Hamon vainqueur de la primaire, ça va tanguer au PS

Par Jean-Christophe Chanut  |   |  668  mots
Benoît Hamon remporte la primaire du PS avec environ 59% des voix. Il va devoir faire face à la "fronde" de parlementaires tentés de partir rejoindre Emmanuel Macron.
Benoît Hamon a largement remporté la primaire socialiste avec près de 59% des voix.

C'est fait, le "troisième homme" s'est imposé dans la primaire de "La belle alliance populaire" (BAP), organisée par le parti socialiste et ses alliés. A l'instar de François Fillon à droite, Benoît Hamon qu'on attendait pas a priori à pareil fête s'est imposé face à l'autre finaliste Manuel Valls avec environ 58,87 % des voix selon l'organisation de la primaire socialiste, confirmant ainsi des données avancées par La Tribune dès 19h45.

Si la victoire est nette, le plus dur commence maintenant pour le député des Yvelines. Il va lui falloir rassembler pour éviter un éclatement du PS. Car l'heure de la clarification au sein du parti né à Epinay semble arrivée.

Fronde à attendre de l'aile droite du PS

L'exercice s'annonce très difficile. En effet, plusieurs dizaines de parlementaires représentant "l'aile droite" du parti pourraient annoncer dès lundi 30 janvier ou mardi 31 janvier  - un certain nombre de réunions sont attendues - leur ralliement à Emmanuel Macron. Ils rejoindraient en cela Gérard Collomb, sénateur maire de Lyon, qui, lui, a déjà pris les devants et a une nouvelle fois ce dimanche 29 janvier confirmé son choix en faveur de l'ancien ministre de l'Economie.

La semaine dernière, ces députés, proches notamment de Manuel Valls (mais pas que), s'étaient réunis pour se mettre d'accord sur le contenu d'un communiqué commun en cas de victoire de Benoît Hamon dont ils ne veulent pas défendre le programme. Parmi eux, on peut notamment citer les députés de la Gironde, Gilles Savary, et de l'Eure, François Loncle.  Ce dernier a d'ailleurs confirmé sur les plateaux TV,  qu'il se sentait plus proche d'Emmanuel Macron. C'est l'importance de ce mouvement qui va être scruté par Benoît Hamon et ses proches. Seront-ils 40, 50, 60, une centaine? Sachant que ces départs pourraient se produire par vagues successives et non d'un seul bloc. Il ne faut pas en effet oublier que derrière l'élection présidentielle se profilent les élections législatives.

Le nouvel homme fort du PS va avoir une semaine très chargée. Il espère qu'avec une participation finale à la primaire qui pourrait approcher les deux millions de votants, il aura alors une légitimité pour engager des discussions avec Jean- Luc Mélenchon... et Emmanuel Macron. Mais ce grand écart pour parvenir à une union de toute la famille "progressiste" paraît bien difficile. Benoît Hamon va surtout s'employer dans un premier temps à tenter de rallier dans son équipe de campagne toutes le sensibilités du PS. Là aussi, l'exercice va être périlleux.

Une convention le 5 février, en espérant une dynamique, sinon...

Pour tenter l'unité, le PS devrait organiser une grande convention le 5 février. Après, Benoît Hamon ne disposera que de quelques semaines pour mesurer si son élection a suscité une dynamique. Il ne pourra pas trop compter sur Manuel Valls pour le soutenir, même si celui-ci a tout de suite rencontré Benoît Hamon au siège national du PS. Manuel Valls a aussi assuré le service minimum en déclarant que Benoît Hamon "était maintenant le candidat de notre famille politique". L'appelant immédiatement au "rassemblement". Mais l'ancien premier ministre a aussi ajouté que "les germes de la décomposition politique sont là"!

Pour sa part, Benoît Hamon a tout de suite appelé à l'unité, non seulement au sein des socialistes mais aussi en tendant la main aux écologistes de Yannick Jadot et à Jean-Luc Mélenchon en leur proposant un  "contrat de gouvernement".

En tout état de cause, en mars, s'il s'avère que le candidat socialiste reste scotché à la cinquième place dans les sondages sur les intentions de vote à la présidentielle, alors l'heure des choix douloureux viendra. Benoît Hamon devra dire s'il persiste à vouloir aller jusqu'au bout ou bien s'il se désiste pour un autre candidat mieux placé dans les sondages pour faire barrage à la droite et l'extrême droite....