Grèce : ce qu'il faut savoir sur les discussions entre le FMI et l'Eurogroupe

Par Jean-Christophe Catalon  |   |  742  mots
Malgré les efforts d'Athènes, ses créanciers devraient reporter la question de l'allègement de sa dette à plus tard.
En reportant à plus tard la négociation sur l'allègement de la dette exigé par le FMI, les créanciers de la Grèce, réunis à Luxembourg ce jeudi, devraient s'accorder sur le déblocage d'un nouvelle aide.

Après une tentative avortée le 22 mai, les ministres des Finances de la zone euro (Eurogroupe) et le Fonds monétaire international (FMI) se réunissent de nouveau ce jeudi à Luxembourg pour un sommet de la dernière chance sur la Grèce. Les créanciers d'Athènes doivent impérativement se mettre d'accord pour débloquer 7,4 milliards d'euros, afin que l'Etat hellénique puisse rembourser un prêt arrivant à échéance en juillet. Sans cet argent, la Grèce fera défaut.

Le FMI a conditionné sa participation à un allègement de la dette grecque, affirmant que la situation ne pouvait continuer ainsi, et pointant l'excès d'optimisme des Européens sur les prévisions de croissance pour la Grèce. De son côté, l'Allemagne, dont les élections législatives auront lieu fin septembre, et des pays d'Europe du Nord refusent toujours de faire cette concession à Athènes tout en exigeant la contribution du FMI. La question ne devrait pas être tranchée ce jeudi.

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■ Athènes a joué le jeu mais l'Allemagne continue de bloquer

Pour obtenir cet allègement tant souhaité, qui lui permettrait d'accéder au quantitative easing de la BCE puis au financement de la dette sur les marchés, le gouvernement d'Alexis Tsipras a donné des gages à ses créanciers. D'abord en dégageant un excédent budgétaire de 0,7% en 2016, et même de 3,9% si l'on retire la charge de la dette, soit un résultat huit fois supérieur à l'objectif fixé par les créanciers, malgré une année de croissance molle.

Puis, le parlement grec a voté en mai une série de mesures d'austérité demandées par ses créanciers, au risque de poursuivre la casse sociale et d'affronter de nouvelles protestations dans la rue. Pendant le vote, près de 10.000 personnes, selon la police, manifestaient sur la place Syntagma à l'appel des syndicats. Athènes a mis toutes les chances de son côté, mais Berlin maintient sa position malgré l'intransigeance du FMI lors de la réunion du 22 mai.

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■ Le compromis de Christine Lagarde devrait être retenu

Reste que la situation presse et qu'en cas de défaut les Européens seraient touchés au portefeuille. La dette grecque est composée notamment de 37 milliards d'euros de prêts des Etats européens et de 180 milliards d'euros du Fonds européen de stabilité financière, sans compter les 20 milliards d'euros de la BCE. Le président de l'Eurogroupe, le Néerlandais Jeroen Dijsselbloem, avait proposé un compromis à l'émissaire du FMI le 22 mai, selon le site d'information grec Euro2Day :

"Je demande au FMI de proposer un plan d'aide à la Grèce devant son conseil d'administration [...]. Même si les prêts [du FMI] ne peuvent avoir lieu avant que la question de la dette soit réglée."

Cette solution a été reprise par Christine Lagarde, directrice générale du FMI, qui a proposé la semaine passée d'assurer la participation du Fonds dans cette nouvelle aide, mais sans débourser immédiatement la somme, reportant ainsi la question de l'allègement de la dette. Cette option serait néanmoins suffisante pour que Berlin fasse valider par le parlement allemand sa participation à la nouvelle tranche de prêt de la zone euro à Athènes.

La réunion de ce jeudi devrait donc confirmer la proposition de Christine Lagarde, selon les informations de Reuters, qui a interrogé plusieurs officiels travaillant sur la préparation des négociations.

■ Bruno Le Maire propose d'indexer le remboursement sur la croissance

La France se montre active dans ces négociations. Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a rencontré lundi son homologue grec Euclide Tsakalotos. A cette occasion, le Français a proposé un "mécanisme de souplesse", visant à faire varier le poids de la dette grecque en fonction de la croissance. Autrement dit, lors des périodes de faible activité, Athènes pourrait être exempté de remboursements. En revanche, en période de croissance, elle devrait rembourser davantage.

Cette même proposition avait été formulée en 2015 par Yanis Varoufakis, alors ministre des Finances grec, rappelle Libération. Le revers de cette solution est qu'elle implique un rééchelonnement de la dette, rallongeant le calendrier à 2060-2070.