Notre sondage exclusif pour les européennes : Bardella engrange, la Macronie stoppe l’hémorragie

Par Jules Pecnard  |   |  543  mots
Jordan Bardella. (Crédits : © REUTERS/Gonzalo Fuentes)
Dans notre nouvelle étude Elabe pour « La Tribune Dimanche » et BFMTV, la liste de Valérie Hayer se stabilise mais accuse 12 points de retard sur le président du RN.

Il reste trois mois à la Macronie pour rattraper 12 points de retard sur le Rassemblement national. C'est l'enseignement le plus évident de la dernière enquête Elabe réalisée pour La Tribune Dimanche. La liste conduite par Jordan Bardella est désormais créditée de 29,5 % des intentions de vote, soit 2 points de plus en l'espace d'un mois. Celle de Valérie Hayer - cheffe de file désignée récemment par Renaissance - est à 17 %.

Ce chiffre n'est qu'un demi-point supérieur à celui de février, mais il recèle une autre leçon de ce sondage: le camp présidentiel a stoppé l'hémorragie qu'il subit au sein de son électorat depuis le début de l'hiver. « La stratégie de polarisation mise en œuvre par les deux principaux partis fonctionne, décrypte Bernard Sananès, président de l'institut Elabe. Le total Renaissance-RN passe de 44 à 46,5 %. Le phénomène profite beaucoup plus à Jordan Bardella, parce qu'il y a un mécontentement généralisé, une inquiétude à l'égard du contexte international mais aussi sur les questions de pouvoir d'achat, etc. En revanche, la ligne très affirmée d'Emmanuel Macron sur la Russie convainc son socle électoral, notamment les retraités. » Cette stratégie comporte des risques. Rien ne permet de prédire à quel point la guerre à l'Est sera un déterminant du vote le 9 juin, y compris pour les Français se sentant concernés par cette actualité. Le fait d'adopter une posture clivante sur le sujet - en maniant l'ambiguïté sur l'envoi ou l'entraînement de forces occidentales en Ukraine - peut effrayer certains électeurs qui, en d'autres circonstances, auraient voté pour la liste Hayer. La question se pose d'autant plus que, dans l'étude Elabe, l'adhésion au soutien financier à Kiev est en nette baisse par rapport à juin 2023, passant de 50 à 39 % des sondés. Pour reconstituer le socle macroniste, l'exécutif et ses candidats devront agir sur d'autres curseurs que celui de la guerre: seuls 18 % des cadres, électorat historiquement proeuropéen et sensible aux questions budgétaires, disent soutenir la majorité présidentielle. C'est 6 points de moins qu'en février.

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Les gauches reculent

Le corollaire de la polarisation, c'est que tous les autres candidats (ou presque) enregistrent une baisse. À droite, la liste Les Républicains conduite par François-Xavier Bellamy perd 1 point et s'installe à 7 % des suffrages, tandis que celle de Marion Maréchal passe à 4,5 %. Un tel score priverait Reconquête d'élus au Parlement européen. Les pertes de LR profitent plutôt aux macronistes et celles des zemmouristes sont autant de gains pour le RN, qui absorbe près de la moitié du vote en faveur de l'essayiste réactionnaire lors de la présidentielle de 2022. Pour ces formations bloquées à l'ét(i)age du dessous, la broyeuse du vote utile guette toujours. À gauche, les choses demeurent assez fluides. « Pour l'instant, les candidatures Aubry, Toussaint et Glucksmann sont interchangeables, éclaire Bernard Sananès. Dans l'ensemble, les gauches reculent. Le fait que les questions internationales et migratoires dominent l'actualité ne leur facilite pas la tâche. »