Chômage en Europe : des évolutions très contrastées depuis la crise

Par Grégoire Normand  |   |  714  mots
Eurostat estime qu’en novembre 2017, 18,1 millions d’hommes et de femmes étaient au chômage dans l’UE28, dont 14,2 millions dans la zone euro.
Le taux de chômage a légèrement baissé en novembre dernier dans la zone euro pour atteindre 8,7% de la population active contre 8,8% un mois plus tôt. Si en moyenne la décrue se poursuit sur le continent, le marché du travail n'a pas encore retrouvé son niveau d'avant-crise dans plusieurs pays européens durement touchés par la récession malgré une reprise généralisée de l'économie.

Le marché du travail retrouve des couleurs en Europe. Le taux de chômage (au sens du BIT), qui s'élevait en novembre dernier à 8,7% dans la zone monétaire n'avait plus atteint ce niveau depuis le mois de janvier 2009, selon les derniers chiffres des services statistiques de la Commission européenne. Quant au taux de chômage dans l'Union européenne situé à 7,3% de la population active, il n'avait pas été aussi bas depuis le mois d'octobre 2008.

Derrière ces moyennes se cachent de fortes disparités au sein de l'Union européenne qui traduisent les difficultés de certaines économies à se redresser 10 ans après la crise qui a frappé de nombreuses régions du monde.

Après une forte hausse suite à la crise économique de 2008, le taux de chômage a amorcé une diminution dans certains pays. Beaucoup d'entre eux, sauf l'Allemagne, ont connu un accroissement de leur taux de chômage jusqu'en 2013.

Dix ans de chômage

La comparaison des taux de chômage entre 2007 et 2017 permet d'observer que le classement des pays a bien changé. Si la Slovaquie figurait en tête du palmarès des pays au chômage les plus élevés avant la crise, elle se classe en onzième position dix ans après comme l'indique le premier graphique.

À l'inverse, ce sont principalement les pays de l'Europe méditerranéenne tels que la Grèce, l'Espagne, Chypre ou l'Italie qui figurent en tête du classement des pays les plus touchés par le chômage dix ans après. Il semble que la récession et les politiques d'austérité appliquées à l'ensemble de ces pays ont provoqué un chômage durable alors que les indicateurs économiques en Europe sont au vert depuis plusieurs mois.

Du côté de la France, avec un taux de chômage à 9,2% en novembre dernier, elle se situe au-dessus de la moyenne de la zone euro et figure encore parmi les mauvais élèves (6e position).

Des variations contrastées

La variation à la hausse la plus spectaculaire entre novembre 2007 et novembre 2017 concerne Chypre qui a subi une hausse de près de 200% de son taux de chômage. Athènes a également connu une évolution à la hausse colossale de plus de 150%. À l'inverse, l'Allemagne (-56%), qui vient de connaître son taux de chômage le plus faible depuis la réunification à 5,7%, la Hongrie (-49%) et la Pologne sont les trois États à avoir connu la plus forte baisse.

La crise de 2007 a eu des conséquences relativement contrastées et prolongées dans les différents pays de l'Union européenne. Dans les pays du sud de l'Europe (Espagne, Grèce, Portugal et Italie) ainsi qu'en Irlande, la récession a duré plus longtemps que dans d'autres pays. La détérioration de l'activité a pu être également amplifiée par la crise des dettes souveraines comme en Grèce.

Une baisse du chômage des jeunes

Longtemps confrontés aux difficultés du chômage, les jeunes Européens commencent à voir des signes d'éclaircie sur le front de l'emploi. En novembre dernier, le taux de chômage des jeunes s'est établi à 16,2% dans l'UE 28 et à 18,2% dans la zone euro, contre respectivement 18,2% et 20,5% un an plus tôt. Les experts de la Commission européenne ont noté que  :

"Les taux les plus faibles en novembre 2017 ont été observés en République tchèque (5,0%) et en Allemagne (6,6%), tandis que les plus élevés ont été enregistrés en Grèce (39,5% en septembre 2017), en Espagne (37,9%) et en Italie (32,7%)."

Malgré ces signes d'embellie, le chômage des jeunes reste néanmoins bien supérieur à la moyenne des pays de l'Union européenne même si ces chiffres nécessitent de prendre des précautions. L'allongement de la durée des études et l'entrée plus tardive de ces personnes sur le marché du travail signifie que la catégorie des 15-24 ans retenue dans les définitions statistiques de la Commission ne correspond pas toujours à la réalité de la jeunesse européenne. Des sociologues recommandent parfois d'élargir cette tranche d'âge aux 15-29 ans. Quoi qu'il en soit, la situation des jeunes reste préoccupante malgré ces baisses récentes.

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