Emmanuel Macron : « L’Europe a beaucoup d'épargne, mais cette épargne est mal allouée »

Par latribune.fr  |   |  762  mots
« Nous ne pouvons pas être celui qui réglemente le plus et investit le moins », a déclaré Emmanuel Macron en parlant de l'Union européenne (Crédits : CHRISTIAN HARTMANN)
Lors d'un discours au Forum économique mondial de Davos, ce mercredi, le président français a brossé le tableau de la compétitivité européenne et de la transition écologique. Selon lui, le Vieux continent risque de se faire devancer par les Etats-Unis et la Chine. Emmanuel Macron a donc appelé les 27 à réagir en investissant massivement à son tour.

Emmanuel Macron a profité du Forum économique de Davos pour sonner les cloches de ses homologues européens. Au cœur de son discours, tenu ce mercredi dans la ville suisse : « Nous devons tenir ensemble un agenda de réindustrialisation, un agenda transition et un agenda de souveraineté », a résumé le chef de l'Etat français. Selon lui, ces trois sujets doivent être traités avant tout au niveau européen.

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L'IRA américain pointé du doigt

Et pour cause, en matière de transition écologique et d'industrie du futur, le Vieux continent est sérieusement concurrencé par deux grandes puissances.

« Les Etats-Unis ont surinvesti dans la transition écologique, sans d'ailleurs forcément respecter les règles du commerce mondial. Et la Chine surinvestit aussi dans la transition écologique », a-t-il pointé du doigt, faisant directement référence à l'Inflation reduction act américain.

Si Emmanuel Macron n'est pas le seul à dénoncer l'IRA puisque de nombreux dirigeants du Vieux Continent alertent depuis plusieurs mois sur les risques de délocalisations industrielles, c'est la première fois qu'il dénonce le non-respect des règles de l'OMC par le gouvernement de Joe Biden.

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L'IRA inquiète, car ce plan de relance d'outre-Atlantique dédié à la lutte contre l'inflation, le verdissement des activités économiques et la croissance américaine prévoit notamment que des subventions à l'achat d'un véhicule électrique, pouvant aller jusqu'à 7.500 dollars, soient accordées uniquement aux véhicules américains, donnant ainsi un coup de pouce aux constructeurs locaux aux dépens des entreprises européennes exclues des aides. Mais d'après le Centre d'études prospectives et d'informations internationales: « la localisation d'une activité de production dépend de nombreux facteurs et l'Union européenne a des atouts en termes d'attractivité des investissements directs étrangers » (taille du marché, qualité des institutions, capital humain...).

Reste que pour le président français, l'Europe doit réagir. « Il faut que nous allions beaucoup plus loin niveau climatique. Nous ne pouvons pas être celui qui réglemente le plus et investit le moins. Si nous continuons de ne faire que réglementer nous n'aurons plus que des consommateurs. »

Macron appelle l'Europe à investir massivement

Ce dernier a ensuite énuméré une série de points d'action que l'Europe devrait, selon lui, mettre en place.

« Il faut plus d'investissements publics européens (...) peut-être en osant à nouveau des eurobonds sur des grandes priorités d'avenir », a-t-il notamment proposé. Ce dernier a également vanté l'idée d'un approfondissement de l'union des marchés et des capitaux qui « À côté de ça, il nous faut aussi approfondir l'union des marchés de capitaux. Nous devons absolument avoir une Europe financière qui soit beaucoup plus intégrée (...) notre continent a beaucoup d'épargne. Mais cette épargne est mal allouée. Elle ne circule pas vers les bonnes géographies, elle ne circule pas vers les bons secteurs »

 Une fois ces capitaux publics et privés trouvés, ce dernier estime que les 27 devraient « plus investir dans la réindustrialisation, semi-conducteurs et IA (...) Il nous faut accompagner les mutations technologiques. Si nous voulons avoir un agenda de soutenabilité, il faut investir plus. »

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Enfin, en réponse aux contestations sociales qui se multiplient en Europe face à l'inflation et la perte du pouvoir d'achat des Européens, le président français a défendu le maintien des conditions de vie de la classe moyenne. « Il nous faut de bons emplois (...) c'est la clé de l'Europe sociale », a-t-il affirmé.

Un plaidoyer sur les réformes françaises

En dehors de son appel aux 27, Emmanuel Macron a défendu les réformes françaises de ces deux quinquennats et annoncé de futures réformes. « Nous allons ouvrir un temps 2 de l'innovation en France avec France 2030 et ouvrir deuxième temps réforme marché travail en durcissant les conditions d'accès aux aides (en cas d'inactivité, ndlr), en favorisant les embauches et en favorisant tout ce qui peut être transféré aux entreprises. »

Ce dernier a enfin profité de son allocution pour féliciter la réforme du marché européen de l'électricité. « Nous avons obtenu un cadre européen stable qui aura beaucoup moins de coûts marginaux (...) nous allons donner de la visibilité aux entreprises et aux ménages », a-t-il conclu.