Yahoo ! dément espionner ses utilisateurs sur ordre du gouvernement américain

Mercredi dans la journée, l'entreprise a assuré que le scannage de courriels décrit par Reuters n'existait pas. Si l'information venait tout de même à être confirmée, il s'agirait du premier cas du genre, les géants de l'Internet ayant jusque là refusé un accès complet à leurs données et ne transmettant que des informations précises à la suite de demandes de renseignements. Derrière cette révélation, se cache la question du chiffrement des données de bout en bout.
Laszlo Perelstein
La décision de la dirigeante de Yahoo! Marissa Mayer d'obéir à la directive des agences gouvernementales a "troublé certains cadres supérieurs".

| Article publié à 12h26, mis à jour à 16h32 puis à 19h02

De quoi ébranler Yahoo!. Le moteur de recherche et fournisseur d'adresses mail a conçu un programme pour rechercher des informations spécifiques sur les centaines de millions d'emails de ses propres utilisateurs à la demande d'agences de renseignement américaine (la NSA ou le FBI), révèle un journaliste de l'agence Reuters, qui cite trois anciens employés et une quatrième personne au courant des événements.

La décision de la dirigeante de Yahoo! Marissa Mayer d'obéir à la directive des agences gouvernementales a "troublé certains cadres supérieurs et conduit en juin 2015 au départ du responsable de la sécurité informatique Alex Stamos", écrit Reuters. Depuis cette date, Alex Stamos occupe le même poste au sein du premier réseau social en ligne Facebook après être resté à peine 15 mois au sein de Yahoo!. Pour autant, l'entreprise s'est dite dans un premier communiqué à Reuters "respectueuse des lois", arguant qu'elle "se conforme aux lois des États-Unis". Plus tard dans la journée, un second communiqué transmis à l'AFP a réfuté les informations de Reuters. "Le scannage de courriels décrit dans l'article n'existe pas dans nos systèmes" informatiques, assure-t-il.

     | Lire Facebook prévient ses utilisateurs quand l'Etat les espionne

D'après les experts interrogés par l'agence de presse, il s'agit du premier cas du genre, les géants de l'Internet ayant jusque là refusé un accès complet à leurs données et ne transmettant que des informations précises à la suite de demandes de renseignements. Yahoo! collabore ainsi avec les différents gouvernements du monde entier pour fournir des renseignements sur plusieurs milliers des ses utilisateurs (29.000 demandes ont été formulée en ce sens en 2013).

Une "erreur" évitable grâce au chiffrement de données de bout en bout

Derrière ce nouveau scandale, le sujet principal - récurrent ces dernières années et relancé par les attentats dans les pays occidentaux - est celui du chiffrement des données. Les géants du Net se voient en effet contraints de collaborer avec les États dans la lutte antiterroriste et ce alors qu'ils veulent également préserver les données de vie privée de leurs utilisateurs.

     | Lire aussi Chiffrement : les géants du Net sous la pression des Etats

Dans le cas de Yahoo!, le réseau social s'est ainsi dit qu'il était inutile de porter plainte car il perdrait après que son service juridique a reçu la demande secrète des agences gouvernementales. Pourtant, si l'entreprise avait chiffré de bout en bout ses emails - une technique qui permet aux seuls destinataires du message d'y accéder, en l'état, Yahoo! peut actuellement lire les données de ses utilisateurs -, cette surveillance de masse n'aurait pu se produire, comme le souligne le Guardian. Cette technique de chiffrement est d'ailleurs de plus en plus adoptée par les applications de messagerie. Dans la lignée de Telegram, Line, du dernier-né de Google Allo ou encore de WhatsApp qu'il possède, le réseau social de Mark Zuckerberg a ainsi activé le 5 octobre pour tous les utilisateurs de Facebook Messenger une option permettant le chiffrement des données de bout en bout. Et même Caramail, ancienne gloire de l'Internet français rachetée en 2009 par l'allemand GMX, voit cette pratique comme indispensable, l'intégrant depuis ce jeudi à son service d'emails de sorte que "leurs destinataires soient les seuls à pouvoir accéder à leur contenu".

     | Tutoriel Comment protéger ses conversations sur Facebook Messenger

Utilisée également par Apple sur son iMessage, la technique n'est toutefois pas complètement inviolable, comme l'a démontré le long combat de la marque à la pomme contre le FBI avec au cœur l'iPhone d'un des terroristes responsables de l'attentat de San Bernardino.

>> Pour aller plus loin Apple contre le FBI : un cessez-le-feu en forme de défaite pour Apple

Laszlo Perelstein

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Commentaires 5
à écrit le 06/10/2016 à 9:32
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La sécurité sur internet n'existe pas c'est un réseau fait pour partager, c'est comme ça.

à écrit le 05/10/2016 à 23:14
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Espionnage ou pas, j'ai subi ces jours derniers plus d'une dizaine de messages sans être usager du serveur mail de Yahoo; bien évidemment je me suis bien gardé de les ouvrir, mais celà risque de saturer les communications pour quelle utilité à voir. ...

à écrit le 05/10/2016 à 14:39
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C'est le contraire qui aurait été étonnant

à écrit le 05/10/2016 à 14:10
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Toutes les personnes politiquement atypique sont surveillés non seulement leur aller et venu dans les rues mais leur mouvement sur internet.Cela démontre seulement la peur du système actuel. Mais ces surveillances ne servent strictement à rien.Ceux ...

à écrit le 05/10/2016 à 13:47
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soyons clair personne ne soupconnerait l'uncle sam de vouloir espionner le reste de la planete! et puis en evoquant le terrorisme, c'est bien, on peut espionner ses concurrents industriels...... mais que se passera t il si un jour on devait decouvr...

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