Trois choses à savoir sur le 19e Congrès du Parti communiste chinois

Le Congrès du Parti communiste chinois, qui se tient tous les 5 ans, est l'occasion pour le secrétaire général Xi Jinping de consolider son pouvoir avant le début de son second mandat. Alors que la Constitution pose une limite de deux mandats présidentiels, l'homme fort du pays pourrait ouvrir la voie à un troisième mandat.
Anaïs Cherif
Cette année, 2.287 délégués sont attendus à Pékin mercredi pour l'ouverture du 19e Congrès du Parti communiste chinois.

Le Palais du peuple à Pékin s'apprête à accueillir mercredi un rendez-vous crucial pour la vie politique chinoise : le 19e Congrès du Parti communiste chinois (PCC). Le gouvernement a lancé une vaste campagne de propagande, recouvrant les rues de Pékin avec des affiches à l'effigie de l'homme fort du pays : Xi Jinping, qui s'apprête à rempiler pour un second - et supposé dernier - mandat.

■ Qu'est-ce que le Congrès ?

Le Congrès du PCC est un événement majeur de la vie politique chinoise. Il se déroule tous les cinq ans, à huis clos, et dure généralement une semaine. Cette année, 2.287 délégués sont attendus à Pékin. Ils sont tous cadres du PCC et membres civils, militaires ou universitaires. Parmi eux, 24 % sont des femmes - soit 3 % de plus qu'au 18e Congrès de novembre 2012, précise Asialyst.

Son but : dicter la ligne directrice à appliquer aux quelque 80 millions de membres du PCC pour les cinq prochaines années. Dans les premiers jours, le leader chinois Xi Jinping doit délivrer un bilan complet de son premier quinquennat - des réformes économiques à la politique étrangère. Il doit ensuite annoncer son agenda pour son deuxième quinquennat. Lors du dernier Congrès, les réformes dictées étaient axées sur la lutte anti-corruption et la "guerre à la pollution".

Parti communiste chinois Statista

(Un graphique de notre partenaire Statista)

■ Quelles instances vont être renouvelées ?

Les principales instances s'apprêtent à accueillir de nouvelles têtes. Tout d'abord, les 205 membres du Comité central doivent être élus. Ils désigneront ensuite les 25 membres du Bureau politique, en charge du PCC. Parmi eux, 7 constituent le Comité permanent du bureau politique - instance suprême. Le président Xi Jinping, ainsi que le Premier ministre Li Keqiang, y siègent.

C'est donc un rendez-vous stratégique pour Xi Jinping, qui pourrait placer des fidèles dans ces hautes instances. Parmi les prétendants aux postes clés, figurent Chen Min'er (57 ans), chef du Parti de la ville géante de Chongqing, et Li Zhanshu (67 ans), directeur de l'office général du comité central - l'équivalent du secrétaire général de l'Elysée.

■ Quel est l'enjeu pour Xi Jinping ?

Le Congrès du PCC est l'occasion pour le secrétaire général de consolider davantage son pouvoir. Il a déjà posé les jalons nécessaires lors de son premier mandat, en obtenant en octobre dernier les pleins pouvoirs. Xi Jinping a été désigné "noyau dur" du PCC - un titre honorifique auquel seul Mao Zedong et Deng Xiaoping (à la tête de la Chine entre 1978 et 1992) ont eu droit avant lui. Xi Jinping est donc officiellement chef du parti, président de la République et commandant en chef des forces armées. Souvent comparé au Grand Timonier, il a adopté une vision très centralisée du pouvoir en développant un certain "culte de la personnalité".

"[Xi Jinping] veut créer un style de leadership très personnalisé pour faire penser qu'il n'y ait pas d'alternative à lui pour faire avancer le pays", explique au Washington Post Rana Mitter, professeur d'histoire et de politique chinoise moderne à l'Université d'Oxford. "Le point de comparaison est Vladimir Poutine, qui dirige également un style très centralisé."

Limité par deux mandats présidentiels, Vladimir Poutine a placé Dmitri Medvedev à la tête de la Russie en 2008, afin de récupérer le pouvoir en 2012. Certains experts estiment que Xi Jinping pourrait suivre les pas de son homologue russe. A 64 ans, celui que les Chinois surnomment "Oncle Xi" doit rempiler pour un second et dernier mandat. Mais il pourrait se servir du Congrès pour lui permettre de se préparer à un troisième mandat - et détenir le pouvoir jusqu'en 2027. Cela reviendrait à supprimer la règle tacite d'âge de départ à la retraite, qui instaure une limite de 68 ans. Il faudrait également modifier la Constitution, prévoyant une limite à deux mandats.

Anaïs Cherif
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