Risque d’escalade au Moyen-Orient : des responsables pro-iraniens tués dans une frappe de drones en Irak

Par latribune.fr  |   |  771  mots
Des membres de la police irakienne. (Photo d'illustration). (Crédits : ESSAM AL-SUDANI)
Deux membres du Hachd al-Chaabi, une coalition d'anciens paramilitaires chiites proches de l'Iran et désormais intégrés aux forces régulières irakiennes, ont été tués ce jeudi. Le gouvernement irakien a attribué cette frappe à la coalition internationale antijihadistes, emmenée par les Etats-Unis. Les attaques se multiplient au Moyen-Orient, laissant craindre une escalade du conflit.

[Article publié le jeudi 04 janvier 2024 à 13h23 et mis à jour à 16h40] Un responsable militaire et un autre membre du Hachd al-Chaabi ont été tués ce jeudi à Bagdad en Irak dans une « frappe de drone ». C'est ce qu'a annoncé cette organisation irakienne regroupant des factions armées proches de l'Iran. Le Hachd al-Chaabi est une coalition d'anciens paramilitaires chiites proches de l'Iran et désormais intégrés aux forces régulières irakiennes.

« Le commandant adjoint des opérations pour Bagdad, Mushtaq Talib al-Saïdi » est « tombé en martyr dans une frappe américaine », a indiqué le mouvement al-Nujaba, l'une de ces factions pro-iraniennes et farouchement anti-américaine, dans un communiqué. Le gouvernement irakien a, lui, attribué cette frappe, qui a visé « un centre de soutien logistique du Hachd al-Chaabi » dans l'est de la capitale irakienne, selon un responsable sécuritaire sous couvert d'anonymat, à la coalition internationale antijihadistes, emmenée par les Etats-Unis.

Interrogé par des journalistes au sujet de cette frappe, un responsable militaire américain n'avait pas réagi dans l'immédiat. « Les forces armées irakiennes tiennent les forces de la coalition internationale responsables de cette attaque », a ainsi écrit Yahya Rassoul, un porte-parole du Premier ministre irakien, Mohamed Chia al-Soudani, dans un communiqué, qualifiant d'« escalade et agression dangereuses » la frappe menée par un drone.

Les troupes américaines et de la coalition visées par des attaques

Les forces du Hachd al-Chaabi ont été ces dernières semaines la cible de plusieurs bombardements en Irak, dont certains revendiqués par les Etats-Unis. De leur côté, les troupes américaines et celles de la coalition internationale antijihadistes déployées en Irak et en Syrie sont visées quasi-quotidiennement par des attaques de drones et de roquettes depuis le début de la guerre en octobre entre Israël et le Hamas palestinien à Gaza. La plupart de ces attaques ont été revendiquées par un groupe appelé « Résistance islamique en Irak », nébuleuse formée par des groupes armés affiliés au Hachd al-Chaabi qui s'oppose au soutien américain à Israël. Depuis le 17 octobre, les Etats-Unis ont recensé plus d'une centaine d'attaques en Irak et en Syrie contre leurs troupes.

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Par ailleurs, les rebelles Houthis du Yémen, soutenus par l'Iran, mènent des attaques contre des navires qu'ils estiment affiliés à Israël, freinant ainsi le trafic maritime.

Double explosion en Iran

La mort des deux responsables en Irak intervient au lendemain de la double explosion en Iran qui a fait au moins 103 morts et plus de 180 blessés. Un attentat survenu près de la mosquée Saheb al-Zaman à Kerman dans le sud de l'Iran, où se trouve la tombe de Qassem Soleimani, architecte des opérations militaires iraniennes au Moyen-Orient et dont le pays commémore le quatrième anniversaire de la mort.

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Le jour précédent, c'est un haut responsable du Hamas, Saleh al-Arouri, qui a été tué par une frappe de drone au Liban. Et bien que n'ayant pas revendiqué l'élimination à Beyrouth mardi soir de ce numéro deux politique du Hamas, Israël est pointé du doigt, après avoir juré de « détruire » le Hamas en réaction à son attaque sans précédent le 7 octobre sur le sol israélien.

Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken et son homologue française Catherine Colonna ont discuté de mesures visant à « éviter l'escalade au Liban et en Iran » après des attaques dans ces deux pays du Moyen-Orient, a fait savoir jeudi le département d'Etat américain.

Les deux ministres ont échangé au téléphone mercredi dernier de « l'importance de mesures visant à prévenir que le conflit à Gaza ne s'étende, dont des mesures visant à faire baisser la tension en Cisjordanie et à éviter l'escalade au Liban et en Iran », selon un communiqué du porte-parole Matthew Miller.

Antony Blinken, le secrétaire d'Etat américain, doit décoller jeudi soir pour le Moyen-Orient, pour une nouvelle tournée régionale avec une étape prévue en Israël. Le président français Emmanuel Macron a appelé mardi Israël à « éviter toute attitude escalatoire notamment au Liban », après que numéro deux du Hamas a été tué dans une attaque attribuée à Israël sur la banlieue de Beyrouth. Un responsable américain de la défense a assuré mercredi soir qu'Israël avait mené cette frappe.

(Avec AFP)