
C'était une de ses propositions choc en 2017. L'instauration d'un régime universel par points, quel que soit le métier, le statut. Chaque euro cotisé devant donner les mêmes droits. Une idée révolutionnaire selon Emmanuel Macron, qui finalement.... l'abandonne. « Le système par points n'a pas forcément été très simple, et il a pu créer de l'inquiétude », a ainsi, confirmé Elisabeth Borne, sur BFM, ce dimanche 14 novembre.
Reprenant une expression qu'Emmanuel Macron avait eue, lors d'un déplacement dans le Lot, le 4 juin dernier : « Cette réforme (par points) était très ambitieuse, extrêmement complexe et du coup porteuse d'inquiétude », avait alors lâché le chef de l'Etat.
Pourtant, l'instauration d'un régime universel avait bel et bien été votée début 2020, en première lecture à l'Assemblée nationale, grâce à l'article 49-3. Une adoption au forceps, après un long conflit social, et des discussions complexes avec les syndicats, sous la houlette de l'ex-haut commissaire, Jean-Paul Delevoye. Mais la procédure avait été interrompue avec la crise sanitaire.
L'abandon du système par points
Si aujourd'hui, le président de la République juge que les conditions ne sont pas réunies pour se lancer dans une réforme aussi importante que celle des retraites à moins de six mois de l'élection présidentielle, elle n'en reste prioritaire à ses yeux. « La mère » de toutes les réformes, répète l'entourage de celui qui sera sans nul doute candidat à sa réélection. Lors de son allocution, mardi 9 novembre, il n'a pas caché son intention de remettre l'ouvrage sur le métier.
Mais il s'agit désormais, selon lui, de « repousser l'âge légal », « supprimer les régimes spéciaux en harmonisant les règles entre public et privé », « d'encourager le travail au-delà de l'âge légal » et de « faire en sorte qu'au terme d'une carrière complète aucune pension ne puisse être inférieure à 1.000 euros ». Soit une logique somme toute, traditionnelle, conventionnelle, inscrite dans les programmes de la droite depuis 20 ans.
Ce renoncement marque surtout un retour à une réforme dite « paramétrique » et budgétaire. Faisant s'évanouir au passage, une promesse de campagne symbolisant la volonté transformatrice, réformatrice et disruptive du candidat d'En marche !.
Repousser l'âge légal, c'est sans aucun doute l'élément le plus polémique dans la proposition. Bien plus que l'instauration d'un minimum de pension à 1.00 euros, ou de la suppression des régimes spéciaux.
Une promesse Emmanuel Macron brisée
Décaler l'âge, est un véritable revirement, pour Emmanuel Macron qui a souvent promis de ne pas le faire. Jusqu'alors, le chef de l'Etat avait toujours écarté l'idée de toucher à l'âge de départ légal dans le secteur privé fixé aujourd'hui à 62 ans, estimant, non sans pointer ses adversaires politiques, qu'il s'agissait là « d'une approche uniquement comptable qui rogne les droits sans ouvrir de nouvelles perspectives aux gens ».
Ce report de l'âge, le Sénat, dominé par l'opposition de droite, l'a par ailleurs voté dans la nuit de vendredi à samedi 13 novembre. La chambre haute s'est en effet prononcée en faveur d'un report rapide de l'âge légal de la retraite à 64 ans, jugeant qu'il y a urgence. En toute logique, l'Assemblée nationale ne confirmera pas ce vote.
Mais, la question de l'équilibre financier du système reste toutefois au cœur des débats pour la plupart des candidats à la présidentielle. Avec plus de 300 milliards de dépenses annuelles, les retraites constituent le principal poste de dépenses publiques à 13,5 % du PIB. Souvent déficitaire, le régime a encore été mis à mal par la crise Covid. D'après les dernières estimations du Conseil d'orientation des retraites (COR), le déficit s'établit à 13 milliards d'euros en 2020, et diminuera légèrement à 10 milliards d'euros en 2021.
Tenant ce lundi 15 novembre un colloque, cet organisme public a tenu à se justifier sur des prévisions que beaucoup considèrent toutefois comme encore trop optimistes. Avec un chômage qui baisse sous l'effet de la reprise, les prévisions seraient susceptibles de s'améliorer.
Une nouvelle réforme dans les 100 jours...s'il est réélu
Mais le COR reste prudent. « Nous n'avons pas de boule de cristal », a ainsi plaidé son président, Pierre-Louis Bras, qui a rappelé que les prévisions sont conditionnées par le contexte économique, composé entres autres, du retour à l'emploi, de la productivité horaire du travail, mais aussi de la part des revenus d'activité, etc. Le COR a pour habitude de produire plusieurs hypothèses.
Concernant le taux de chômage, aujourd'hui à 7,6 % en France, selon Insee, la ministre Elisabeth Borne a estimé ce week-end que « le plein emploi » était atteignable d'ici 2025. En attendant, le président de la République a demandé à ses équipes de plancher sur une proposition de réforme des retraites, à soumettre aux Français. Une réforme qu'il pourrait dégainer rapidement, dans les 100 jours qui suivrait son élection... si d'aventure il était conforté à l'Élysée pour un second mandat.
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