"Nous sommes très proches de cet accord", déclarait le président de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, le 22 mai, après environ dix heures de discussions entre le FMI et les ministres des Finances de la zone euro sur l'avenir de la Grèce. Il semblerait que les choses soient plus complexes que présentées, selon les révélations du site d'information grec Euro2day qui a dévoilé plusieurs minutes de ce long entretien, et que Le Monde a traduit.
La rencontre entre les deux créanciers de la Grèce visait à établir un accord sur les conditions du versement d'un nouveau prêt avant l'été, permettant à Athènes de régler plus de 7 milliards de dollars de créances qui arrivent à terme en juillet. Le FMI a conditionné sa participation à des mesures d'allègement de la dette grecque. Or, lors de la réunion du 22 mai, le ministre des Finances allemand Wolfgang Schauble, reflétant la position de plusieurs pays d'Europe du Nord, a exigé la participation du FMI à la poursuite du plan d'aide de la Grèce mais continue de refuser d'accorder un allégement à sa dette. Le ministre allemand continue d'afficher une image de fermeté à quatre mois des législatives dans son pays. Face à cette attitude, le représentant du FMI, Poul Thomsen, aurait glacé ses interlocuteurs par une réaction singlante :
"Je suis très loin d'être en mesure de dire à mon conseil d'administration que l'on s'approche d'une stratégie que nous pouvons soutenir."
Un compromis fragile
Face à cette intransigeance du Fonds, Jereon Dijsselbloem tente de proposer un compromis :
"Je demande au FMI de proposer un plan d'aide à la Grèce devant son conseil d'administration [...]. Même si les prêts [du FMI] ne peuvent avoir lieu avant que la question de la dette soit réglée."
La proposition ne satisfait personne, mais les protagonistes en sont restés là pour le moment. L'issue de cette réunion n'est pas sans décevoir le ministre des Finances grec, Euclide Tsakalotos. Athènes s'est pliée aux exigences de ses créanciers en appliquant plus de 100 des 140 mesures d'austérité demandées. L'Etat grec joue d'autant plus le jeu qu'il a dégagé 3,9% d'excédent primaire (excédent budgétaire hors charge de la dette) en 2016, mais la croissance n'est toujours pas au rendez-vous.
"C'est le manque d'investissement qui explique la stagnation de l'économie grecque et pour changer cela nous devons envoyer un signal fort aux marchés", a souligné Euclide Tsakalotos à ses homologues européens.
Avec un allègement de sa dette, Athènes espère gagner en crédibilité et retourner se financer sur les marchés. L'objectif est également d'accéder à la politique de quantative easing de la BCE, à savoir le rachat de titres de dette par Francfort. Eurogorupe et FMI ont jusqu'au 15 juin pour se mettre d'accord.