Législatives 2017 : les candidats "En Marche ! ", des jeunes, des femmes... mais aisés

Par Jean-Christophe Chanut  |   |  582  mots
Sur les 524 candidats étiquetés "La République en marche!", 281 n'ont jamais exercé un mandat politique, 50,7% sont des femmes, 60% viennent du privé mais... 68,6% sont issus des classes sociales supérieures.
Les "peut-être plus de 400 députés" La République en Marche (LREM) vont rajeunir et féminiser l'Assemblée nationale. Il vont aussi permettre au secteur privé d'être davantage présent. Pour autant, ils sont très loin de représenter la "France d'en bas".

Renouvellement, rajeunissement, parité, société civile... La déferlante attendue de députés étiquetés La République en Marche (LREM) à l'Assemblée nationale - peut-être plus de 400 - interpelle sur le profil atypique de tous ces impétrants présentés comme, enfin, représentatifs de la « vraie » France. Pourtant, à y regarder de plus près, ce jugement doit être relativisé. Les données fournies par le ministère de l'Intérieur et une étude du Cevipof (Sciences Po Paris) sur le profil des candidats LREM montrent qu'ils apportent, certes un vent de fraîcheur, pour autant, ils restent tout de même assez « typés ».

Une chose est certaine en tout cas, LREM respecte strictement la parité. Sur les 524 candidats soutenus, 50,7 % sont des candidates, soit le meilleur taux de toutes les formations politiques françaises à l'exception du PRG qui présentait 53% de femmes au premier tour du 11 juin. De même, il est exact que les étiquetés LREM sont un peu plus jeunes que la moyenne générale, toutes formations confondues : 47 ans au lieu de près de 49 ans.

Des candidats pas si néophytes que ça en politique

En revanche, dire que la grande majorité des candidats LREM sont  des néophytes de la politique n'est pas exact. Si, en effet, 281 n'ont jamais eu de mandat, en revanche, 243 en ont déjà exercé un (de simple conseiller municipal à député) . Et ils sont plusieurs dizaines a avoir déjà « gravité autour du pouvoir » en tant qu'assistants parlementaires, membres de cabinets ministériels, collaborateurs d'élus locaux, etc. En outre, comme le souligne le Cevipof, près d'un tiers des candidats LREM a fait l'expérience d'une « socialisation politique » en étant à la tête d'une association, de services communaux, d'une Chambre de commerce, etc...

Issus d'un milieu aisé

Quant à être vraiment représentatifs de la société civile... Ce n'est pas vraiment le cas. Certes, il y a des « personnalités », telles que le mathématicien Cédric Villani, la torera Marie Sara, le juge Eric Alphen. Certes également, il y a deux pompiers, deux ouvriers et une dizaine d'agriculteurs. Mais, plus généralement, ce sont les catégories socio-professionnelles supérieures qui sont davantage représentées (à hauteur de 68,6% des candidats). On trouve ainsi, 87 enseignants ou dirigeants d'établissements scolaires, 42 exerçant une profession médicale, 17 ingénieurs, 28 avocats.

En revanche, Emmanuel Macron qui veut faire souffler l'envie d'entreprendre sur les Français sera dignement relayé à l'Assemblée nationale. De fait, d'après une décompte effectué par le quotidien Le Monde, on trouve au moins 155 candidats LREM, soit près d'un sur trois, qui ont leur propre entreprise. Par ailleurs, pour l'anecdote, il n'y a que 32 candidats travaillant dans la... banque ou l'assurance.

Des diplômés du supérieur

Enfin, les candidats de LREM sont plutôt des diplômés du supérieur. 237 sont passés par l'université (essentiellement droit et médecine) ; 49 sortent d'un Institut d'études politiques ; 44 ont fait une école de commerce dont 9 l'Essec et 8 HEC ; 29 ont fait des écoles d'ingénieurs; 10 sortent de l'ENA et 6 ont un brevet de technicien supérieur.

In fine donc, il est exact de dire que les candidats en marche rajeunissent et féminisent le personnel politique. Comme ils permettent une entrée en force du « privé » à l'Assemblée nationale. En revanche, « la France d'en bas », comme disait l'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, ne sera guère mieux représentée qu'auparavant...