Armement : le cri d'alarme du chancelier allemand Scholz pour une production « à grande échelle » en Europe

Par latribune.fr  |   |  707  mots
Le dirigeant allemand s'exprimait sur la défense européenne, à l'occasion de l'inauguration d'une nouvelle usine du fabricant d'armes Rheinmetall, à Untelüss, dans le nord de l'Allemagne. (Crédits : LIESA JOHANNSSEN)
Lors de l'inauguration d'une usine d'armement ce lundi, Olaf Scholz a appelé les pays membres de l'UE à se tourner vers une production de masse de matériel militaire. Ce, en privilégiant les commandes groupées et de long terme. Une nécessité pour faire face à la menace russe.

Vers un réarmement massif de l'Europe face à la menace russe ? C'est en tous cas l'avis du chancelier Olaf Scholz, qui a appelé ce lundi les Européens à se tourner vers une production de masse de matériel militaire, en privilégiant commandes groupées et de long terme.

Le dirigeant allemand s'exprimait à l'occasion de l'inauguration d'une nouvelle usine du fabricant d'armes Rheinmetall sur le plus important complexe industriel de défense du pays, à Untelüss, dans le nord de l'Allemagne.

« Nous devons abandonner l'industrie manufacturière pour nous tourner vers la production d'armements à grande échelle », a-t-il déclaré, sur place. Il s'agit d'une « nécessité urgente. Car aussi dure que soit cette réalité, nous ne vivons pas en temps de paix », a par ailleurs souligné le chancelier.

Pour le chancelier, la guerre de la Russie en Ukraine et les « ambitions impériales » formulées par Vladimir Poutine représentent « une menace majeure ». Dans cette situation, « celui qui veut la paix doit réussir à dissuader les éventuels agresseurs », estime-t-il.

« Une défense forte nécessite une base industrielle solide »

Lors de ce discours, Olaf Scholz a aussi pointé l'insuffisance des milliards d'euros d'armes livrées à l'Ukraine par les pays de l'UE, encore loin d'avoir atteint une capacité suffisante pour soutenir durablement le pays et reconstituer leurs propres stocks. Pour remédier à cela, il faut, selon le dirigeant, une coopération industrielle « plus étroite » entre les Vingt-Sept.

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« Une défense forte nécessite une base industrielle solide. Celle-ci verra le jour si nous, Européens, regroupons nos commandes, si nous mettons en commun nos moyens et donnons ainsi à l'industrie des perspectives pour les 10, 20 ou 30 prochaines années », a-t-il déclaré.

A cet égard, l'Allemagne a longtemps été un mauvais exemple, a reconnu Olaf Scholz, car la politique d'armement « a été menée comme s'il s'agissait d'acheter une voiture », sans la planification de long terme dont ont besoin les industries de défense pour investir dans des capacités supplémentaires.

L'Etat-major allemand sur la même ligne que Scholz

La position d'Olaf Scholz est pleinement partagée par son chef d'état-major, Carsten Breuer. Dans un entretien accordé samedi dernier au quotidien allemand Die Welt, le haut gradé juge nécessaire que l'armée allemande, en cours de remise à niveau depuis le lancement de la guerre russe en Ukraine, soit « apte à la guerre ».

« Sur la base des différentes analyses et quand je vois la menace potentielle que représente la Russie, cela signifie pour nous cinq à huit années de préparation », a déclaré le général allemand. « Cela ne veut pas dire qu'il y aura alors une guerre. Mais elle est possible. Parce que je suis militaire, je dis : dans cinq ans, nous devons être aptes à la guerre », a-t-il précisé.

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Boris Pistorius, le ministre allemand de la Défense, est aussi allé dans ce sens récemment : il a présenté de nouvelles directives de l'armée allemande, dans lesquelles le gouvernement insiste pour que la Bundeswehr soit également capable de s'engager sur la scène internationale, comme elle l'a fait dans les Balkans de l'Ouest et dans la région du Sahel.

Pour rappel, cette année, les dépenses militaires allemandes vont représenter 2,1% du PIB du pays, soit 72 milliards d'euros. Un record. L'Allemagne va aussi se doter d'un fonds de 100 milliards d'euros destiné à moderniser son armée. Berlin songe par ailleurs à introduire le service militaire obligatoire.

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Montée en puissance de l'armurier allemand Rheinmetall

La nouvelle usine d'armes Rheinmetall doit produire à partir de 2025 des munitions d'artillerie de 155 millimètres, en visant progressivement une capacité de 200.000 obus par an. Il s'agit, selon le chancelier, d'un « signal » à l'adresse des Européens appelés à muscler la base industrielle de défense du continent.

Sur l'ensemble de ses sites en Europe, le fabricant veut produire au global jusqu'à 700.000 obus d'artillerie par an en 2025, contre 400 à 500.000 cette année. Avant la guerre russe en Ukraine, il n'en produisait que 70.000.

(Avec AFP)