Européennes : Macron choisit Valérie Hayer

Alors que le scrutin du 9 juin s’annonce délicat pour son camp, le chef de l’État mise sur une eurodéputée de 37 ans pour mener la bataille. Coulisses d’une décision difficile à prendre.
Ludovic Vigogne
Emmanuel Macron et Valérie Hayer.
Emmanuel Macron et Valérie Hayer. (Crédits : © NICOLAS ECONOMOU/NURPHOTO/AFP)

Ce sera officiel dans les jours qui viennent. Valérie Hayer sera la tête de liste du camp présidentiel aux élections européennes. Emmanuel Macron a arrêté son choix. Dès mardi, il a fait connaître sa préférence pour cette députée européenne sortante à François Bayrou, qu'il a reçu longuement. Il en informera Édouard Philippe la semaine prochaine de vive voix. Lundi, le patron d'Horizons et celui du MoDem avaient été conviés à dîner à l'Élysée. Mais prévenus de ces agapes seulement la veille, ni l'un ni l'autre n'avaient pu s'y rendre. L'ancien Premier ministre était à la même heure dans un avion qui le conduisait à La Réunion, où il s'apprêtait à effectuer un déplacement. Le maire de Pau était retenu dans sa ville, comme chaque début de semaine. Ce soir-là, le président n'avait donc partagé sa table qu'avec son cercle ultra-rapproché.

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Un peu plus tôt dans la journée, Emmanuel Macron avait vu Jean-Yves Le Drian. Ces dernières semaines, l'ancien ministre des Affaires étrangères représentait à ses yeux la meilleure option pour mener la bataille du 9 juin. Face à des têtes de liste issues de la nouvelle génération (Jordan Bardella, Raphaël Glucksmann, François-Xavier Bellamy, Marion Maréchal), Jean-Yves Le Drian incarnait l'expérience. C'était aussi un Breton. Or la Bretagne sera l'une des clés du scrutin. Dans ce qui était jusqu'à présent une zone de force, la Macronie est menacée de pertes sur son flanc gauche. Depuis des semaines, le chef de l'État porte sur elle une attention particulière. Avant Noël, lors d'un Conseil des ministres, il avait alerté ses troupes : « En Bretagne et dans les Hauts-de-France, on joue gros. Il y a eu de très importants sinistres dus aux intempéries ces dernières semaines. Si nous sommes nuls sur les réparations et les indemnisations, on le paiera cash aux européennes. »

Comme le président, François Bayrou était également convaincu que Jean-Yves Le Drian était la meilleure carte dont disposait dans son jeu la majorité. « Dans un temps où l'on parle de paix ou de guerre, il faut une parole lourdeestimait-il. C'est la personne indiquée pour faire cela. » Le patron du MoDem a rencontré l'ancien ministre des Affaires étrangères pour essayer de le persuader de s'engager. Richard Ferrand l'a également vu. Cet autre Breton était un des émissaires du président. Mais face à eux, Jean-Yves Le Drian n'a rien voulu entendre. Lundi, c'est à Emmanuel Macron qu'il a dit non. À 76 ans, il lui a expliqué être trop âgé pour un tel combat. Retiré de la vie politique depuis deux ans, il lui a également assuré craindre de ne plus être suffisamment affûté sur tous les sujets. L'ancien locataire du Quai d'Orsay a néanmoins accepté de jouer un rôle de premier plan dans la campagne.

Pour le locataire de l'Élysée, ce casting européen n'aura pas vraiment été une formalité. Il y a les autres refus qu'il a essuyés avant celui de Jean-Yves Le Drian. Au sein de la majorité, Bruno Le Maire était pour beaucoup la tête de liste parfaite. Mais le ministre des Finances a repoussé toutes les approches dont il était l'objet. Par la suite, Emmanuel Macron n'a pas réussi à enrôler Julien Denormandie. Alors que la crise paysanne n'en finit pas d'empoisonner le quotidien de l'exécutif, l'ancien ministre de l'Agriculture n'aurait-il pas pourtant été la solution rêvée ? Il y a les refus que le chef de l'État a opposés. Il n'a ainsi pas donné suite aux offres de service de l'ex-ministre des Transports Clément Beaune, très identifié sur les questions européennes. Il ne voulait comme tête de liste ni d'un Parisien ni d'un député, puisque son élection aurait provoqué une législative partielle, forcément risquée.

Dans la campagne qui vient, la jeune eurodéputée pourra compter sur un allié de poids: le chef de l'État lui-même

Ce sera donc Valérie Hayer. Depuis l'automne, son nom figurait sur la liste des solutions possibles. Si c'est une inconnue du grand public, elle a réussi à s'imposer au Parlement européen. À la suite de la nomination de Stéphane Séjourné au ministère des Affaires étrangères le 11 janvier, elle est parvenue à se faire élire à la présidence du groupe Renew, qu'il détenait jusqu'alors. Au sein de l'état-major de Renaissance, elle était très soutenue. Ces derniers jours, elle était également le choix de Gabriel Attal. Le Premier ministre jugeait que la désignation de cette élue de 37 ans venue du centre droit permettrait de montrer la capacité de la majorité à trouver de nouvelles têtes. Sur son CV, deux autres lignes ont plaidé en sa faveur. Valérie Hayer est implantée en Mayenne, donc à l'Ouest. Elle est fille d'agriculteurs ; un plus dans le contexte actuel. Sera-t-elle à la hauteur du défi ? « J'ai dit au président que le seul job de la tête de liste, c'était de débattre face à Jordan Bardella sur France 2 », rapportait récemment un des membres de son entourage. Cet hiver, Emmanuel Macron a reçu Valérie Hayer. Il a visiblement jugé que oui.

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Dans la campagne qui vient, la jeune eurodéputée pourra néanmoins compter sur un allié de poids: le chef de l'État lui- même. Celui-ci a en effet décidé de s'investir totalement. Depuis 2017, l'Europe est constitutive de son identité. Des résultats du 9 juin dépendront les conditions de la fin de son mandat à l'Élysée. Or, à cent cinq jours du scrutin, la situation est aujourd'hui très préoccupante. Dans les sondages, la liste de la majorité est passée sous les 20 % et elle est très largement devancée par celle du RN. Et puis, Emmanuel Macron n'entend pas laisser toute la lumière à Gabriel Attal, dont le duel avec Jordan Bardella attire déjà les regards. L'engagement du chef de l'État se présentera dès le début avec le premier meeting du camp présidentiel programmé à Lille, le 9 mars. Ira-t-il jusqu'à s'y rendre et prendre la parole ? Son investissement se verra à la fin. À l'occasion des cérémonies du 80anniversaire du débarquement en Normandie, les 5, 6 et 7 juin, il accueillera la planète et disposera d'une tribune à nulle autre pareille. « Le 6 juin, ce seront les derniers meetings de campagne et il y aura du Macron partout », s'agace déjà Marion Maréchal, qui défend les couleurs de Reconquête.

Au-delà de la première place, le chef de l'État s'occupe également de très près du reste de la composition de la liste. Stéphane Séjourné devrait être en deuxième position. L'eurodéputée sortante MoDem et élue de Bretagne Marie-Pierre Vedrenne sera numéro trois. Pascal Canfin, le président de la commission environnement au Parlement européen, et Gilles Boyer, bras droit d'Édouard Philippe, seront aux avant-postes. Président du Parti radical, Laurent Hénart figurera dans les quinze premiers. Un représentant de l'UDI sera également en bonne place. La formation centriste dirigée par Hervé Marseille, qui en 2019 avait fait sa propre liste, menée par Jean-Christophe Lagarde, et récolté 2,5 %, est cette fois en négociations avancées avec la Macronie. En coulisses, l'ancien ministre du Travail Olivier Dussopt, redevenu député, sera, lui, impliqué dans la coordination de la campagne et dans l'organisation de Renaissance, le parti présidentiel.

Ludovic Vigogne
Commentaires 8
à écrit le 26/02/2024 à 16:47
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peu importe la personne designée en général le nombre de votant en connaissance de cause sur l'Europe est peu nombreux. Le vote anti politique en place est en général le plus important. Cette année le coté politique sera certainement le bulletin maje...

à écrit le 26/02/2024 à 9:10
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la débâcle annoncée !

à écrit le 26/02/2024 à 8:10
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Avec Mme Hayer c'est la déculottée majuscule en juin. Avec l'ecolo bobo fils de au PS qui nous bassine avec l'Ukraine ça va être top aussi. Mme Toussaint et son écologie punitive va t elle atteindre 5 %? En résumé on va rigoler de voir le RN se ...

à écrit le 26/02/2024 à 6:22
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les représentants du fn et de lrem n'ont jamais travaillé ni dans une entreprise ni même dans une association, des bavards quoi....

le 26/02/2024 à 8:40
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au lieu de critiquer ceux qui vote a droite voir memes les elus et de noircir .leur intentions m macron vous avez la fonction depuis 7ans et vous ne faite pas du tout le job que les Français vous demande. ce job n'est pas de vous faire plaisir ni d...

à écrit le 25/02/2024 à 18:03
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Ben Poutine et Medvedev veulent officiellement que le FN gagne afin de depecer l union de l interieur, on gardera la france en dessert

à écrit le 25/02/2024 à 10:21
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Une fille d'agriculteurs.

à écrit le 25/02/2024 à 9:23
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Bref Macron veut que le RN gagne les européennes alors que c'était déjà cousu de fil blanc.

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