Italie : la réforme du droit du travail de Renzi semble porter ses premiers fruits

Par Giulietta Gamberini  |   |  603  mots
"Les données diffusées par l'Inps affirment que nous sommes sur le bon chemin contre la précarité et le Jobs Acts est une occasion à ne pas rater, surtout pour notre génération", a affirmé le président du Conseil des ministres.
Pendant le premier semestre 2015, les souscriptions de nouveaux contrats à durée indéterminée ont augmenté de 36% par rapport à la même période de 2014, relève l'Institut national de la prévoyance sociale. "L'Italie repart", se réjouit Renzi.

Matteo Renzi aurait-il gagné l'un des paris les plus emblématiques de la ligne réformiste de son gouvernement? S'il est sans doute encore trop tôt pour formuler un bilan définitif de son Jobs Act, la réforme du droit du travail progressivement adoptée entre 2014 et 2015, le chef du gouvernement italien peut certainement se réjouir des chiffres rendus publics ce mardi 11 août.

Les conversions d'anciens contrats précaires en CDI croissent de 30,6%

Selon l'Observatoire de la précarité de l'Institut national de la prévoyance sociale (Inps) italien, le premier semestre 2015 a en effet vu les nouveaux contrats à durée indéterminée (CDI) augmenter de 36%, et les conversions d'anciens contrats précaires en CDI croître de 30,6%, par rapport à la même période de 2014.

Or, la nouveauté la plus importante et contestée de la réforme consistait justement dans l'introduction d'un nouveau type de contrat à durée indéterminée mais "à garanties croissantes", puisqu'il prévoit que le licenciement, facilité pendant 3 ans, devienne de plus en plus compliqué et coûteux ensuite. L'objectif était d'encourager les entreprises à abandonner la pratique -devenue un fléau social en Italie- de la souscription de contrats précaires. La mesure impliquait la suppression du fameux article 18 du statut des travailleurs qui, permettant une réintégration des salariés licenciés abusivement, était devenu le symbole aux yeux du patronat de la "rigidité" du marché du travail italien. Des incitations fiscales aux embauches en CDI ont par ailleurs été prévues.

Quatre recrutements sur dix en CDI

Dans son dernier rapport, l'Inps relève aussi que le nombre des contrats d'apprentissage a baissé de 9% et que celui des contrats à temps déterminé est resté stable (-0,5%). Plus significatif encore, pendant les premiers six mois de 2015, la variation nette entre la souscription de nouveaux contrats de travail et la rupture d'anciens a crû de 62,1% par rapport à la même période de l'année précédente.

Au total, en tenant compte des rapports de travail nouveaux comme transformés, le taux de recrutements en CDI (sur l'ensemble des embauches) est passé de 33,6% à 40,8% entre le premier semestre 2014 et la même période de 2015. De surcroît, 63,4% des recrutements s'est fait à temps plein, soit 1,1% de plus qu'entre janvier et juin 2014.

Renzi galvanisé

Renzi n'a évidemment pas manqué de se réjouir de ces chiffres.  "Les données diffusées par l'Inps affirment que nous sommes sur le bon chemin contre la précarité et le Jobs Acts est une occasion à ne pas rater, surtout pour notre génération", a affirmé le président du Conseil des ministres, cité par le quotidien Il Sole 24 Ore. Sur son compte Twitter, le chef du gouvernement s'est par ailleurs adressé sarcastiquement à ses détracteurs -en citant une célèbre chanson italienne (de Franco Califano) des années 70: "C'était quoi l'histoire du Jobs Act qui ferait croître la précarité? L'Italie repart, tout le reste n'est qu'ennui".

Jusqu'à présent, l'Institut national de statistique (Istat) de la péninsule avait toutefois appelé à la prudence sur le court terme, constatant que "aujourd'hui les effets du Jobs Act semblent surtout se manifester sur les stabilisations des contrats précaires", rappelle Il Sole 24 Ore. En juin, l'Italie enregistrait par ailleurs une augmentation de 0,3% par rapport à un an plus tôt du taux de chômage, qui s'établissait à 12,7%. Celui des jeunes atteignait même un record historique, de 44,2%.