L'Allemagne affiche une croissance robuste

Par Estelle Nguyen  |   |  725  mots
La vigueur de la croissance allemande a permis aux caisses publiques d'afficher un excédent budgétaire inédit depuis la Réunification en 1990, de 48,1 milliards d'euros au premier semestre 2018. (Crédits : © Fabrizio Bensch / Reuters)
Contrairement au reste de la zone euro, le PIB de la première puissance économique d’Europe a accéléré au printemps, confirmant son estimation préliminaire d’une croissance de 0,5% au deuxième trimestre et permettant de dégager un excédent budgétaire record sur la première moitié de l’année.

Tous les indicateurs de l'économie allemande sont au vert. Selon les chiffres publiés ce vendredi 24 août par Destatis, l'Allemagne a en effet enregistré une croissance solide au deuxième trimestre avec une progression de 0,5%, accélérant légèrement par rapport au premier trimestre (0,4%). En données non ajustées des effets calendaires (jours ouvrés et variations saisonnières), l'office fédéral allemand des statistiques précise que la croissance annuelle a atteint 2,3% après 1,4% sur les trois premiers mois de l'année.

Une performance qui contraste avec celle de la zone euro, qui a affiché une croissance de 0,3% au cours de cette période.

Cette vigueur a permis aux caisses publiques d'afficher un excédent budgétaire inédit depuis la Réunification en 1990, de 48,1 milliards d'euros au premier semestre 2018. Ce surplus des comptes publics représente 2,9% du PIB allemand, bien éloigné des critères de Maastricht, qui demandent aux Etats de respecter la fameuse barre des 3% de déficits publics. Dans le détail, l'Etat fédéral a signé le plus gros excédent à 19,5 milliards d'euros. Les Länder totalisent 13,1 milliards d'euros d'excédent budgétaire et les communes, 6,6 milliards d'euros.

Une croissance tirée par la demande intérieure

Tous les secteurs de l'économie allemande ont progressé au deuxième trimestre, laissant d'ailleurs penser que le pays sera assez robuste pour résister aux vents défavorables provoqués par les tensions commerciales. Selon les données de l'Office fédéral de la statistique, ce sont les dépenses publiques, l'investissement et la consommation privée qui ont particulièrement tiré la croissance d'avril à juin. Cette demande intérieure est effectivement en hausse de 0,9% par rapport aux trois premiers mois de l'année.

« A contre-courant des critiques récurrentes, l'économie allemande montre un modèle de croissance assez équilibré », commente Carsten Brzeski, économiste d'ING Diba, cité par l'AFP.

L'analyste appelle toutefois à la prudence car des éléments exceptionnels peuvent encore modifier la tendance. Dans le détail, les consommations finales des ménages et des administrations ont crû respectivement de 0,3% et 0,6%, alors que les investissements ont augmenté de 0,3% dans les machines et équipements et de 0,6% dans la construction.

Les exportations au ralenti

En revanche, le commerce extérieur a eu un effet négatif sur la croissance, les exportations de biens et services, moteur traditionnel de l'économie allemande, n'ayant qu'augmenté que de 0,7%, alors que les importations ont grimpé de 1,7%.

« On assiste à une normalisation par rapport à 2017, où les exportations allemandes sont été tirées à la hausse par le boom économique mondial », analyse Simon Junker, expert de l'Institut allemand pour la recherche économique à Berlin (DIW).

Fin 2017, le commerce extérieur avait en effet stimulé la croissance économique du pays, les exportations ayant même été le seul moteur de la progression pour la période d'octobre à décembre 2017. L'Office fédéral de la statistique avait alors indiqué que les exportations avaient augmenté de 2,7% sur le dernier trimestre 2017 et que les importations avaient progressé de 2,0% pour cette période.

Lire aussi : Allemagne : le commerce extérieur soutient la croissance, le PIB à 2,3%

L'Allemagne critiquée

L'office des statistiques ajoute dans son rapport que cette bonne santé peut s'expliquer également par « la politique de dépenses modérée » du pays. Concernant les prévisions, la Bundesbank avait abaissé considérablement en juin son objectif de croissance pour l'Allemagne cette année, à 2,0% contre 2,5% auparavant. Le Fonds monétaire international (FMI) s'était également montré plus prudent, ne tablant plus que sur 2,2% de hausse du PIB pour 2018. A titre de comparaison, le PIB français devrait se situer autour de 1,8% cette année.

L'Allemagne, qui a retrouvé l'équilibre de ses comptes publics depuis 2014, est régulièrement critiquée par ses partenaires commerciaux, comme la France et les Etats-Unis, pour son manque d'investissements. Pourtant, la première économie européenne est parvenue à se distinguer au sein de la zone euro, avec une croissance solide au deuxième trimestre, alors que celle de l'Hexagone est resté à 0,2%, comme au premier trimestre.

Sur les marchés, l'indice vedette de la Bourse de Francfort évoluait en hausse ce vendredi 24 août, en prenant 0,23% environ à 12.394 points, les investisseurs étant un peu plus focalisés par le feuilleton commercial sino-américain que par les résultats solides de la croissance allemande.