Les patrons du sud de l'Europe demandent à l'UE de prendre de nouvelles mesures d'urgence

Par Michel Cabirol  |   |  734  mots
Confrontés à la crise sanitaire majeure provoquée par le Covid-19, les patrons du sud de l'Europe plaident pour une autonomie stratégique de la zone européenne (Crédits : Reuters)
Le conseil de coopération économique propose au conseil européen quinze mesures d'urgence pour les entreprises européennes. Des mesures pour atténuer les effets court terme de la crise sanitaire provoquée par le Covid-19 et sur le long terme avec la volonté de développer l'autonomie stratégique de l'Europe.

Ça s'active pour la visioconférence de jeudi des chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union européenne (UE). Dans une note adressée au président du conseil européen Charles Michel que La Tribune a pu consulter, le Conseil de coopération économique (CCE), un organisme regroupant des industriels du sud de l'Europe - dont Airbus - et sous le patronage des gouvernements français, italien, espagnol et portugais, a proposé une série de quinze mesures d'urgence à apporter aux entreprises européennes. Il souhaite de la part des gouvernements européens une réponse forte face à l'urgence économique provoquée par la crise sanitaire du Covid-19.

Cette proposition intervient alors que les ministres des Finances européens ne sont pas parvenus à s'entendre mardi sur de nouvelles mesures coordonnées de soutien à l'économie, laissant le soin à leurs dirigeants de décider jeudi des meilleures options face au choc engendré par le coronavirus. Dans cette note, le conseil de coopération économique présente quinze propositions : cinq pour atténuer les effets de court terme, cinq autres pour atténuer les effets sur le moyen terme, et, enfin, les cinq dernières pour atténuer les effets sur le plus long terme.

Suspension de Bâle 3

Parmi les mesures d'urgences, le CCE souhaite que l'Europe mobilise rapidement une enveloppe financière en piochant dans les crédits non utilisés des Fonds structurels et d'investissements européens (jusqu'à 7,5 milliards d'euros). Des crédits qui permettraient de répondre en partie à cette crise, notamment aux besoins en capitaux des entreprises. Le CCE demande à la BEI et aux institutions financières européennes de faciliter l'obtention de liquidités pour les entreprises afin de leur permettre de supporter leurs coûts, en plus des annonces fracassantes de la banque centrale européenne (BCE). Il plaide également pour une aider des entreprises, y compris des PME. Dans ce cadre, il recommande pour les soutenir une baisse des taux directeurs de la BCE et d'assouplir les exigences de fonds propres imposées aux banques en suspendant les règles Bâle 3. Ce qui pourrait faciliter les prêts aux entreprises, y compris aux PME.

Le conseil soutient par ailleurs les mesures de certains états membres (Italie, France, Espagne) qui ont pris des mesures pour protéger les actifs stratégiques en empêchant des prises de contrôle par des prédateurs étrangers. La Commission européenne doit se montrer particulièrement vigilante, affirme-t-il. Enfin, il demande aux Etats d'assurer l'efficacité des chaines d'approvisionnement dans le domaine du transport de marchandises.

Autonomie stratégique de l'Europe

Pour protéger les entreprises sur le moyen terme, le Conseil de coopération économique souhaite la mise en place de mesures spécifiques pour protéger les investissements dans le domaine de la Recherche et Développement (R&D), dont les crédits seront les premiers à être coupés par les entreprises. Or, le Conseil estime qu'il est primordial de soutenir ces investissements pour que l'Europe reste compétitive dans certaines industries face aux pays asiatiques et aux Etats-unis. Il souhaite par ailleurs que les autorités européennes de la concurrence  évalue et autorise très rapidement les plans de soutien des pays membres à leurs entreprises... tout en surveillant les aides reçues par les entreprises non européennes.

Le Conseil recommande aux États membres des opérations de recapitalisation des entreprises privées clés pour éviter des faillites préjudiciables à toute l'économie. Il veut faire adopter "le plus rapidement possible et avec la plus haute ambition possible" le nouveau cadre financier pluriannuel (CFP). Ce qui permettrait à l'Union européenne, selon le CCE, d'envoyer un signal clair de sa volonté de relancer l'économie en Europe. Le Conseil estime qu'il est important de soutenir financièrement les industries dans le domaine de la transition énergétique dans le cadre du "Green Deal".

Enfin, l'ensemble des mesures préconisées pour le long terme sont des mesures pour améliorer l'autonomie stratégique de l'Europe. Car, selon le Conseil, cette crise sanitaire montre une nouvelle fois le recours trop élevé à des pays tiers pour assurer certains parties critiques de la chaîne d'approvisionnement, notamment dans la filière pharmaceutique et de santé. Au-delà de cette crise, il plaide pour la mise en place d'une véritable autonomie stratégique dans d'autres secteurs clés européens.