L'économie russe poursuit sa reconfiguration, sur fond de sanctions économiques provoquées par son invasion de l'Ukraine, il y a bientôt deux ans, le 24 février 2022. Selon les douanes russes, citées par l'agence de presse d'Etat Interfax, la Russie a connu en 2023 une dégringolade de ses exportations vers l'Europe, tout en poursuivant sa réorientation vers les marchés asiatiques.
Dans le détail, les exportations de marchandises de la Russie vers le Vieux continent l'an passé ont ainsi chuté de 68%, à 78,8 milliards d'euros. Au global, les exportations russes ont diminué de 28,3% par rapport à l'année 2022, selon les douanes russes. Cela illustre, selon les experts, les difficultés persistantes à remplacer ses anciens partenaires européens par de nouveaux clients en Asie, mais aussi en Afrique et en Amérique du Sud.
La balance commerciale russe a, elle, atteint 130 milliards d'euros, en baisse de près de 60% par rapport à 2022, lorsque l'assaut russe en Ukraine avait fait exploser les prix mondiaux de l'énergie, manne financière vitale pour Moscou. A noter que ces derniers chiffres restent parcellaires, les douanes russes ayant arrêté de publier de nombreuses données - notamment la répartition précise par pays - dans la foulée du lancement de l'offensive en Ukraine.
La Chine désormais premier partenaire commercial de la Russie
Signe de ces changements en cours, l'an passé, les exportations russes vers l'Asie ont tout de même connu une hausse de 5,6% (à 284 milliards d'euros), tandis que les importations en provenance du continent asiatique ont augmenté de 29,2% (à 174 milliards d'euros), toujours selon les douanes russes.
La Chine est donc devenue le principal partenaire économique de Moscou, échangeant ensemble pour un peu plus de 220 milliards d'euros en 2023. Un record, selon les douanes chinoises, qui ont communiqué mi-janvier. Pour la première fois de l'histoire, le montant de yuans conservés dans les banques russes fin 2023 a dépassé celui des dollars, d'après la Banque centrale russe.
Pas d'effondrement de l'économie russe
La Russie n'a pas vu son économie s'effondrer, comme le prédisaient de nombreux dirigeants et analystes occidentaux. Selon les derniers chiffres de l'institut statistique Rosstata, après une baisse de 1,2% l'an dernier, le produit intérieur brut russe a même renoué l'an dernier avec la croissance. Celui-ci a ainsi augmenté de 3,6%. Et malgré la hausse des dépenses fédérales (liées en partie à l'effort de guerre), le déficit public a été contenu à 1,9% du PIB, selon le ministère russe des Finances.
Pour rappel, frappée par de lourdes sanctions occidentales depuis fin février 2022, l'économie russe a vu le marché européen se refermer partiellement. Des mesures qui ont surtout affecté les exportations de gaz naturel et de pétrole, manne financière décisive pour la Russie.
Pour se relever de ce coup de massue, le Kremlin a largement redirigé ses exportations d'hydrocarbures vers d'autres pays, comme la Chine ou l'Inde, pour ne citer qu'eux. Et ce, malgré le fait que plusieurs banques et institutions financières russes ont été déconnectées du système bancaire international SWIFT, rendant difficiles les transferts d'argent depuis la Russie vers l'étranger.
La défense, nouveau moteur de l'économie russe
L'activité économique russe est désormais aussi largement tirée par un secteur, devenu prioritaire : la Défense. Les commandes militaires explosent, boostant la demande intérieure. Et cette dépendance aux investissements liés à l'armée risque de s'accroître encore plus en 2024, sachant que le gouvernement a acté l'envolée de près de 70% des dépenses de Défense, qui représenteront environ 30% des dépenses fédérales et 6% du PIB. Une première dans l'histoire moderne de la Russie.
L'activité économique de la Russie a également été portée par des salaires réels en hausse, pour attirer les travailleurs dans les secteurs touchés par des pénuries. Plus d'un demi-million de Russes ont déjà rejoint l'industrie de Défense depuis 2022, selon le président Vladimir Poutine. Un chiffre qui illustre l'intensité de l'effort de guerre demandé par les autorités pour soutenir l'assaut en Ukraine, malgré son important coût humain et économique.
(Avec AFP)