La Pologne condamne 14 étrangers pour espionnage au profit de la Russie

Un tribunal polonais a reconnu coupable 14 personnes pour avoir préparé des actes de sabotage et exercé des activités de renseignement en faveur de la Russie. Tous appartenaient à un même réseau d'espionnage démantelé en mars dernier. Ils ont écopé de peines allant d'un mois à six ans de prison.
Les espions ont notamment surveillé les principales voies ferroviaires polonaises utilisées pour transférer des armes et de l'aide humanitaire vers l'Ukraine (photo d'illustration).
Les espions ont notamment surveillé les principales voies ferroviaires polonaises utilisées pour transférer des armes et de l'aide humanitaire vers l'Ukraine (photo d'illustration). (Crédits : MAXIM SHEMETOV)

Sur le papier, rien ne semble relier les 14 personnes passées devant le tribunal de Lublin, ville de l'est de la Pologne, ce mardi 19 décembre. L'un est un joueur de hockey sur glace évoluant dans un club polonais de première division, deux sont avocats et d'autres sont politologues, professeurs de français, techniciens en pharmacie ou encore ingénieurs en informatique, selon le quotidien Rzeczpospolita. Tous ont pourtant un point commun : avoir été inculpés le mois dernier pour des actes d'espionnage et de sabotage au profit de la Russie.

« Après avoir examiné l'affaire, le tribunal a déclaré tous les accusés coupables des crimes imputés et a estimé que certains d'entre eux opéraient au sein d'un groupe criminel organisé », a annoncé le juge Jaroslaw Kowalski en prononçant le verdict ce mardi.

Tous ont donc été condamnés à des peines allant d'un mois à six ans de prison. Les quatorze accusés n'étaient pas présents dans la salle d'audience ce mardi, mais avaient tous précédemment plaidé coupable.

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Sabotage, espionnage et propagande

Ce réseau d'espions avait été démantelé en mars. Ses membres sont « Russes, Ukrainiens et Bélarusses », a indiqué à l'AFP la porte-parole du tribunal de Lublin, Barbara Markowska. Parmi eux se trouve Maxim S., ledit joueur de hockey sur glace, dont l'arrestation en juin avait poussé Moscou à exprimer sa « vive protestation » et à exiger des « explications complètes » de la part de la Pologne.

Parmi les tâches qu'ils ont assurées au profit de la Russie : « L'identification de bâtiments militaires et d'infrastructures sensibles, la surveillance et la documentation des transports d'aide militaire et humanitaire à l'Ukraine et la préparation de déraillements de train », avait indiqué le bureau polonais du coordinateur des services spéciaux le 22 novembre dernier.

Les espions ont ainsi surveillé des postes de contrôle à la frontière avec l'Ukraine et les principales voies ferroviaires utilisées pour transférer des armes et de l'aide humanitaire vers ce pays voisin. L'Agence de sécurité intérieure (ABW) avait indiqué en mars avoir saisi du matériel électronique, ainsi que des traceurs GPS qui devaient être installés sur les convois d'aide à l'Ukraine. La radio privée polonaise RMF avait révélé pour sa part que le groupe avait posé des dizaines de caméras enregistrant et transmettant les données sur le trafic ferroviaire, notamment à proximité de l'aéroport de Jasionka, près de Rzeszow (sud-est), l'un des principaux points de transfert d'armes et munitions occidentales vers l'Ukraine.

Les membres du réseau ont aussi mené des opérations de propagande qui visaient à déstabiliser les relations polono-ukrainiennes ainsi qu'à susciter en Pologne des sentiments hostiles à l'Ukraine.

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300 à 10.000 dollars par opération

Selon les enquêteurs, ils recevaient des ordres via l'application de messagerie Telegram et étaient payés en crypto-monnaies. Les médias polonais ont rapporté que les sommes perçues allaient de 300 à 10.000 dollars.

« Il s'agit d'une manière moderne, probablement inconnue jusqu'à présent, de conduire ou d'organiser un réseau d'espionnage dans notre pays », a souligné le procureur Piotr Lopatyński.

À noter toutefois que lors de leur inculpation en novembre, ils étaient seize à être formellement accusés. Tous avaient alors reconnu les faits qui leur étaient reproché, mais deux sont depuis revenus sur leur plaidoyer de culpabilité initial, si bien qu'ils seront jugés séparément.

Ce n'est d'ailleurs pas la seule affaire d'espionnage découverte en Pologne en faveur de la Russie. Mi-août, deux Russes avaient aussi été arrêtés après avoir distribués 300 tracts dans des lieux publics de Cracovie et Varsovie, les deux plus grandes villes du pays, renvoyant à des « sites internet de recrutement » pour le groupe Wagner.

(Avec AFP)

Commentaire 1
à écrit le 19/12/2023 à 17:46
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Bonjour, ils y toujours des comiques a faire porter le chapeau... Personnellement, je crainds que la politique conduite a des aberrations judiciaire... Bon l'espionnage industriel et économique existent , mais se ne sont pas des comiques qui dist...

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