jean-Christophe Catalon  |   |  594  mots
60% des entreprises américaines présentes en Chine estiment être moins les bienvenus aujourd'hui qu'auparavant.
Si les multinationales en vogue comme Uber et Airbnb peinent à s'implanter dans ce gigantesque marché qui les fait saliver, c'est notamment parce qu'elles peinent à s'entourer de collaborateurs qui parlent la langue et connaissent les codes.

Entre les Chinois et la culture américaine, le courant passe mal. Il est loin, le temps où l'Empire du milieu n'était qu'un gigantesque atelier, dédié à la fabrication des biens de consommation du monde entier et prêt à accueillir toutes les entreprises sur ses terres. Aujourd'hui, une classe moyenne de 146 millions de personnes a émergé et les multinationales étrangères salivent devant la taille de ce marché à conquérir.

  • Des difficultés de recrutement sur place

Pour développer une activité à l'étranger, mieux vaut s'entourer de collaborateurs qui parlent la langue et connaissent les codes. Certains géants américains s'y sont essayés, mais sans grand succès.

Airbnb s'est lié à des investisseurs chinois il y a un an afin de recruter un directeur exécutif pour ses opérations sur place. À ce jour, la licorne n'a toujours pas trouvé de candidat, selon le Wall Street Journal. De même, Uber Technologies a tenté durant deux ans de trouver quelqu'un pour mener ses opérations en Chine, mais a dû se résigner à signer un partenariat avec son concurrent local Didi Chuxing cet été.

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  • L'"American bashing" est à la mode dans les médias chinois

Il faut dire que l'environnement médiatique n'aide pas. Après les révélations d'Edward Snowden sur les pratiques de la NSA en 2013, les Chinois sont très suspicieux sur les activités des sociétés américaines. Et les médias locaux n'aident pas. Ils ont à plusieurs reprises accusé publiquement des multinationales américaines d'aider Washington dans le cyber-espionnage, selon Reuters. Selon les analystes, l'affaire Snowden pourrait coûter des milliards de dollars aux entreprises américaines.

Travailler pour Google, Apple, Microsoft ou Facebook, revient presque à trahir son pays dans l'inconscient collectif chinois. Et l'affaire récente de Yahoo ! ne risque pas d'améliorer la situation.

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  •  Le patriotisme chinois

Au-delà des géants de la Silicon Valley, le rejet du rival américain est plus profond en Chine. Les débuts difficiles de Disneyland Shanghai en est un exemple. Le parc d'attraction de Walt Disney Company a ouvert ses portes début juin et n'a attiré en moyenne que 20.000 visiteurs par jour, selon le magazine américain Fortune. Si la tendance se poursuit, le parc ne comptabilisera que 7,3 millions de clients sur l'année, soit près de deux fois moins que son objectif initial, fixé à 15 millions.

Il faut dire que, malgré le succès de ses franchises cinématographiques, l'américain fait face à la concurrence ouverte du milliardaire chinois Wang Jianlin. Via son groupe Dalian Wanda, il a déjà ouvert 2 des 15 parcs d'attraction qu'il compte installer autour de la région de Shanghai. Une stratégie clairement mise en place pour contrer la progression de Disney et de la culture américain en Chine.

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  • 60% entreprises américaines se sentent moins les bienvenus

Entre les réglementations floues et l'atmosphère hostile envers elles, les entreprises américaines ne sentent plus très à l'aise en Chine. Selon l'étude 2016 sur le climat des affaires de la chambre de commerce américaine en Chine (AmCham China), 6 entreprises sur 10 estiment être moins les bienvenues aujourd'hui qu'auparavant. Lors de l'enquête précédente, elles n'étaient que 4 sur 10 (41% précisément) à partager cet avis.