Présidentielle 2017 : quelles valeurs sont associées aux candidats

Par Jean-Christophe Chanut  |   |  498  mots
De tous les candidats à la présidentielle, Marine Le Pen est celle qui est la plus associée à la défense de certaines valeurs, en l’occurrence le "patriotisme" ou "l'autorité". Emmanuel Macron, lui, porte davantage la valeur "travail".
A la différence des scrutins précédents, les Français ressentent moins le fait qu'un candidat porte particulièrement une valeur donnée. Ainsi, les candidats de droite sont nettement moins associés à la valeur "autorité" et ceux de gauche à celle de "solidarité".

Décidemment cette élection présidentielle s'avère atypique. Non seulement à guère plus d'un mois du premier tour, il n'y a jamais eu autant d'indécis mais, en plus, les potentiels électeurs sont moins enclins à attribuer aux candidats la défense de telle ou telle valeur. Ainsi, en 2012 encore, classiquement, les candidats de droite étaient sensés incarner « l'autorité »,  « la sécurité », alors que l'électeur associait davantage aux candidats de gauche les notions de « solidarité, « d'humanisme ». Or, un intéressant sondage réalisé par l'Institut Viavoice et l'agence de communication Wellcom* montre qu'à la faveur de la recomposition politique en cours, les clivages sont en 2017 nettement moins marqués et que les Français ressentent moins le fait qu'un candidat porte particulièrement une valeur donnée, à l'exception de Marine Le Pen, voire d'Emmanuel Macron.

"L'autorité" n'est plus vraiment l'apanage de la droite...

Certes, la notion « d'autorité », avec 44% des réponses, reste la première valeur spontanément associée à la droite, mais elle connaît un net recul par rapport au scrutin de 2012, où elle totalisait 62% des citations. Idem pour la notion de « Sécurité » traditionnellement aussi liée à la droite, c'était le cas à 45% en 2012, et seulement à 37% cette année. La notion de « patriotisme », elle, passe de 43% à 37%. Il est vrai qu'à la différence de 2012 où le candidat Sarkozy martelait tous ces sujets, c'est nettement moins le cas, pour l'instant du moins, avec François Fillon.

... et la "solidarité" est nettement moins associée à la gauche

Mais la gauche non plus n'est pas épargnée par la chute des valeurs qui lui sont associées. Ainsi, la « solidarité » n'est plus considérée qu'à 40% comme une valeur liée à la gauche, en chute de 16 points par rapport à 2012, tout comme « l'humanisme », qui recule de 46% à 34% et la  « générosité » (32% au lieu de 43%). Enfin, cinq autres valeurs qui recueillaient des scores supérieurs à 30% sont maintenant en-dessous : « fraternité », « égalité », « proximité », « équité » et « liberté ». Là, aussi, la déception du quinquennat de François Hollande se fait sentir.

Le Pen associée au "patriotisme" et Macron au "travail"

Si, maintenant, on rentre dans le détail, Il a été demandé aux sondés quelle valeur défendue correspondait le mieux aux candidats. Jean-Luc Mélenchon est ainsi principalement associé aux valeurs de « combattivité » (29%) et d' « humanisme » (29% également). C'est la « solidarité » qui prime chez Benoît Hamon (28%) et "l'humanisme" (22%). Emmanuel Macron porte, lui, de manière très marquée trois valeurs : le « travail » (35%), la « combattivité » (31%) et la « performance » (30%). François Fillon incarnerait davantage la « tradition » (38%), « l'autorité » (34%) et le « travail » (29%).

Enfin, Marine Le Pen est associée fortement à cinq valeurs : « patriotisme » (50%), « autorité » (43%), « tradition » (39%), « sécurité » (37%) et « combattivité » (33%).

Marine Le Pen et Emmanuel Macron se caractérisent donc par une dynamique d'identification plus forte que les autres candidats. Il n'en reste pas moins que, globalement, les valeurs deviennent davantage transpartisanes. On assiste en fait à une certaine dilution.

*Sondage réalisé du 6 au 9 février 2017 auprès d'un échantillon de 1.017 personnes.