Gaz  : l'Union européenne négocie avec la Norvège un prix plafonné

« Une négociation est en cours avec la Norvège pour faire baisser le prix du gaz acheté aux Norvégiens », a révélé Pascal Canfin, président de la commission Environnement au Parlement européen, qui espère « un atterrissage cette semaine » sur ce sujet. Partout, en Europe, les gouvernements cherchent des solutions pour s'affranchir de la dépendance au gaz russe.
L'Union européenne demande à la Norvège de plafonner le prix de vente de  son gaz, Oslo se dit « sceptique ».
L'Union européenne demande à la Norvège de plafonner le prix de vente de son gaz, Oslo se dit « sceptique ». (Crédits : Reuters)

Du gaz norvégien pour remplacer le gaz russe en Europe. Mais à quel prix ? C'est la question que pose l'eurodéputé Pascal Canfin, alors que la flambée des prix remplit les caisses de la Norvège, devenue, avec la guerre en Ukraine, le premier fournisseur de l'Europe de gaz naturel liquéfié (GNL) à la place de la Russie. Une place dont elle tire profit. En août, le pays scandinave a dégagé un excédent commercial record, frôlant les 20 milliards d'euros.

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« On partage à peu près tout avec la Norvège, les valeurs, la démocratie, l'opposition à Poutine... sauf la rente du gaz », a fait valoir ce dimanche sur France Inter l'eurodéputé Pascal Canfin. Parce que ça nous coûte à peu près 100 milliards d'euros d'aller acheter du gaz en Norvège, et eux ça leur rapporte. Donc il est assez légitime de se mettre d'accord sur un prix maximum. »

Pour l'élu, « à nous, Européens, on demande toujours d'être solidaires... Très bien, mais a-t-on le droit de temps en temps d'exiger de nos partenaires qu'ils soient solidaires avec nous? En l'occurrence c'est le moment historique : on a besoin que la Norvège, premier fournisseur de gaz, et l'Europe, premier client, soient solidaires. Donc une négociation est en cours, je ne sais pas si ça va marcher, l'objectif est d'avoir un prix maximum ». Oslo, par la voix de son premier ministre, s'est  dit « sceptique » sur ce plafonnement du prix.

Le Premier ministre norvégien, Jonas Gahr Støre, s'est en effet dit récemment « sceptique » à l'égard d'un plafonnement du prix du gaz. « Nous abordons les discussions avec l'esprit ouvert mais nous sommes sceptiques à l'égard d'un prix maximum pour le gaz. (...) Un prix maximum ne changera rien au problème fondamental, à savoir qu'il y a trop peu de gaz en Europe.»

Pour Oslo, un éventuel plafonnement du prix du gaz importé risque de détourner de l'Europe des livraisons de gaz naturel liquéfié (GNL), facilement transportable et dont les fournisseurs pourraient être tentés d'aller voir ailleurs. Les autorités norvégiennes estiment aussi qu'il revient aux groupes pétroliers et à leurs clients en Europe de négocier eux-mêmes les termes de leurs contrats et de privilégier ceux à long terme, aux prix fixes et donnant donc plus de visibilité, que ceux au comptant (spot), dont les prix varient.

« Ce n'est pas le gouvernement norvégien qui vend le gaz. Ce sont les entreprises. Et, en principe, ce ne sont pas non plus les autorités européennes qui achètent le gaz », avait dit le Premier ministre norvégien, Jonas Gahr Støre, oubliant de dire que l'Etat norvégien détenait 67% d'Equinor, le principal fournisseur de gaz du pays.

Avoir aussi une discussion avec l'Algérie

Pour Pascal Canfin, secrétaire général délégué du parti présidentiel français Renaissance, « le pays suivant, c'est l'Algérie, dont on est maintenant un très gros client sur le gaz. Ce sera plus difficile, mais je pense que cette discussion doit avoir lieu. Et ensuite les Etats-Unis, pareil ».

La Pologne pointe du doigt « une prédation indirecte de la guerre déclenchée par Poutine »

Sans attendre un éventuel plafonnement sur les prix, la Pologne a annoncé la signature d'un accord de long terme entre Equinor et le gazier polonais PGNiG pour la fourniture de gaz norvégien à la Pologne via un gazoduc sur le point d'être inauguré. Cela « se traduira par un renforcement significatif de la sécurité énergétique de notre pays », a commenté la directrice générale de PGNiG, Iwona Waksmundzka-Olejniczak, citée dans un communiqué commun. Le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki avait effectué une visite à Oslo en mars en vue de développer la coopération énergétique entre les deux pays. Deux mois plus tard, le chef du gouvernement avait appelé les Norvégiens à « partager ces bénéfices exceptionnels », pointant du doigt « une prédation indirecte de la guerre déclenchée par Poutine ».

L'Allemagne se tourne vers les Emirats arabes unis

Très dépendante au gaz russe, l'Allemagne diversifie ses approvisionnements. Après avoir déjà signé des accords d'approvisionnement avec le Qatar, un accord a été signé ce dimanche avec Abou Dhabi à l'occasion d'une visite du chancelier allemand Olaf Scholz dans le Golfe.

L'accord prévoit l'exportation d'une cargaison de gaz naturel liquéfié (GNL) vers l'Allemagne à la fin de 2022, puis la fourniture de quantités supplémentaires en 2023.  L'agence Wam fait aussi état d'une livraison directe de diesel réalisée en septembre et d'un accord pour fournir jusqu'à 250.000 tonnes par mois de diesel pour 2023.

Le dirigeant allemand se dit déterminé à ne plus jamais dépendre d'un seul fournisseur d'énergie : « Avec les investissements que nous réalisons en Allemagne et qui se concrétiseront progressivement l'année prochaine, nous disposerons en effet d'une infrastructure d'importation de gaz qui fera que nous ne dépendrons plus directement d'un fournisseur spécifique à l'autre bout du pipeline. Nous devons aussi faire en sorte que la production de gaz liquéfié dans le monde soit suffisamment avancée pour que la forte demande puisse être satisfaite sans avoir à nous rabattre sur les capacités de production en Russie utilisées jusqu'à présent ».

Il a aussi jugé « important »  la signature d'un  contrat de 1,5 milliard de dollars entre le Qatar et TotalEnergies pour le développement du plus grand champ de gaz naturel au monde.

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