Journal de campagne : Valls et Macron sur le même créneau social-libéral

Par Jean-Christophe Chanut  |   |  505  mots
Manuel Valls et Emmanuel Macron se disputent le créneau "social-libéral". Mais l'ancien ministre de l'Economie, dont la candidature à la présidentielle ne passe pas par la primaire socialiste, une parole beaucoup plus libre que Manuel Valls qui doit "rassembler" les socialistes.
La Tribune publie son "journal de campagne" quotidien, reprenant les principaux faits et déclarations des candidats (et de leurs soutiens) à la présidentielle de 2017. Aujourd'hui : le duel à distance que se livrent Macron et Valls.

Manuel Valls et Emmanuel Macron, c'était un peu le match à distance du week-end. Le premier a accordé un long entretien au Parisien-Dimanche, alors que le deuxième tenait un meeting Porte de Versailles à Paris qui aurait rassemblé 15.000 personnes. Les deux tentent d'occuper le même créneau politique, celui du social-libéralisme. Les deux pensent que le Parti Socialiste, version Epinay, vit son crépuscule. Mais les deux n'ont pas la même stratégie.

Un même créneau... deux stratégies

Pour l'ancien ministre de l'Economie, pas question de passer par la case primaire du parti socialiste et de ses alliés. Lui se définit comme « progressiste » et « ni de droite ni de gauche ». Alors que l'ancien Premier ministre a fait le difficile pari de se présenter à cette primaire socialiste où il doit affronter deux figures de l'aile gauche du parti, ses deux anciens ministres, Benoit Hamon et Arnaud Montebourg... Mais aussi maintenant Vincent Peillon, lui aussi ancien ministre, et qui se pose en représentant de la ligne centrale du PS. D'ailleurs, l'ancien ministre de l'Education nationale commence déjà à engranger des soutiens, tels ceux de la maire de Paris Anne Hidalgo et des députés Patrick Bloche (Paris) et Patrick Mennucci (Marseille). Pour Manuel Valls, la partie est difficile. Lui le théoricien des « gauches irréconciliables » est maintenant obligé de donner des gages afin de séduire de nouveau un électorat socialiste dont il a besoin. Il parle donc dans on entretien au "Parisien Dimanche" de baisser les impôts des classes populaires et moyennes. Il évoque un rétablissement de de la « demi-part des veuves » supprimée par Nicolas Sarkozy. Il continue de plaider pour un revenu  minimum de 800 euros ; accorder à tous « sous condition de ressources ». En revanche, on n'entend plus Manuel Valls vociférer sur les 35 heures... et il n'exclut pas de rétablir la défiscalisation des heures supplémentaires...

Il n'empêche, pour beaucoup, notamment Benoit Hamon, ce « nouveau » Manuel Valls n'est pas très crédible.

Macron pour une nouvelle baisse du coût du travail

Emmanuel Macron, lui, Porte de Versailles s'est présenté comme le « candidat du travail », souhaitant plus de pouvoir d'achat pour les salariés, via la suppression des cotisations chômage et maladie (part salariale).... Une proposition qui aurait d'ailleurs des conséquences assez drastiques.

En substitution il évoque une augmentation de la CSG. Il veut aussi pérenniser le crédit d'impôt compétitivité emploi (CICE) en le transformant en baisse pérenne de cotisations sociales pour les entreprises (d'environ six points supplémentaires). Il veut aussi laisser le plus de place possible aux accords d'entreprise et de branche pour fixer les normes sociales... Rien de très nouveau sur le fond.

Mais il est certain que sur ce créneau social-libéral, Emmanuel Macron, davantage libre dans sa parole, est en passe de prendre une longueur d'avance sur Manuel Valls, qui, lui, doit prendre soin de ne pas définitivement froisser les socialistes.