Italie : Matteo Renzi sort affaibli des régionales

On votait dans sept régions, dimanche. Malgré le gain de la Campanie, le parti du Premier ministre a subi une lourde défaite en Ligurie. Tandis que la Ligue du Nord continue son ascension...
Sans sanctionner Matteo Renzi, les Italiens ont envoyé un message d'alerte à Matteo Renzi

Un premier coup d'arrêt pour Matteo Renzi. C'est ainsi que ce lundi 1er juin, la presse italienne décrivait le résultat des élections régionales qui se sont déroulées le dimanche 31 mai dans sept régions du pays.

Certes, le parti démocratique du Premier ministre l'a emporté dans cinq régions (où la première place était suffisante pour remporter la majorité) : Campanie, Toscane, Pouilles, Ombrie et Marches. Mais il a été incapable de percer en Vénétie et, surtout, il a perdu la région de Ligurie (autour de Gênes), ce qui a constitué un choc politique.

Très mauvaise surprise en Ligurie

Dans cette région, la candidate officielle du PD, Raffaele Paita, proche de Matteo Renzi, a été battue par le candidat de centre-droit, Giovanni Toti, par 27,84 % contre 34,44 % des suffrages exprimés.

Une lourde défaite, douloureuse dans une région à gauche depuis dix ans et généralement considérée comme un bastion du PD - et alors même que Giovanni Toti était un candidat considéré comme médiocre.

La Ligurie est une très mauvaise surprise pour Matteo Renzi parce qu'un dissident du PD, Luca Pastorino, s'était présenté contre Raffaele Paita, avec l'appui de la gauche radicale. Or, Luca Pastorino a obtenu 9,41 %... Preuve que le refus de la politique de Matteo Renzi par certains membres du PD peut faire perdre le PD. Très clairement, c'est un soufflet que les électeurs ligures ont infligé au Premier ministre.

Victoire en Campanie du centre-gauche

Cette défaite fait presque oublier la victoire nette du PD en Campanie, la région de Naples et Salerne, où le candidat du Premier ministre, Vicenzo de Luca, a obtenu 41,19 % des voix malgré la présence d'un candidat de la gauche radicale (2,2 %), et devant le centre-droit qui obtient 38,35 % des voix.

La Campanie est pourtant traditionnellement un bastion de droite et a donc changé de camp en faveur du PD. Partout ailleurs, la logique politique a été respectée : la gauche l'emporte en Toscane, en Ombrie, dans les Pouilles et dans les Marches avec plus de 40 % des voix, la droite en Vénétie avec plus de 50 %.

Mais l'impression de la défaite ligure est si forte que Matteo Renzi semble sortir perdant de ce scrutin. Vexé, il a d'ailleurs grimpé dans un avion pour visiter les soldats italiens présents en Afghanistan et ainsi éviter de commenter l'élection.

Le mouvement de Beppe Grillo résiste

La défaite est d'autant plus amère que ces élections confirment la résistance des oppositions les plus radicales à la politique du Premier ministre.

Le MouVement 5 Etoiles (M5S) eurosceptique de Beppe Grillo, que l'on disait sur le déclin, maintient ses positions. A l'exception de la Vénétie, il dépasse partout les 14 % et dépasse les 20 % dans deux régions (Ligurie et Marches), arrivant deuxième dans deux régions (Pouilles et Marches). Bref, sans renouveler les 25 % de 2013, le M5S s'est indéniablement inscrit durablement dans le paysage politique italien. Il semble disposer d'un électorat stable proche, selon les régions, de 15 % à 20 %, ce qui en fait un acteur majeur du jeu politique.

Emergence de la Ligue du Nord comme première force du centre-droit

Mais le fait du jour, c'est l'émergence de la Ligue du Nord comme première force du centre-droit. Sous l'impulsion de son leader Matteo Salvini, la Ligue du Nord a abandonné désormais ses fondements régionalistes pour adopter un programme assez similaire à celui du Front National en France. Matteo Salvini ne se cache pas, d'ailleurs, d'une proximité avec Marine Le Pen.

La Ligue a présenté des listes dans des régions où elle est très faible, au centre et au sud du pays. Et la greffe semble prendre, du moins au centre. Dans la Toscane de Matteo Renzi, la Ligue obtient 16,16 % au scrutin de liste. Un score immense pour la région.

Et le cas n'est pas isolé. Dans l'Ombrie voisine, le parti de Matteo Salvini obtient 14 % et dans les Marches 13 %. Dans le sud profond, en revanche, la Ligue du Nord peine encore à convaincre : absente en Campanie, elle réalise 2,3 % des voix dans les Pouilles.

Qui pour diriger la droite en 2017 ?

Au Nord, en revanche, la Ligue dépasse largement le parti de Silvio Berlusconi, Forza Italia (FI). En Ligurie, la Ligue obtient 20,25 % des voix, contre 12,66 % pour Forza Italia. En Vénétie, la Ligue du Nord dépasse de douze points Forza Italia...

Bref, si Matteo Salvini a encore beaucoup à faire pour s'imposer dans le Mezzogiorno, il bénéficie clairement d'une dynamique en sa faveur. Et, pire, on peut constater que là où la Ligue est forte (Ligurie, Vénétie), le centre-droit l'emporte.

La question va donc désormais se poser pour Silvio Berlusconi de savoir s'il accepte son rôle de deuxième couteau en acceptant de soutenir la candidature de Matteo Salvini en 2017 au Palazzo Chigi, le siège du gouvernement italien. Giovanni Toti, le berlusconiste vainqueur des élections ligures, a déjà reconnu que c'était possible.

Reste une question : FI et la Ligue divergent désormais sur des questions comme le maintien de l'euro ou le protectionnisme. Des questions fondamentales qui risquent in fine d'affaiblir un centre-droite encore divisé.

Commentaire 1
à écrit le 01/06/2015 à 22:10
Signaler
J'ai de la difficulté à comprendre : dans le nouveau Conseil régional de Ligurie, le Président élu - Giovanni Toti - sera représenté par 9 conseillers sur 30 . Ce n'est pas une majorité, ça . J'ai lu les pages Wikipedia sur le Conseil Régional, l'Ex...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.