Présidentielle 2017 : Macron se fait siffler par les maires de France

Par Jean-Christophe Chanut  |   |  750  mots
Emmanuel Macron s'est fait siffler par les maires de France en proposant de supprimer la taxe d'habitation et en leur demandant de tailler dans les dépenses de fonctionnement des communes.
Devant l'Association des maires de France, Emmanuel Macron a réitéré son souhait de supprimer la taxe d'habitation de 80% des Français et de la compenser par une dotation de l'Etat. Une proposition sifflée par les maires alors que la taxe d’habitation représente 36% de leurs ressources fiscales.

La confrontation était attendue et elle a tenu ses promesses. Emmanuel Macron, le candidat du mouvement En Marche ! s'est fait siffler par les maires de France lorsqu'il a renouvelé son idée de supprimer la taxe d'habitation pour 80% des Français. L'Association des Maires de France (AMF) organisait ce 22 mars un « grand oral » où chacun des onze candidats à la présidentielle était invité à préciser ses intentions sur l'avenir des communes et des intercommunalités et, plus précisément, à se prononcer sur la quinzaine d'engagements adoptés par l'AMF.

Nathalie Arthaud et Jean Lassalle applaudis...

Un grand oral où il y a eu des surprises. Ainsi, qui aurait cru que Nathalie Arthaud, la candidate trotskyste de Lutte Ouvrière, se ferait copieusement applaudir ! Ce fût pourtant le cas quand elle a évoqué le rôle irremplaçable des « petits maires » ou quand elle a expliqué que la baisse des dotations avaient d'abord des conséquences sur la vie des « petites gens ». Jean Lassalle, l'élu centriste des Pyrénées a aussi reçu un accueil chaleureux.

En revanche donc, quand Emmanuel Macron s'est présenté à son tour, le climat s'est tendu. Il faut dire que l'ancien ministre de l'Economie a réitéré son souhait de supprimer la taxe d'habitation (TH) en trois ans - un impôt « injuste » à ses yeux -, ce qui représenterait une perte de 10 milliards d'euros de recettes pour les communes et les intercommunalités, soit 36% de l'ensemble de leurs ressources propres.

... et Emmanuel Macron sifflé !

À peine avait-il formulé son idée que les sifflets ont retenti. « Je ne viens pas devant les maires de France pour me faire siffler, je viens ici pour expliquer pourquoi et comment », a rétorqué le candidat de En Marche ! qui a aussi ajouté qu'il ne « venait pas pour mentir ». Il a ainsi tenté d'expliquer que l'Etat rembourserait aux collectivités « à l'euro près » le manque à gagner. Mais Emmanuel Macron n'a pas semblé pas comprendre que, justement, les maires réclament davantage d'autonomie fiscale et ne plus dépendre de l'Etat. Pour tenter de calmer les esprits, l'ancien résident de Bercy a aussi expliqué que les maires conserveront leurs pleins pouvoirs sur les taux de la TH mais que les éventuelles augmentations ne seront pas prises en charge par l'Etat , « mais par les contribuables »... Ce n'est pas cela qui allait arranger son cas.

Emmanuel Macron a même aggravé les choses en expliquant que les collectivités locales devront faire un effort pour limiter leurs dépenses à hauteur de 10 milliards d'euros. Certes, il ne baissera pas les dotations mais il demande aux communes de baisser leurs dépenses de fonctionnement. De nouveau, les sifflets ont fusé. Et ce n'est pas son engagement d'allouer 10 milliards d'euros aux collectivités locales pour soutenir leurs investissements qui a calmé les esprits.

« Si les candidats à l'élection présidentielle ne sont là que pour servir des arguments qui plaisent aux audiences devant lesquelles ils se rendent, ils ont le choix. Soit de ne pas s'y rendre [...]. Soit de faire plaisir à tout le monde et on ne fait plus grand chose », a lancé le candidat d' En marche! à sa sortie.

Fillon baissera encore la dotation de 7,5 milliards d'euros

Paradoxalement, François Fillon, lui, a presque été épargné quand il a annoncé devant les maires qu'il procéderait à une nouvelle ponction sur les dotations :

« L'objectif, c'est une baisse des dotations d'un milliard et demi d'euros par an, soit 7,5 milliards sur les cinq ans. »

En compensation, le candidat "Les Républicains" s'est engagé à accorder « un bonus de dotation » aux collectivités qui maîtriseront leurs dépenses de fonctionnement. Il a su aussi séduire les maires en s'engageant à abroger la loi aménageant les rythmes scolaires...

Sinon, du grand classique. David Rachline (Front National) a caressé les maires dans le sens du poil en expliquant qu'il ne fallait plus imposer par la force des intercommunalités et que, au contraire, celles-ci devaient dépendre du « libre choix » des maires. Une position également globalement adoptée par Nicolas Dupont-Aigan qui propose aussi d'augmenter la dotation d'équipements des communes rurales de moins de 500 habitants, via une affectation de la réserve parlementaire. Quant à Benoit Hamon (PS), promis juré, les élus locaux seront systématiquement consultés avant toute décision touchant aux collectivités locales.

François Baroin, président de l'Association des maires de France, qui attendait des candidats  « des engagements forts » a été servi... surtout de la part d'Emmanuel Macron.