Brexit : la City demande cinq ans pour se retourner

Par Jean-Christophe Catalon  |   |  447  mots
L'incertitude sur les conditions de sortie de l'UE inquiète les banques britanniques qui demandent des clauses particulières pour gérer leur transition.
Les grandes banques sises au Royaume-Uni estiment qu'elles auront besoin d'au moins trois à cinq ans pour gérer leur transition dans les meilleures conditions, une fois le Brexit déclenché.

Les acteurs de la City veulent un traitement de faveur de la part du gouvernement de Theresa May dans le cadre du Brexit. Ils demandent en particulier de demeurer sous l'égide des lois de l'Union européenne pour cinq ans après la sortie du Royaume-Uni du marché commun. De même que l'autorité de la Cour de justice de l'UE continue d'être reconnue durant cette période en cas de désaccords, selon un document rédigé par des cabinets juridiques pour le compte de ces banques et consulté par Reuters.

L'incertitude sur les conditions de sortie de l'UE inquiète les banques. Une fois l'article 50 du traité de Lisbonne invoqué, la Grande-Bretagne aura deux ans pour sortir du bloc européen. Selon le document, les banques estiment avoir besoin d'au moins trois à cinq ans pour gérer cette transition dans les meilleures conditions.

Le risque de perdre leur "passeport européen"

L'inquiétude est d'autant plus grande chez les établissements financiers que le gouvernement de Theresa May ne semble pas effrayé de passer par un hard Brexit, impliquant une sortie du marché commun.

En octobre, le sous-secrétaire d'État britannique au Commerce international, Mark Garnier, a estimé probable que les banques implantées au Royaume-Uni perdent le "passeport européen", qui leur permet de vendre leurs services dans toute l'Union, après le Brexit.

S'il n'y a pas d'accord sur une transition, il y a un risque que certaines banques ne puissent pas déplacer une partie de leurs activités en dehors du Royaume-Uni ou mettre en place de nouvelles filiales à temps, souligne le document consulté par Reuters.

La perte de l'accès au marché unique pourrait coûter entre 30 et 50 milliards d'euros à la finance britannique et entre 60.000 et 100.000 emplois, selon les estimations. Sans compter les implications sur l'économie réelle.

Éviter d'éventuels dégâts sur l'économie réelle

Pour le moment, le gouvernement n'a pas répondu à ces annonces. Les partisans d'un hard Brexit craignent que ce genre de demandes ne fasse que ralentir le processus de sortie de l'UE. Jusqu'à présent, l'exécutif s'est montré prêt à sacrifier le marché commun pour reprendre le contrôle total de ses frontières et de ses lois. Rester sous l'égide de l'UE et surtout de la Cour de justice ne devrait pas être bien reçu.

De leur côté, les banques préviennent qu'en cas d'absence d'accord sur une transition, "d'éventuels dégâts sur l'économie réelle" sont à prévoir, indique le document.

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