Guerre en Ukraine : malgré les dissensions, Berlin envoie une nouvelle aide de 1,3 milliard d’euros

En visite à Kiev, le ministre allemand de la Défense, Boris Pistorius, a annoncé ce mardi une nouvelle assistance militaire de 1,3 milliard d’euros à l’Ukraine. Cette enveloppe conséquente est un message fort de la première puissance européenne, au moment où deux États membres ont annoncé l’arrêt de leur aide à l’Ukraine.
Le ministre allemand de la Défense, Boris Pistorius, a annoncé une nouvelle assistance militaire de 1,3 milliard d'euros à l'Ukraine
Le ministre allemand de la Défense, Boris Pistorius, a annoncé une nouvelle assistance militaire de 1,3 milliard d'euros à l'Ukraine (Crédits : MICHELE TANTUSSI)

Alors que les 27 sont divisés, Berlin réaffirme son soutien à Kiev. Le ministre allemand de la Défense, Boris Pistorius, en visite à Kiev à l'occasion du 10e anniversaire de la révolution pro-occidentale du Maïdan, a annoncé ce mardi une nouvelle assistance militaire de 1,3 milliard d'euros à l'Ukraine, au moment où les Occidentaux cherchent à rassurer sur la pérennité de leur soutien. Il a été suivi peu après par le président du Conseil européen Charles Michel.

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Selon Boris Pistorius, l'aide inclut quatre nouveaux systèmes de défense antiaérienne Iris-T SLM, dont la livraison est prévue pour 2025, et des munitions d'artillerie, dont l'Ukraine a cruellement besoin. Pour rappel, l'Allemagne a déjà livré 3 Iris-T à l'Ukraine et un quatrième appareil est prévu cette année. Quatre systèmes doivent aussi être livrés courant 2024 et ceux promis mardi pour 2025.

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Il n'a cependant rien dit des missiles de croisière, réclamés depuis des mois par l'Ukraine pour frapper positions, entrepôts, centres de commandement et lignes d'approvisionnement russes loin derrière le front. L'Allemagne, qui craint qu'ils puissent être utilisés pour frapper à l'intérieur de la Russie, temporise depuis des mois, alors que Kiev insiste sur le fait que les armes de longue portée sont essentielles pour forcer l'armée russe à battre en retraite.

Berlin rappelle son soutien à Kiev

Le ministre, qui s'exprimait après une rencontre avec son homologue ukrainien Roustem Oumerov, avait dans la matinée assuré l'Ukraine de la « solidarité » de Berlin. Et le message de rappel sur le soutien militaire de l'Allemagne à Kiev n'est pas nouveau. Le 12 novembre, le ministre allemand de la Défense avait déjà annoncé un doublement, à huit milliards d'euros, de l'aide militaire prévue initialement en 2024.

Toutes ces annonces du Bundestag se font dans un contexte de tension sur le maintien des aides militaires. L'Ukraine s'efforce de garantir la poursuite de l'assistance européenne et américaine, alors qu'en Occident des voix s'élèvent pour réclamer la réduction de ce soutien, après bientôt deux ans d'une guerre intense.

En Europe, certains Etats membres commencent à élever le ton. Début novembre, le gouvernement slovaque nouvellement élu a par exemple décidé de bloquer une importante livraison d'armes en Ukraine, qui avait été programmée par l'exécutif précédent. La Pologne a aussi affirmé en septembre qu'elle n'enverrait plus de nouvelles armes et n'assurerait que les livraisons d'armes à l'Ukraine « convenues antérieurement » avec Kiev, après avoir dit la veille vouloir désormais « se concentrer principalement sur la modernisation et l'armement rapide de l'armée polonaise. » Le porte-parole du gouvernement polonais, Piotr Muller, a par ailleurs déclaré récemment que la Pologne pourrait mettre fin l'année prochaine à son aide fournie aux réfugiés ukrainiens dont elle accueille près d'un million.

A l'origine de ce froid entre les pays de l'Europe de l'Est : une querelle autour du blé ukrainien. Les exportations ukrainiennes étaient soumises à un embargo temporaire depuis le printemps dans cinq pays (Pologne, Bulgarie, Hongrie, Roumanie et Slovaquie). Le motif derrière cette limitation : protéger les agriculteurs d'importations accusées de faire chuter les prix sur les marchés locaux. Ces mesures ont permis aux produits concernés de continuer à transiter par ces cinq pays, mais sans pouvoir être vendus sur leurs marchés.

Les Etats-Unis divisés sur le maintien de l'aide à Kiev

Mais les tensions sur cette question se font aussi sentir Outre-Atlantique. Début novembre, le Parlement s'est écharpé car quelques élus Républicains appellent à cesser immédiatement l'aide à Kiev.

Néanmoins, lundi 20 novembre, le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin était à Kiev pour rassurer les dirigeants ukrainiens sur la pérennité du soutien de Washington, annonçant une nouvelle aide militaire pour l'Ukraine de 100 millions de dollars. Cette assistance provient de fonds déjà approuvés par le Congrès américain, dans l'attente du vote d'une nouvelle enveloppe budgétaire pour l'Ukraine réclamée par le président Joe Biden, mais qui reste en suspens en raison de l'opposition d'élus républicains.

Berlin voit son budget 2023 se faire geler

La nouvelle aide de Berlin est d'autant plus surprenante qu'elle se fait dans un contexte très compliqué pour le gouvernement d'Olaf Scholz. Selon l'AFP, le ministère allemand des Finances a annoncé un gel d'une grande partie du budget 2023, en raison de la décision la semaine dernière de la Cour constitutionnelle d'interdire une enveloppe de 60 milliards d'euros. Le gel concerne les « autorisations d'engagement en 2023 », c'est-à-dire de nouvelles dépenses non déjà prévues et qui engageraient l'Etat fédéral dans le cadre de programmes pluriannuels par exemple, a expliqué l'AFP en citant une source proche du dossier. Ceci vise à éviter une accumulation de charges « pour les années à venir », tandis que « les obligations existantes continueront à être respectées », selon la même source.

A l'origine de ce gel, une décision de la Cour constitutionnelle qui a estimé que Berlin avait enfreint la règle dite du « frein à l'endettement ». Inscrite dans la Loi fondamentale nationale depuis 2009, cette règle limite les nouveaux emprunts de l'Etat à 0,35% du PIB chaque année - sauf pour les budgets affectés à des organes dits constitutionnels, comme les deux chambres du Parlement, la Chancellerie et la présidence ou la Cour constitutionnelle. Or la justice allemande affirme que le gouvernement a dérogé à cette règle en utilisant un fonds spécial pour « le climat et la transformation » - non comptabilisé dans le budget -, autorisée pendant la crise sanitaire, mais qui n'a plus lieu d'être, selon elle.

(Avec AFP)

Commentaires 5
à écrit le 22/11/2023 à 10:29
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Pendant trente ans, Casimir Langlois s’est levé à l’aube pour pétrir son pain. Mais lorsque l’heure de la retraite a sonné il y a quelques mois, le boulanger d’Espaly-Saint-Marcel, près du Puy-en-Velay (Haute-Loire), n’a trouvé aucun repreneur. « Bie...

à écrit le 21/11/2023 à 20:33
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Bonjour, dans tous les cas l'Allemagne reste droits dans ses bottes... Elle maintiens sont aide a L'UKRAINE et cela quelque doit la situation economique ou militaire... Maintenant, je regrette que l'Allemagne n'a pas plus développement une defens...

le 22/11/2023 à 9:58
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La France qui prône la Défense européenne a donné quoi à l'Ukraine???? Elle paraît de plus en plus ridicule aux yeux des autres Européens. Sans argent il n'y a pas de puissance. L'Allemagne a déjä denné 17 milliards et la france seulement 500 million...

à écrit le 21/11/2023 à 16:53
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La Russie est en train de gagner cette guerre, c'est de plus en plus évident de jour en jour

le 14/12/2023 à 14:06
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Non l'Occident est en train de perdre la guerre...mondiale parce que naïf, intéressé, cupide, sans honneur. Enfin tout ceci n'est pas vrai quand on parle de l'Allemagne ou de la Grande Bretagne, ou même de la Corée du Sud. 3 Pays qui font encore hon...

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