Russie : les sanctions occidentales font plonger les revenus pétroliers de Moscou

Par latribune.fr  |   |  769  mots
La Russie, l'un des plus gros producteurs d'or noir du monde, a vu ses revenus tirés de l'exportation de pétrole et produits pétroliers réduits d'un tiers en 2023 par rapport à 2022. (Crédits : Reuters)
Avec les sanctions occidentales, la Russie voit ses revenus tirés du pétrole réduits d'un tiers en 2023 par rapport à l'année dernière. Une mauvaise nouvelle pour Moscou qui a besoin de ressources pour financer l'effort de guerre.

Coup dur pour Moscou. La Russie, l'un des plus gros producteurs d'or noir du monde, a vu ses revenus tirés de l'exportation de pétrole et produits pétroliers réduits d'un tiers en 2023 par rapport à 2022, selon les pays qui ont imposé l'an dernier un plafonnement des prix du pétrole russe, à savoir le G7, l'Union européenne et l'Australie.

Un manque de ressource criant pour le pays qui s'est réorienté vers l'effort de guerre, avec une envolée des dépenses militaires de 70% prévue l'an prochain.

« Les recettes fiscales russes provenant des exportations de pétrole et de produits pétroliers - la principale source de revenus de la Russie - ont été inférieures de 32% entre janvier et novembre 2023 à celles de la même période l'année dernière », ont affirmé dans un communiqué commun le G7, l'Union européenne et l'Australie.

Sur les seuls cinq premiers mois de 2023, la chute des revenus a été de 50%, avait déjà indiqué Washington en juin.

Dans le détail, les Occidentaux ont imposé un mécanisme de plafonnement du prix à la Russie l'obligeant à vendre son pétrole à 60 dollars le baril maximum aux membres de la coalition - Australie, Canada, Union Européenne, France, Allemagne, Italie, Japon, Royaume-Uni et Etats-Unis. Alors que les prix du pétrole oscillent depuis quelques mois dans une fourchette comprise entre 75 et 85 dollars le baril.

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Multiplication des sanctions

Les pays de la coalition ont également annoncé ce mercredi un resserrement des règles entourant ce plafonnement des prix du pétrole russe. Les assureurs et réassureurs ont ainsi interdiction de couvrir le transport maritime de pétrole russe, sauf s'il est vendu à un prix inférieur à celui du plafond. Car la Russie est parvenue à contourner cette règle, en développant notamment une flotte « fantôme » de pétroliers qui ne font pas appel aux assurances occidentales.  Moscou continue également d'exporter son pétrole en Chine et en Inde, des pays qui ne pratiquent pas de sanctions.

Dans un communiqué distinct, les Etats-Unis ont d'ailleurs annoncé mercredi de nouvelles sanctions économiques de leur part. Elles visent un gestionnaire de navires (SUN Ship Management) appartenant au gouvernement russe, ainsi que plusieurs négociants en pétrole qui sont devenus des participants fréquents au transport maritime de pétrole d'origine russe, suite à l'imposition du plafonnement des prix, détaille le département au Trésor dans son communiqué.

Ces sanctions « démontrent notre engagement à respecter les principes de la politique de plafonnement des prix, qui visent à soutenir les objectifs de soutien aux marchés énergétiques stables tout en réduisant les revenus russes destinés à financer sa guerre contre l'Ukraine », a commenté le secrétaire adjoint au Trésor, Wally Adeyemo, cité dans ce communiqué.

« Les participants au transport maritime du pétrole russe (...) doivent adhérer aux directives de conformité convenues par la Price Cap Coalition ou en subir les conséquences », a-t-il mis en garde.

Les avoirs aux Etats-Unis de l'entreprise et des personnes visées par ces sanctions sont gelés, et toute activité commerciale avec les Etats-Unis leur est désormais interdite.

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Une baisse des prix qui n'arrange pas la Russie

La Russie essaie par ailleurs de soutenir les prix de l'or noir. Avec plusieurs membres de l'Opep+, Arabie saoudite en tête, les pays producteurs ont annoncé fin novembre de nouvelles coupes de production de pétrole pour 2024, afin de tenter d'enrayer la récente chute des cours. Mais de son côté, les Etats-Unis continuent toujours de produire plus. « Avec une production américaine toujours élevée et des inquiétudes quant à la santé de l'économie chinoise, les perspectives de la demande à court terme semblent incertaines », souligne James Harte, analyste de Tickmill.

Malgré tout, près de deux ans après le début de la guerre en Ukraine, l'économie russe semble tenir le choc malgré une avalanche inédite de sanctions européennes. Vladimir Poutine martèle régulièrement que ces sanctions échouent à mettre à genoux l'économie de la Russie, pointant la croissance du PIB. Mais l'inflation reste élevée : cette dernière s'est accélérée en novembre à 7,5% sur un an, obligeant la Banque centrale du pays à relever la semaine dernière son taux directeur de 15% à 16%... L'Etat avec ses commandes militaires porte l'industrie, mais avec la guerre, le pays fait face à d'importantes pénuries de main-d'œuvre.

(Avec AFP)