PODCAST Ah ça IRA, ça IRA, ça IRA... ou pas ?

HISTOIRES ECONOMIQUES. Les ministres de l’Economie allemand et français se rendent ce mardi à Washington pour plaider la cause de l’Europe face au grand plan américain pour le climat, l'IRA. Écoutez chaque mardi 6h48 la chronique "Histoires Economiques" de Philippe Mabille dans le 5/7 de France Inter.
Philippe Mabille
(Crédits : GONZALO FUENTES)


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Que peut-on espérer de ce déplacement ?... Pas grand-chose dans la mesure où le sujet qui fâche, le fameux IRA ou Inflation Reduction Act, a été voté par le Congrès. L'IRA, qui n'a pas grand-chose à voir avec l'inflation en dépit de son nom, c'est le grand plan climat décidé par Joe Biden pour rattraper le retard pris par les États-Unis dans la transition énergétique.

370 milliards de dollars de subventions publiques sont destinés à réduire les émissions américaines de CO2 de 40% d'ici à 2030. Ces crédits d'impôt vont permettre de construire des parc éoliens en mer, des centrales solaires et surtout des usines de batteries et de voitures électriques sur le sol américain.

C'est la raison de la venue de Bruno Le Maire et de son homologue allemand, Robert Habeck, car les États-Unis comptent bien appliquer la préférence nationale, le fameux America First de Trump repris à son compte par son successeur.

C'est du protectionnisme

C'est même du protectionnisme vert, que les Américains assument depuis longtemps en appliquant des lois territoriales comme le Buy American Act pour les marchés publics. Les Européens craignent que cet IRA favorise des délocalisations massives d'usines vers les États-Unis. C'est extrêmement grave au moment où se bâtissent des projets de gigafactory, des usines géantes de batteries pour l'automobile des deux côtés du Rhin avec des milliers d'emplois industriels à la clef.

L'Europe réclame plus de transparence sur les subventions pour vérifier qu'elles respectent les règles du commerce mondial et permettre que le marché américain ne se ferme pas totalement. L'enjeu est majeur pour l'industrie automobile au moment où elle engage sa transition vers l'électrique. Les États-Unis devraient accepter que les voitures achetées en leasing puissent bénéficier de batteries européennes.

Et face à cette concurrence, pourquoi pas un IRA européen ?

Oui, mais l'Europe procrastine trop. Ce n'est pas tant un problème de moyens : 400 milliards d'euros sont disponibles pour financer la transition verte, sans compter les plans nationaux (54 milliards en France).  Le souci, c'est l'extrême complexité des procédures qui ralentissent les investissements alors que c'est une course de vitesse qui se joue. Un plan de riposte à l'IRA sera examiné au conseil européen de jeudi et de vendredi avec au menu des aides d'État simplifiées.

Sans vouloir dramatiser, l'Europe joue son avenir en tant que puissance industrielle. Si elle échoue, elle risque de sortir de l'histoire au moment où se prépare avec la transition vers l'électrique la plus grande transformation industrielle depuis le 19e siècle.


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Philippe Mabille
Commentaire 1
à écrit le 07/02/2023 à 13:28
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Parler de transition vers l'électrique à un moment où on en manque est vraiment risible Par ailleurs, la France doit protéger son industrie et arrêter de subventionner les voiture construites à bas coût dans les pays de l’Est car c'est cela qui favo...

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