La zone euro pas loin... d'une récession au dernier trimestre 2023, estime le vice-président de la BCE

Par latribune.fr  |   |  742  mots
Selon le vice-président de la BCE ce mercredi, « les données disponibles indiquent que l'avenir reste incertain » pour la zone euro et ses « perspectives sont orientées à la baisse ». (Crédits : YIANNIS KOURTOGLOU)
D'après le vice-président de la Banque centrale européenne, la zone euro pourrait avoir connu une « récession technique » au dernier trimestre de 2023. Le haut cadre a par ailleurs mis en garde contre des perspectives économiques moroses durant cette nouvelle année.

A cause du ralentissement de l'économie, la zone euro n'est pas loin d'avoir frôlé une « récession technique » au deuxième semestre de l'année dernière. C'est la conclusion tirée ce mercredi par un haut responsable de la Banque centrale européenne (BCE). Ce dernier met aussi en garde contre les perspectives moroses à venir.

« Des indicateurs faibles indiquent une contraction de l'économie en décembre, confirmant la possibilité d'une récession technique au second semestre 2023 et de faibles perspectives à court terme », a ainsi déclaré Luis de Guindos, vice-président de la BCE, lors d'un discours ce mercredi en Espagne, lors de la 14e édition de la « Journée des investisseurs espagnols ».

Pour rappel, une récession technique se définit par deux trimestres d'affilée de recul du PIB. Le PIB des 20 pays de la zone euro a déjà reculé de 0,1% de juillet à septembre, selon le haut fonctionnaire. Une contraction de l'activité au quatrième trimestre 2023 est donc probable.

Avenir incertain

Pour la croissance, « les données disponibles indiquent que l'avenir reste incertain et que les perspectives sont orientées à la baisse », a ajouté le vice-président de la BCE, lors de son allocution. Par ailleurs, « les pressions salariales élevées, l'issue des négociations salariales à venir et l'intensification des tensions géopolitiques ajoutent à l'incertitude quant à la trajectoire future de l'inflation », précise Luis de Guindos.

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Sur le sujet de l'inflation, la trajectoire de baisse constatée depuis plusieurs mois va se poursuivre, mais moins vite, estime le haut cadre. « Le rythme rapide de désinflation (...) devrait ralentir en 2024 », selon lui.

La Banque de France sur la même longueur d'onde

Un point de vue partagé par François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France et membre du conseil des gouverneurs de la BCE. Lors de ses vœux hier, il a estimé que la BCE devrait bien commencer à baisser ses taux d'intérêt en 2024, mais sans « obstination ni précipitation ».

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Et le haut fonctionnaire de rappeler que le resserrement monétaire opéré à marche forcée par la BCE depuis l'été 2022, jusqu'à la pause décidée l'automne dernier, avait permis de faire refluer l'inflation. Mais, à la différence de l'analyse du vice-président de la BCE, François Villeroy de Galhau estime que cette politique n'a pas provoqué de récession malgré une croissance ralentie.

Pour rappel, l'institution de Francfort a opéré un resserrement de sa politique monétaire depuis juillet 2022, avec plusieurs hausses successives de son taux directeur. Actuellement, son taux de dépôt, qui fait référence, est désormais à 4%, son niveau le plus haut depuis le lancement de la monnaie unique en 1999.

L'inflation pas encore vaincue en zone euro

L'inflation en zone euro a chuté rapidement pendant la majeure partie de 2023, passant de 8,6% pour s'établir à 2,9% en décembre. Un taux légèrement au-dessus des 2,4% enregistré en novembre, principalement en raison d'effets statistiques liés à l'expiration de mesures prises pour compenser l'envolée des prix de l'énergie. Pour rappel, en octobre 2022, son taux était supérieur à 10 %.

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Parmi les économies européennes qui peinent à remonter la pente, l'Allemagne a vu son inflation remonter à 3,7% sur un an en décembre dernier, après 3,2% en novembre. Le pays est actuellement pénalisé par la flambée des prix énergétiques, les hausses des taux d'intérêts mais aussi l'affaiblissement d'importants marchés à l'exportation, Chine en tête.

Hors de l'Allemagne, l'inflation a aussi légèrement repris en France en décembre, à 3,7% sur un an, à cause de l'accélération des prix de l'énergie et des services. Ces données confortent le discours prudent de la BCE, qui a, jusqu'à présent, évité de crier victoire trop tôt dans sa lutte pour ramener l'inflation à son objectif de 2% en zone euro.

En revanche, certains pays de la zone euro tirent leur épingle du jeu. À commencer par le Portugal qui a vu son inflation diminuer en décembre. Mieux : le pays est parvenu à la faire redescendre sous la barre des 2%. Elle se situait, en effet, à 1,8% sur un an le mois dernier, contre 2,2% en novembre.

(Avec AFP)