Commerce : après l'annonce de nouvelles mesures de protection européennes, la Chine augmente la pression sur l'UE

Par latribune.fr  |   |  626  mots
La Chine a appelé Bruxelles à ne pas prendre de mesures « anti-mondialisation ». (Crédits : Kyodo via Reuters Connect)
Mercredi, les commissaires européens ont annoncé plusieurs initiatives prévoyant notamment le renforcement du mécanisme de contrôle des investissements étrangers en Europe entré en vigueur fin 2020. Une mesure qui n'est pas au goût de la Chine qui, en réponse, a assuré que « la communauté internationale est très inquiète de l'unilatéralisme protectionniste de l'UE dans les secteurs économique et commercial ».

Les annonces de la Commission européenne, mercredi, ont été mal accueillies par la Chine. Et pour cause, les commissaires européens à la Concurrence et au Commerce, Margrethe Vestager et Valdis Dombrovskis, ont présenté un paquet de cinq initiatives, avec notamment le renforcement du mécanisme de contrôle des investissements étrangers en Europe entré en vigueur fin 2020, dont l'action doit être plus coordonnée. La Commission a donc annoncé une proposition législative pour faire en sorte que « tous les États membres disposent d'un mécanisme de contrôle » de ces investissements étrangers, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui et crée des vulnérabilités.

Mais ce n'est pas au goût de Pékin, directement visé par cette mesure. « L'image de l'UE dans les secteurs de l'économie et du commerce international est en jeu », a ainsi réagi le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Wang Wenbin, appelant Bruxelles à ne pas prendre de mesures « anti-mondialisation ».

« La communauté internationale est très inquiète de l'unilatéralisme protectionniste de l'UE dans les secteurs économique et commercial », a-t-il ajouté alors qu'il était interrogé sur ces nouvelles règles, avertissant sur le fait que « les tendances actuelles ne vont faire qu'intensifier ces inquiétudes. Nous espérons que l'UE respectera le libre-échange, la libre-concurrence et la coopération ouverte, qui sont des normes fondamentales de l'économie de marché », a-t-il encore indiqué.

« Contrôler l'exportation des produits sensibles »

De leur côté, les Vingt-Sept s'inquiètent des risques qui pèsent sur la sécurité économique européenne, en particulier concernant les technologies et infrastructures sensibles que l'Europe ne veut pas voir tomber entre les mains de rivaux tels que la Chine. « Nous devons améliorer notre coordination afin de mieux nous protéger, rendre les investissements plus sûrs et contrôler l'exportation de produits sensibles pour éviter qu'ils ne tombent entre de mauvaises mains », a ainsi résumé le commissaire au Commerce, Valdis Dombrovskis.

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En outre, l'UE veut produire davantage sur son territoire pour réduire la dépendance aux importations chinoises dans les puces électroniques, les éoliennes ou les panneaux solaires. Un moyen de rééquilibrer les échanges commerciaux entre les deux puissances. Pour rappel, en 2022, le déficit commercial de l'UE avec la Chine atteignait un record de 390 milliards d'euros, doublant en à peine deux ans.

La Chine stoppe l'exportation de technologies liées à l'extraction des terres rares

D'autant qu'en décembre dernier, Pékin a annoncé que le pays allait stopper l'exportation d'une série de technologies liées à l'extraction des terres rares. Un événement qui constitue un tournant dans l'histoire du commerce mondial et qui fait suite à une première décision de la Chine de conditionner l'exportation de deux métaux stratégiques (gallium et germanium), à l'aval du gouvernement central. Or, ces métaux sont justement indispensables pour le développement de nombreuses technologies (batteries électriques, puces, smartphones, écrans LCD, Internet, éoliennes, et équipements militaires...).

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Ainsi, l'Empire du Milieu, sur fond de rivalité croissante avec les Etats-Unis, entend priver ses partenaires commerciaux de plusieurs matériaux afin de dominer les enjeux d'indépendance technologiques.

Et malgré la mesure annoncée mercredi concernant le contrôle des investissements étrangers en Europe, cette dernière pourrait bien se retrouver démunie. En effet, la portée du texte est finalement limitée, car Bruxelles n'a, dans les faits, aucun pouvoir pour bloquer un investissement, le dernier mot revenant aux États membres. La Commission espère toutefois les pousser à communiquer davantage sur leurs décisions.

(Avec AFP)