Élections européennes : Thierry Breton tacle la seconde candidature d'Ursula von der Leyen

Dans un post sur le réseau social X (ex-Twitter), le commissaire français au Marché intérieur a mis en doute la capacité de l'actuelle présidente PPE de la Commission à obtenir un large soutien pour concrétiser un deuxième mandat. Interrogée, une porte-parole de la Commission répond qu'il est dans son droit d'exprimer une opinion personnelle, mais assure qu'un rappel à l'ordre sera adressé aux commissaires sur leur implication dans la campagne. Officiellement, le commissaire français qui appartient au groupe Renew Europe n'est pas candidat à la présidence de la Commission.
« Le PPE lui-même ne semble pas croire en sa candidate », a encore taclé le commissaire français au Marché intérieur.
« Le PPE lui-même ne semble pas croire en sa candidate », a encore taclé le commissaire français au Marché intérieur. (Crédits : ISSEI KATO)

Dans l'arène relativement feutrée des commissaires européens, ce genre de tacle reste assez rare. Ce vendredi, dans un tweet au ton inhabituel de sa part, le commissaire européen Thierry Breton a mis en doute l'ampleur du soutien dont bénéficie la candidature de l'actuelle présidente de la Commission, Ursula von der Leyen. Pour rappel, cette dernière a été investie hier par son camp européen, le PPE, en vue d'un second mandat.

« Malgré ses qualités, Ursula von der Leyen est mise en minorité par son propre parti. La vraie question désormais : est-il possible de reconfier la gestion de l'Europe au PPE pour 5 ans de plus, soit 25 ans d'affilée ? », a ainsi écrit Thierry Breton jeudi soir sur le réseau social X.

« Le PPE lui-même ne semble pas croire en sa candidate », a ajouté le commissaire français au Marché intérieur, issu du groupe Renew Europe (centristes et libéraux), et qui travaille régulièrement avec le PPE dans la mandature actuelle.

Thierry Breton a parlé de « minorité » en rapportant ce nombre de 400 votes favorables au nombre total de 801 délégués disposant de certains droits de vote lors du congrès. Mais selon le PPE, seuls 737 délégués avaient le droit de voter pour l'élection de la candidate, et 591 étaient effectivement inscrits.

Mise au point du secrétariat de la Commission

Cette pique du commissaire français, membre de Renew Europe en période de campagne pour les élections européennes, est le signe de la montée d'une fracture au sein de la coalition majoritaire au Parlement européen. Elle intervient en réaction après une pique publique de Manfred Weber, le président allemand du PPE, contre Emmanuel Macron « en mettant à bas les anciens partis n'a fait que renforcer l'extrême-droite en France », accusant implicitement les libéraux de Renew d'être à l'origine de la montée du populisme en Europe.

Cette sortie a conduit l'exécutif européen à faire un rappel des règles de conduite. Interrogée ce vendredi sur les commentaires de Thierry Breton, une porte-parole de la Commission a indiqué qu'il s'agissait « d'une remarque faite à titre personnel, et non en sa qualité de commissaire ». Selon elle, « Thierry Breton est dans son droit d'exprimer son opinion », sous-entendu parce qu'il n'est pas, en tout cas pas offciellement, candidat lui-même à la tête de la Commission. Mais, face à cette division apparue au sein de l'exécutif européen, elle indique que « le secrétaire général de la Commission va envoyer un rappel à tous les commissaires sur les directives qui ont été définies pour la période de campagne électorale qu'ils doivent respecter », a poursuivi Veerle Nuyts, lors du point de presse quotidien.

« Nous demandons aux commissaires de faire preuve de discernement dans l'application de ces règles », a-t-elle ajouté.

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Le PPE n'a pas non plus tardé à réagir. Thanasis Bakolas, son secrétaire général, a posté la réponse suivante sur le réseau social X : « Merci, monsieur le commissaire Breton, pour votre intérêt pour le PPE et notre tête de liste. Je sais que les libéraux sont inquiets à propos des prochaines élections européennes - n'ayant aucune vision, aucun message, aucune pertinence. (...) »

Von der Leyen soutenue par son camp

Pour rappel, Ursula von der Leyen a vu sa candidature entérinée lors d'un congrès à Bucarest du Parti populaire européen (PPE), première force politique au Parlement européen et qui fait figure de favorite des élections prévues du 6 au 9 juin. Il y a un peu plus de deux semaines, celle qui dirige la Commission depuis 2019, avait officialisé sa candidature lors d'une conférence de presse. « Je prends aujourd'hui une décision consciente et réfléchie : je souhaite me présenter pour un deuxième mandat », avait alors déclaré la responsable politique allemande.

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Peu avant, elle avait déjà reçu le soutien de son camp en Allemagne, le parti conservateur (CDU), dont elle est membre. « Nous devons continuer à nous défendre contre ceux qui nous divisent de l'intérieur et de l'extérieur, nous devons nous renforcer (...) c'est la tâche que je me suis fixée », avait-elle ajouté.

Ursula von der Leyen avait été élue d'une courte tête il y a cinq ans, après avoir été imposée comme candidate surprise par les chefs d'Etat et de gouvernement. Cette fois-ci, la cadre politique âgée de 65 ans, part en campagne avec une longueur d'avance. En effet, le Parti populaire européen (PPE), dont fait partie la CDU allemande, compte le plus de chefs d'Etat et de gouvernement au sein de l'UE et devrait arriver en tête des élections, selon les sondages.

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Mais à quatre mois du scrutin européen, les défis de celui ou celle qui prendra la présidence de la Commission sont grands. Les partis d'extrême droite ne cachent pas leurs ambitions, portés par les inquiétudes des Européens face au ralentissement économique, aux réglementations sur l'environnement ou à la politique d'asile.

Plusieurs sondages font état d'une forte poussée du groupe Identité et Démocratie (ID), qui réunit le parti Rassemblement national (RN) de Marine Le Pen, le Vlaams Belang belge, l'AFD allemand ou encore le FPÖ autrichien.

(Avec AFP)

Commentaires 10
à écrit le 09/03/2024 à 13:10
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Un sacré concours d'incompétence entre les deux. Von der Leyen a été choisie parce que en Allemagne personne ne voulait plus d'elle comme ministre et Breton a ruiné Atos avec une serie d'acquisitions hazardeuses et une vision totalement en retard sur...

à écrit le 09/03/2024 à 10:45
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Sera t'elle élue à vie comme Poutine ?

à écrit le 09/03/2024 à 9:20
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Bonjour, avec la prochaine élection européenne les politiques q De tous la classe politiques est en effervescence... Les zelos sont sur les sites médiatique... Ils faut voter pour eux... Mais notre choix est fait depuis un certain temps... Pour...

à écrit le 09/03/2024 à 8:57
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"Quand le sage montre l'horizon du doigt l'imbécile regarde le dogit" Proverbe chinois. Breton mais de façon parfaitement logique le problème judiciaire de Van Layen comme obstacle à sa réélection, comme chez tous les gens normaux et les autorités eu...

à écrit le 08/03/2024 à 23:04
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Le suicide du monde occidental continue ...

à écrit le 08/03/2024 à 19:20
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Si pour tous les postes il n'y avait qu'un mandat il n'y aurait pas de souci pour se faire réélire.

à écrit le 08/03/2024 à 18:52
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Il serait plus utile qu'à 65 ans, elle prenne sa retraite pour préparer sa défense dans les affaires de corruption qui la concernent. Sans compter que ses résultats sont plutôt limités

à écrit le 08/03/2024 à 16:46
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Quel monde étrange et effrayant tout de même ! Aux USA, le parti démocrate n'a pas d'autre candidat qu'un octogénaire sénile (et qui a par ailleurs suffisamment de valises pour être destitué) et le camp républicain ne semble pas mieux loti, recondui...

le 08/03/2024 à 22:34
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@Christophe - 34. Formidable analyse que je soutiens 👍👏

le 09/03/2024 à 15:04
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Infos accessibles à tout le monde? En Allemagne, l´affaire des SMS comme ministre de la défense, il y a eu des articles. Que les entreprises où son mari est actif reçoivent des subventions de l´UE, on peut trouver l´information. Mais l´affaire des SM...

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