Soutien à l’Ukraine : les eurodéputés appellent à renforcer l’aide militaire de l’UE qu’ils jugent trop faible

Par latribune.fr  |   |  1025  mots
Depuis l'invasion russe de l'Ukraine en février 2022, l'UE et les États-Unis ont débloqué des milliards en faveur de l'Ukraine. (Crédits : STRINGER)
Les eurodéputés, réunis ce mardi à Strasbourg, ont réclamé des membres de l'UE qu'ils renforcent de manière significative leur aide militaire à l'Ukraine. Ils la jugent actuellement trop faible et estiment qu'une défaite de Kiev face à la Russie serait aussi celle de l'Europe toute entière. De leur côté, les États-Unis ont assuré le pays du maintien de leur soutien.

L'aide européenne en faveur de l'Ukraine a atteint 27 milliards d'euros depuis l'invasion russe le 24 février 2022, selon la ministre belge des Affaires étrangères, Hadja Lahbib, dont le pays assure la présidence tournante de l'Union européenne. Les Vingt-Sept ont également livré plus de 300.000 obus d'artillerie, 3.300 missiles et passé commande pour 180.000 obus supplémentaires, a-t-elle ajouté.

Un soutien colossal... à conserver. Deux jours avant le vote, prévu ce jeudi, d'un projet de résolution non contraignante appelant l'UE à redoubler d'efforts en faveur de l'Ukraine, des eurodéputés montent au créneau. Les cinq principaux groupes du Parlement ont signé un texte commun appelant les 27 à « tenir leurs promesses et assurer un soutien militaire durable et à long terme à l'Ukraine ».

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Un soutien à booster

L'eurodéputée française Nathalie Loiseau (renew, libéral), co-rédactrice de ce texte, a déclaré que parler d'une « fatigue » de l'Ukraine est « obscène ». Et d'ajouter : « Et moi, si je suis fatiguée c'est par notre lenteur, par nos retards, par notre mollesse à les soutenir dans une guerre qu'il mène pour eux mais aussi pour nous ».

Plus remonté, l'eurodéputé allemand Michael Gahler (PPE, chrétien-démocrate) a fustigé le niveau de l'aide européenne de « scandaleux ». Il ne sert à rien de dire qu'on soutiendra l'effort de guerre ukrainien « aussi longtemps qu'il le faudra », il faut passer des commandes d'armement à long terme, a-t-il souligné, ajoutant que l'Allemagne devait de son côté lever son veto à la livraison de missiles à longue portée Taurus, réclamés par l'Ukraine.

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« L'Ukraine a besoin d'armes, elle nous le dit sans cesse », a rappelé de son côté l'eurodéputé espagnol Pedro Marques (S&D, sociaux-démocrates). L'UE a promis de lui livrer un million d'obus d'artillerie d'ici à fin mars. Mais, cet objectif semble d'ores et déjà hors d'atteinte, selon plusieurs responsables européens.

« La vérité, c'est qu'on n'est même pas capable de produire le million d'obus promis », a déploré l'eurodéputé belge Guy Verhofstadt (Renew, libéral).

Et à l'inverse, la Russie peut compter sur plus de trois millions d'obus par an, entre production et importations en provenance de la Corée du Nord, a-t-il affirmé.

Des promesses aussi outre-Atlantique

Un soutien sans faille à l'Ukraine, c'est aussi ce que promettent les États-Unis ce mardi. Le secrétaire d'État américain Antony Blinken l'a assuré au président Volodymyr Zelensky après une rencontre en marge de la réunion du Forum économique mondial à Davos (Suisse).

« Nous sommes déterminés à maintenir notre soutien à l'Ukraine et nous travaillons très étroitement avec le Congrès » sur le sujet, a-t-il indiqué. « Je sais que nos collègues européens feront la même chose ».

Le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche Jake Sullivan, également présent, a affirmé au président ukrainien que les États-Unis et leurs alliés étaient déterminés « à assurer que la Russie échoue et que l'Ukraine gagne ».

Depuis l'invasion russe de l'Ukraine en février 2022, les États-Unis ont déjà envoyé quelque 44 milliards de dollars d'aide militaire à l'Ukraine, auxquels s'ajoutent plusieurs milliards d'assistance et de soutien économique. L'administration Biden a débloqué son dernier paquet d'aide fin décembre.

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Mais pour la suite, les Républicains conditionnent leur soutien pour une nouvelle enveloppe à un durcissement drastique de la politique migratoire américaine. Certains d'entre eux, notamment l'ancien président Donald Trump - qui fait figure de favori dans son camp pour la campagne présidentielle et a remporté ce lundi soir dans l'Iowa la première des primaires républicaines - affichent leur scepticisme sur cette aide et les chances d'une victoire ukrainienne.

L'administration Biden demande au total au congrès d'approuver une enveloppe de 61 milliards de dollars pour l'aide à l'Ukraine, mais aussi pour Israël et Taïwan, des causes plus populaires chez les Républicains.

Nouvel appel à l'aide de l'Ukraine

Plus que des paroles, l'Ukraine, de son côté, attend des actes. À Davos ce mardi, Volodymyr Zelensky a appelé une nouvelle fois les Occidentaux à livrer davantage d'armes à son pays. Pour le président ukrainien, « les orientations possibles et le calendrier même d'une nouvelle agression russe au-delà de l'Ukraine deviennent de plus en plus évidents ».

Il a notamment demandé que ses alliés occidentaux aident Kiev à gagner la « supériorité aérienne » sur la Russie, en livrant des avions de combat, assurant aussi avoir déjà repris l'avantage face à la flotte de Moscou en mer Noire. « Nos partenaires connaissent nos besoins et en quelle quantité », a-t-il encore assuré.

Le président ukrainien a néanmoins fustigé les appels occidentaux à ne pas conduire le conflit vers une « escalade ». « Pour nous, chaque "pas d'escalade" sonne comme un "Vous vaincrez" pour Poutine », a-t-il lancé. Il a également appelé à placer sous sanctions l'industrie nucléaire russe et à verser à l'Ukraine les avoirs russes gelés en Europe.

Poutine ne se satisfera pas d'un conflit « gelé », avertit Zelensky

Le président ukrainien estime que son homologue russe Vladimir Poutine est un « prédateur » qui ne se satisfera pas d'un conflit « gelé » en Ukraine, où la ligne de front est globalement immobile depuis plusieurs mois, a-t-il déclaré ce mardi à Davos.

« Après 2014, des tentatives ont été faites pour geler la guerre dans le Donbass (est de l'Ukraine). Il y avait des garants très influents, la chancelière allemande (Angela Merkel), le président français (François Hollande). Mais Poutine est un prédateur qui ne se contente pas de produits congelés », a déclaré Volodymyr Zelensky lors de son intervention au Forum économique mondial en Suisse.

Il a accusé le président russe de « tenter de normaliser » les « déportations massives, les villes et villages rasés et le sentiment terrifiant que la guerre ne s'arrêtera peut-être jamais ». « En fait, Poutine incarne la guerre », a-t-il poursuivi, estimant qu'il « ne changera pas ».

(Avec AFP)